Chapitre 1 - À ce soir...

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Mardi 12 Novembre 2019

Un camion poubelle ? Un train ? Un réveil ? Et non, ce n'est rien de tout ça qui me sort du sommeil en ce matin de congé. Le bruit assourdissant qui me vrille les oreilles n'est autre qu'un appareil électroménager. Je me lève du lit, le cerveau encore un peu embrumé, et traîne les pieds jusqu'à la cuisine. Instantanément, je me dirige vers la silhouette qui me tourne le dos, et mes bras se glissent autour de sa taille. Son parfum m'emplit aussitôt les narines et j'en oublie presque le grondement ambiant. Il se retourne face à moi et un tendre baiser s'échoue sur mes lèvres.

— Bonjour mon amour. Si tu n'es plus au lit, j'en déduis que je t'ai réveillé...

— Pas vraiment toi. Elle.

— Désolé, j'avais pourtant fermé les portes. J'espérais que ça suffirait pour couvrir le vacarme. Notre cafetière faisait encore des siennes, j'ai dû ressortir celle de secours.

— Il serait vraiment temps d'en acheter une neuve, on n'arrête pas de la réparer...

— Oui, je ferai en sorte qu'on en ait une dès demain matin.

— Je vais aller en chercher une, je suis de repos, je peux bien faire ça.

— "Je" m'en occupe. Toi tu profites de ta journée pour te relaxer. Tu travailles dur, prends du temps pour toi. Tu n'auras qu'une chose à faire aujourd'hui.

— Oui, me poser, j'ai compris. Je te laisserais te charger de la cafetière si tu y tiens.

— J'y tiens. Mais c'est pas de ça que je parlais. Tu vas devoir choisir une tenue, ce soir, on sort dîner. Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas fait une soirée dehors.

— Et, où va-t-on ?

— Tu verras bien.

— C'est un nouveau resto ou un qu'on n'a déjà fait ?

— Tu sauras au moment venu. Allez, j'avale mon café, il faut que j'aille bosser.

— Tu es ton propre patron, tu peux t'offrir le luxe d'être un peu en retard. Et puis comme je suis réveillé... on pourrait se recoucher une petite demi-heure...

—L'idée est vraiment tentante, mais je ne peux pas aujourd'hui. J'ai rendez-vous avec des clients pour un gros projet et s'ils me choisissent pour être leur architecte, ce serait très bon pour mon agence. De plus, ce serait le plus important que j'ai jamais mené.

— Je suis sûr que tu l'auras.

— Ne pas être en retard pourrait grandement m'y aider.

— Entendu, je te laisse partir, dis-je en m'écartant à contrecœur.

Il s'empare de sa tasse et l'engloutit en deux, trois lampées.

— Promis ce soir, je me rattrape, je serais tout à toi. Bonne journée mon amour.

Il prend le temps de m'embrasser comme à son habitude, et file vers la sortie.

— Bonne journée à toi aussi, chéri. Tu vas tout déchirer.

Le claquement de la porte d'entrée me répond.

— Bon bien, vu que je suis debout, je vais me servir un café. Dis-je pour moi-même.

Je me saisis de ma tasse et, verseuse en main, laisse couler le liquide fumant, jusqu'à la moitié. Dans le placard devant moi, j'attrape un sucre. Puis dans le tiroir en dessous, une cuillère. Contrairement à mon homme, le café pur, très peu pour moi.

Bon, maintenant, qu'est-ce que je vais pouvoir faire aujourd'hui... un brin de ménage, une petite séance de sport ? Mon corps et la maison en auraient bien besoin. Mon chéri me dirait que ce n'est pas vraiment "se reposer", mais je vais compenser avec un temps relaxant sur le canapé.

Et s'il y avait un après ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant