𝗗𝗠𝗖 ━ quatrième

32 7 0
                                    

𝐃𝐄𝐕𝐈𝐋 𝐌𝐈𝐆𝐇𝐓 𝐂𝐑𝐘 ☁︎
ÂGE, 17 ANS.

Aujourd'hui, Haiko répondait présente à l'appel en classe. Le professeur n'avait même plus l'air de se soucier de si elle était absente ou non. La jeune fille se balançait sur sa chaise, parlant avec un de ses camarades sans grand intérêt pour le cours. Yamaguchi l'observait de loin, assit à son siège. Elle ne souriait pas plus que ça, mais ce qui interpelait grandement le vert c'était les gros cercles violets de fatigue sous ses yeux et les petites cernes prouvant que ses nuits étaient des plus courtes. Elle devait avoir trois heures de sommeil en tout pour paraître si fatiguée. Peut-être ne dormait elle simplement pas.

Yamaguchi se rappelait d'une nuit chez Haiko. Ils devaient avoir pas moins de huit ans et le petit trio était réuni pour une soirée pyjama chez la brune. Ils s'étaient amusés toute la soirée et il était maintenant l'heure de dormir pour les trois enfants. Allongés sur leurs matelas au sol, une petite couverture recouvrant leurs corps frêles, les trois amis étaient plongés dans le noir de la chambre. Aucun n'était encore profondément plongé dans les bras de Morphée. Le silence dans la petite maison aurait pû durer toute la nuit si des cris n'avaient pas commencé à retentir.

La jeune fille s'enfonça un peu plus dans ses draps, souhaitant disparaitre au fond d'un trou. Le bruit attira l'attention des deux garçons qui ne firent pourtant pas de commentaires, se contentant d'écouter d'une oreille attentive. La voix de la mère de la métissée se fit entendre, rapidement suivie de celle plus grave de son père. Ils s'hurlaient dessus, en oubliant les trois petites têtes à l'étage de la maison qui entendaient tout. Des insultes s'immiscèrent dans la bataille orale se déroulant dans le salon, ces dernières firent grincer des dents le plus jeune. Ce qui se disait en bas n'était pas joli à entendre pour des enfants de leur âge ; ils étaient trop jeunes pour assister à une telle dispute.

Les voix s'élevaient de plus en plus, les murs semblaient trembler au moindre déplacement. Puis, soudainement, on entendit plus rien. Un calme morbide était revenu on-ne-sait-comment. Le trio resta allongé dans le noir sans bouger, raides et muets comme de tombes ; à l'affût du moindre bruit. Ils écoutaient attentivement les bruits nocturne de la maisonnette : le craquement du bois, le bruit du vent tapant contre la fenêtre, les respirations, les chuchotements. C'était plus fort qu'eux, même s'ils essayaient de se concentrer sur autre chose tous les sons étaient plus fort à leurs oreilles. C'en était obsessionnel et ça les empêchaient de trouver décemment le sommeil, la peur de chaques grincements les prenant.

On entendit des bruits de pas lourds et pressés monter les escaliers, les murs tremblant parfois lorsqu'un poids était plaqué dessus, des bruits de bouches qui, dans une autre situation, auraient arraché des rires et une mine dégoûtée aux trois enfants, et des respirations saccadées. Yamaguchi ouvra la bouche pour parler mais rien ne vint, ils savaient, ils avaient tous compris.

Des perles salées roulèrent en silence comme un secret sur les joues de la jeune fille. Elle essaya de se cacher sous ses couvertures du mieux qu'elle put, honteuse, elle aurait aimé se fondre avec le matelas. Elle renifla bruyamment, le vert avala durement sa salive et le blond jouait avec les branches de ses lunettes en se mordant l'intérieur des joues pour éviter de pleurer à son tour.

La nuit passa lentement, c'était la plus longue de toute leur vie. Ils avaient beau fermer les yeux avec toute l'envie du monde de voir passer le marchand de sable près d'eux, rien n'arriva. Les trois amis ne dormirent pas de la nuit, ils ne pouvaient pas. Même lorsque les adultes avaient fini leurs ébats assourdissant, aucun ne pu trouver le sommeil ; trop effrayé du moindre bruit.

Cette nuit là ils n'avaient pas dormi, et Yamaguchi se demandait si un autre événement comme celui-ci était arrivé une seconde fois à son amie. Peut-être était-ce pour cela qu'elle semblait si éreintée.

𝐃𝐞𝐯𝐢𝐥 𝐌𝐢𝐠𝐡𝐭 𝐂𝐫𝐲, 𝗒𝖺𝗆𝖺𝗀𝗎𝖼𝗁𝗂 𝗍𝖺𝖽𝖺𝗌𝗁𝗂Où les histoires vivent. Découvrez maintenant