𝗗𝗠𝗖 ━ sixième

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𝐃𝐄𝐕𝐈𝐋 𝐌𝐈𝐆𝐇𝐓 𝐂𝐑𝐘 ☁︎
tw : addiction !!
  
ÂGE, 27 ANS.

Les choses sont telles qu'elles sont, et dans la vie de Haiko Nagaze, elles sont telles qu'après un simple message à un de ses amis, elle ne lui a plus reparlé depuis dix ans. C'est long dix ans, en dix ans elle et lui ont eu le temps de se reconstruire une vie chacun de leur côté, ils ont apprit à vivre l'un sans l'autre. Enfin c'est ce que Haiko pensait arriver à faire, mais au lieu de ça, elle repensait à lui et à leurs jeunes années tous les jours. Et lorsqu'elle avait la chance de les oublier pour une journée, les souvenirs revenaient de plus belle le lendemain. Il lui manquait, Yamaguchi, et pourtant elle était toujours convaincue que la décision qu'elle avait prise était la meilleure. Arrêter les souffrances qu'elle causait à son ami en s'éloignant de lui avait été sa meilleure idée. Malgré ça, elle restait en contact avec Tsukishima, bien que le grand blond et elle s'étaient aussi bien éloignés. Leur petit trio avait volé en éclats un soir dont elle ne pouvait plus se rappeler la date, l'année de leurs dix-sept ans.

En parallèle de ça, elle avait continuer de traîner avec ses contacts du lycée, et ce encore aujourd'hui. Du haut de ses vingt-sept ans, elle et ses amis qui en avaient tantôt vingt-quatre tantôt trente étaient une bande de fêtards drogués en toute occasion, vidant les bouteilles à toute allure et fumant cigarettes sur cigarettes. Ils n'avaient pas changé leur mode de fonctionnement depuis le lycée et la jeune femme en était peu fière. Elle savait qu'elle aurait dû savoir se détacher de tout ça une fois entrée dans le monde adulte, trouver un travail stable et peut-être même se poser dans une relation sur le long terme. C'était plus fort qu'elle, chassez les bonnes vieilles habitudes et elles reviennent au galop. S'amuser, être totalement déchirée et souffrir d'un mal de crâne indécent tous les matins, c'était ce qui l'animait. Ca la faisait lâcher prise, elle avait enfin l'impression de déconnecter avec toute réalité, de pouvoir choisir son état ; elle avait l'impression de contrôler. La vérité, c'est qu'elle contrôlait rien du tout. On contrôle pas une addiction, et on remonte pas la pente entouré des personnes ayant la même addiction. C'est pire, ils vous enfoncent parce que, eux aussi, ils pensent gérer.

Alors elle enchaînait les soirées, pendant que son ancien ami était peut-être cadre en entreprise à l'autre bout du pays ; ça la faisait sourire de l'imaginer en costard. Quelle déception pour ses parents, ils avaient bien eu raison de s'inquiété au lycée. Pourtant ce n'était pas de sa faute à elle, on est pas le coupable d'une addiction, on en est la victime. Elle était victime de son mal sans même s'en rendre compte. 

Haiko était affalée sur son canapé, dans son salon en bordel ; à quoi bon ranger, elle n'y était jamais. Elle enchaînait les petits boulots la journée afin de toucher le maigre salaire qui lui permettait de payer le loyer de ce minuscule une pièce dans lequel elle logeait. Aujourd'hui c'était jour de fête, personne n'avait besoin de ses services. Elle était donc allongée sur son sofa, scrollant parmi les différentes publications de son fil d'actualité sur les réseaux sociaux. Soudain, son téléphone sonna. Bizarre, elle n'attendait pas d'appel et personne ne l'appelait vraiment d'habitude. Le nom affiché à l'écran la fit tiquer, s'il l'appelait s'était bien qu'il devait y avoir un soucis. 

- Allô, Tsukishima ? 

- Oui, Nagaze ? Tu vas bien ?

- Ca va, mais toi t'es sûr que tu vas bien ? T'as la voix toute tremblante. 

- Hum je... Je sais pas pourquoi j'te dis ça à toi mais je me disais que tu devais savoir au cas ou...

- Bah quoi ? Accouche on dirait que tu vas m'annoncer qu't'es amoureux d'moi

- C'est Yamagucchi il... Il est dans le coma, une voiture l'a percuté. 

La pièce fut alors silencieuse, on n'entendait même pas la respiration de Tsukishima à travers le combiné. Un froid glacial fut jeté dans l'appartement et un frisson d'horreur se glissa sous la peau de la jeune femme. Son souffle se coupa et d'un geste lent, elle raccrocha, laissant tomber son téléphone au sol dans un bruit sourd que ses voisins devaient avoir entendu. Son cerveau avait l'air dans le brouillard, ses pensées se bousculant par centaines créaient dans sa tête une cacophonie sans nom. Elle avait envie de hurler pour faire disparaître cette boule intrusive de sa gorge. Elle ne fit rien ; elle ne put rien faire. Ses pensées : l'impression de s'y perdre. Le bip incessant de son cellulaire : l'impression qu'il la rendait sourde. La lumière pendue au plafond : l'impression qu'elle la rendait aveugle. Ce canapé : l'impression d'y mourir. Ca revenait, ces émotion incontrôlables qu'elle haïssait tant, et prendre la drogue la plus dure pour les arrêter, il n'y avait que ça de vrai. Mais elle n'en avait pas la force. 

Après combien de temps sans bouger est-ce qu'elle était enfin tombée dans les bras de Morphée ? On n'en savait rien. Par contre si on savait quelque chose, c'était bien l'heure du décès. Sept heures dix-sept ; le médecin légiste était clair. 

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 23, 2022 ⏰

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𝐃𝐞𝐯𝐢𝐥 𝐌𝐢𝐠𝐡𝐭 𝐂𝐫𝐲, 𝗒𝖺𝗆𝖺𝗀𝗎𝖼𝗁𝗂 𝗍𝖺𝖽𝖺𝗌𝗁𝗂Où les histoires vivent. Découvrez maintenant