CrY FoR HelP

Chapitre 7

Le lendemain, les cheveux plus bleus que jamais, la coiffure restructurée, j'arrive guillerette au lycée au volant de ma nouvelle voiture. Aussitôt sortie de mon pick-up, assez fière je dois l'admettre, j'avance au milieu du parking, et des regards de mes camarades.

— Trop bizarre..., me lance un type.

— Quoi ? lui réponds-je.

C'est vrai quoi ! J'en ai marre qu'on me regarde comme une extraterrestre depuis quatre jours !

— Comme si tu ne lui ressemblais pas assez, reprend le type, tu rappliques maintenant avec sa voiture !

Je sens que je m'énerve, il faut que je trouve Alex, et tout de suite !

Il y a intérêt pour lui que ce type parle de ma ressemblance avec Natalie Portman, parce que s'il s'avère que cette voiture a appartenu à Doria Miller...

— Alex !

Les autres lycéens se trouvant dans le couloir se retournent tous, mais je m'en fous tant que le principal intéressé se reconnaît. Et c'est le cas.

— Alex ! Faut qu'on parle !

Il ferme son casier, l'air penaud.

— Salut...

— À qui appartenait la voiture ?

— La Dodge ?

— Peut-être, je ne sais plus la marque... La voiture que je t'ai achetée !

— J'ai essayé de te le dire avant que tu la prennes, mais tu voulais à tout prix l'essayer...

— Non mais tu te fous de moi ?! Donc cette voiture appartenait bien à Doria Miller ?

— Non, pas vraiment...

— Comment ça pas vraiment ? Elle lui appartenait, oui ou non ?

— Non.

Je sens un début de soulagement.

— Elle appartenait à Natalie Portman ?

— À Natalie Portman ? Pourquoi est-ce qu'elle aurait appartenu à Natalie Portman ?

Je m'en doutais... Fumier !

— Alors elle appartenait à Doria, dis-le ! Avoue-le !

— Elle roulait avec, en effet... Mais elle appartenait à son père.

— Je vais te tuer !

Ce con se sauve.

— Reviens ! Alex, reviens !

Tout le monde me regarde, dont le directeur qui sort de son bureau.

— Alice ? Pouvez-vous venir me voir s'il vous plaît ?

— J'essaierai de passer dans la journée, monsieur le directeur.

— Dans mon bureau, tout de suite !

Je m'installe au même endroit que lundi dernier.

— Ça ne fait que quatre jours que vous êtes parmi nous, et vous vous faites déjà remarquer.

— Je peux peut-être vous expliquer...

— Allez-y, je vous écoute.

— C'est Alex, vous voyez de qui je parle ?

— Alex Godson, celui contre qui vous hurliez...

— Godson ? Euh oui, ça doit être ça. Je lui ai acheté une voiture, hier !

— À son père, j'imagine, intervient le directeur.

— Oui, à son père, mais c'est Alex qui me l'a fait essayer.

— D'accord.

— Eh bien, figurez-vous que ce petit...

Mieux vaut que je ne dise pas ce que je pense.

— ...Eh bien, il m'a vendu l'ancienne voiture de Doria Miller !

Le directeur ouvre de grands yeux.

— Ah oui... c'est en effet d'assez mauvais goût.

— Plutôt ! Ça fait bientôt une semaine que tout le monde me dévisage à cause de ma ressemblance avec cette fille et il ne trouve pas mieux que de me vendre sa voiture !

— Oui, j'ai compris, Alice. Et je peux en effet imaginer votre désarroi dans cette histoire. Toujours est-il que l'on ne doit pas hurler dans les couloirs de l'établissement. D'autant plus lorsqu'il s'agit de sujets externes au lycée.

— Mais...

— Vous bénéficiez d'un délai de rétractation, vous n'avez qu'à retourner voir monsieur Godson et choisir un autre véhicule.

— Mais je l'aime, cette voiture...

Il souffle ! Dis-moi que je te gonfle pendant que tu y es !

— Alors ce n'est plus de mon ressort, Alice. Considérez notre entrevue comme un premier et dernier avertissement.

Je n'ai pas tout compris, mais je me lève et sors du bureau. La sonnerie retentit, je rejoins alors le cours de sciences.

Oh tiens ! Alex, tel un élève studieux, est déjà installé sur sa chaise.

— Alice ? s'exclame-t-il.

Je le dépasse sans le regarder et m'installe à ma place, derrière lui. Il faut que je trouve un moyen d'échanger de table avec quelqu'un !

— Alice, pour la voiture, tu veux que je voie avec mon père pour t'en trouver une autre ?

— Non.

— Tu la gardes ?

— Oui et lâche-moi.

— J'ai essayé de te le dire, sur le moment...

— Mais tu vas la fermer ?

— Alice ! crie le professeur de sciences.

— Oui monsieur Marthey ?

— J'ai eu vent de votre arrivée extravagante ce matin, j'aimerais ne pas avoir à vous renvoyer chez le directeur.

— Oui monsieur Marthey.

Le cours débute, Alex m'envoie un papier, je le déplie et le lis :

« J'ai un truc à te montrer. »

Je ne réponds pas. Au bout d'un moment, il finit par se retourner et me fait les gros yeux. Je fais mine de ne pas le voir et il est obligé de se remettre face au prof afin de ne pas se faire attraper. Mais ma tranquillité ne dure pas, il me renvoie un autre papier. Je m'apprête à le déchirer, mais celui-ci n'est pas plié et je distingue la fin du mot. Je m'arrête donc dans mon élan, mets ma fierté de côté et lis :

« C'est sérieux, il faut vraiment que je te montre un truc, ça concerne Doria Miller. »