Rédemption (Colocataires tome 2!)

Déception

La situation n'aurait pas pu être pire.

Zack m'a jetée.

Et je suis enfermée dans ce manoir de l'enfer.

Cela fait plus ou moins deux semaines que je suis ici, seule dans une chambre, à ne rien faire d'autre que lire des vieux livres et des actus alarmantes. Comme je le pensais, la nouvelle de l'évasion de Zack et de ma disparition s'est vite répandue. Je ne peux plus retourner chez moi sans finir assaillie de questions. Arrêtée, qui sait ?

Ici, il n'y a que très peu de choses intéressantes à faire quand on est seule. À vrai dire, à part lire de vieux livres d'histoire ou de science erronés et parfois un peu sexistes ou racistes, il n'y a rien.

Zack n'a même pas cherché une seule fois à rentrer en contact avec moi. Il ne se soucie pas de savoir comment je vais, et refuse que j'entre dans sa chambre pour connaître son état de santé. Alors je reste de mon côté.

Depuis la partie de chasse, je n'adresse plus la parole à personne. Malgré les tentatives de certains. Comment oublier qu'ils sont tous complètement fous ?...

Le pire il me semble, c'est Archibald. Je ne suis pas sûre qu'il soit au courant que je l'ai entendu menacer de me tuer. Quoi qu'il en soit, il agit comme si ce n'était pas le cas. Il me propose de venir prendre le thé avec les autres, alors qu'il y a encore deux semaines, il faisait mumuse avec une tronçonneuse dans les bois, pourchassant celui qui encore à ce moment là était mon petit ami.

D'abord, qui donne un nom de femme à une tronçonneuse ??!! Il faut être vraiment quelqu'un de dérangé pour faire ça... Avec ses grands airs et son foutu sourire...

Il doit bien se rendre compte que je ne l'apprécie pas, pourtant, il revient à la charge. Quel être borné et égocentrique...

Les autres sont pareils de toute façon.

Le duo morveuse glauque et géant flippant n'est pas mal non plus. Parfois, je vis, et puis ces deux là arrivent dans ma chambre comme si de rien était, et me proposent de jouer aux cartes. Et impossible de les voir partir avant d'avoir joué à ces foutus cartes. S'en suivent de longues parties ou la petite essaye de meubler une conversation, et le grand lui marmonne des réponses inaudibles.

Mais heureusement, leur présence n'est pas éternelle. Il finissent toujours par partir, me laissant le loisir de me plonger dans la bibliothèque de ma chambre, aux livres tous plus dépassés les uns que les autres.

Et entre deux chapitres de "L'étiquette à l'anglaise pour une jeune femme de bonne société.", miss Penelope m'aportait mon repas. Il n'y avait qu'elle que je pouvais supporter. Déjà parce qu'elle n'essayait pas de me faire la conversation, puisque de toute évidence, elle était muette. Puis parce qu'il semblait qu'elle était là seule personne à ne pas tuer ici. Je ne comprenais pas son rôle par conséquent, mais ce fait me rassurait.

Et la cuisine, même si cela faisait très mal de l'admettre, était vraiment bonne ici, alors sa venue était associée à une sensation agréable.

Mais cette fois ci, elle apporta en plus de mon repas une lettre.

“C'est de la part de M. Abraham. Ouvrez la de toute urgence.” m'avait-elle écrit en réponse à l'interrogation sûrement présente sur mon visage.

Puis elle partit, me laissant seule avec mon plateau.

Ce midi, peut importe qui était le chef, j'avais envie de l'adorer. Il s'était surpassé. J'avais droit à des ailes de poulet panées accompagnées de frites maisons, salade, coleslaw, riz au haricots rouges, et haricots verts cuits avec la marinade du poulet. Et de la tarte aux pommes. Faite maison. Sans parler des différentes sauces du poulet, qui, elles aussi, semblaient faites maisons.