𝐃𝐞𝐯𝐢𝐥 𝐌𝐢𝐠𝐡𝐭 𝐂𝐫𝐲, 𝗒𝖺𝗆𝖺𝗀𝗎𝖼𝗁𝗂 𝗍𝖺𝖽𝖺𝗌𝗁𝗂

𝗗𝗠𝗖 ━ cinquième

𝐃𝐄𝐕𝐈𝐋 𝐌𝐈𝐆𝐇𝐓 𝐂𝐑𝐘 ☁︎
tw : pensées suicidaires!!

ÂGE, 17 ANS.

- Vous comprenez rien, vous essayez même pas de m'écouter ; je vous déteste ! hurla une voix féminine dans la petite maison des Nagaze.

Une porte claqua violemment et tout devint silencieux. Dans la petite chambre de Haiko, seul ses pleurs étouffés par sa main et ses reniflements étaient audibles. Les larmes coulaient à flot sur son visage, sa respiration était saccadée, son corps se mouvait en secousses alors qu'elle glissait contre sa porte. Ses forces semblaient l'avoir abandonnées. Elle n'arrivait à faire rien d'autre que pleurer et essayer de reprendre sa respiration, ce qui secouait son corps maladroitement à chaque tentative.

Elle s'était encore disputée avec ses parents. Tout était toujours à propos d'elle dans cette maison, comme si elle était la cause de tous leurs malheurs. À table on ne parlait que de ses notes, de ses absences en cours, de ses fréquentations, de son futur, de comment elle allait tourner. Les parents n'avaient-ils jamais eu d'enfance ? N'avaient-ils jamais désobéi, fait des erreurs ou des bêtises ? Pour Haiko, il lui semblait que ses parents avaient été le cliché parfait de l'enfant model. Ils lui racontaient toujours à quel point eux, à son âge, ils étaient polis, ils réussissaient à l'école, à quel point, à leur époque, on ne sortait pas autant le soir, on ne fumait pas, on ne buvait pas.

Ils ne cessaient de ramener tout à comment cela se passait il y'a trente ans de cela, lorsque eux étaient étudiants. Haiko, elle était l'inverse de ses parents. Elle était une ratée à l'école, n'était pas spécialement polie, ne traînait pas avec des gens "fréquentables", elle sortait souvent le soir, elle fumait, elle buvait. En somme, elle n'était rien de plus qu'un déchet pour ses géniteurs. Elle était à des années lumières d'eux, et ça se voyait.

Alors qu'elle essayait de se calmer et d'empêcher ses larmes de couler, toujours appuyée sur la porte tel un cadavre, son téléphone sonna. Il s'alluma, dévoilant son fond d'écran : elle et ses deux amis d'enfance. Un message pour seul notification, celui d'un certain "Yams =)" comme le nom du contact l'indiquait. Elle attrapa son cellulaire, le déverrouilla et ouvrit le message.

"comment tu vas ? <3"

C'était juste ça. Elle aimait beaucoup Yamaguchi, il avait toujours été là pour elle et ne lui avait jamais tourné le dos. Elle savait qu'elle n'avait pas toujours été très correcte avec lui, mais c'était plus fort qu'elle. Elle foirait toujours tout. Dès qu'il était un peu gentil avec elle et qu'il s'inquiétait elle était obligée de l'envoyer bouler en était froide et méchante. Haiko adorait son ami, mais elle n'arrivait pas à le montrer correctement. La brune détruisait tout ce qui l'approchait. Tout ce qui entrait en contact avec elle : elle le rejetait. Si personne ne l'appréciait réellement, si elle était si nulle en tout, c'était uniquement de sa faute. Elle avait beau faire des efforts, elle n'arrivait pas à garder une relation stable avec quelqu'un sans blesser la personne. Peut-être vaudrait-il mieux qu'elle s'écarte de tout le monde afin de ne plus les blesser sans arrêt.

"ça va."

Ce fut tout ce qu'elle répondit.

De son côté, Yamaguchi cherchait quoi taper de plus. "est-ce que j'ai fait quelque chose ?", " est-ce que t'es en colère contre moi ? ", il ne savait pas quoi écrire, effaçant tout ce qu'il s'apprêtait à envoyer. Il se laissa tomber sur son lit, sa tête frappant le cousin moelleux, son buste se fondant dans les draps blancs. Il serra son téléphone contre son cœur, fixant son plafond comme si les tâches sur ce dernier étaient la chose la plus intéressante au monde.

Tout un tas de pensées lui virent en même temps, donnant un mal de crâne insupportable au jeune homme. "Elle me déteste. Qu'est-ce que j'ai fait ? Je suis rien du tout. Je devrais mourir. Je suis stupide. Je suis inutile. C'est la fin, elle va arrêter de me parler. Je ne sert à rien. Je suis personne pour elle. Je me déteste. C'est de ma faute. Elle ne t'aime pas, personne ne t'aime. Monstre.". Les pensées ne voulaient pas s'arrêter d'affluer dans le crâne de Yamaguchi. Il aurait aimer arrêter de réfléchir pour toujours.

Il alluma son téléphone pour regarder encore une fois la conversation et marqua :

"tu fais quoi ?"

La réponse ne tarda pas à arriver.

"je pleure.
mes parents m'ont encore engueulé"

"mince...
à propos de quoi ?"

"tout
y'a jamais rien qui leur convient de toute façon
ils trouvent toujours une nouvelle raison de gueuler
comme si c'était toujours ma faute
ils ont déjà été jeunes dans leur vie ?
est-ce qu'ils savent ce que s'est s'amuser ?"

"tu sais, parfois ils n'ont pas totalement tort
enfin
pour ce qui est de la cigarette surtout
et des gens avec qui tu restes
enfin c'est ton choix, j'ai pas vraiment le droit de dire quoi que ce soit"

"toi aussi t'es décidé à me saouler ce soir ?
c'est pour ça que t'es venu me parler ?
c'est bon j'en peux plus
vous êtes tous contre moi"

vous avez bloqué ce numéro

"mais non haiko !
c'est pas ça"
votre message n'a pas pu être distribué.

Elle l'avait bloqué. Sur tous les réseaux, partout. Elle ne comptait pas lui reparler d'ailleurs. Il fallait qu'elle s'éloigne d'eux, de lui. C'était la dernière fois qu'elle lui faisait du mal.