The wire

Lucas

Le 29 septembre.

Cette satanée date.

Vous vous demandez sûrement de quoi je parle... 

Je vous parle de la date à laquelle tout le lycée sans exception a été convoqué dans l'auditorium pour que le directeur nous annonce le décès de ce type. Bradley ? Brandon ? Bart ? B quelque chose... 

Encore un nom de branleur dont on se fiche éperdument parce qu'il disparaîtra de notre mémoire dans un an ou deux. 

On est éternel que dans l'esprit des gens pour qui on compte réellement et ensuite, on disparaît. Comme si notre existence n'avait été qu'une mince virgule dans un roman, un point dans une ligne, un grin de sable dans un désert ou encore une goutte dans un océan. On est invisible dans la masse.

Je déteste l'école pour une raison : les élèves.

Bon d'accord, deux raisons si vous comptez le travail à fournir mais c'est franchement minime comparé à la masse grouillante de cette population semblable à des pokémons en pleine évolution. 

Pas des semblables à des pikachus hein, non non, plutôt de catégorie tadmorv.

Honnêtement, quand je suis sorti du lit ce matin, j'ai su que ça n'allait pas être une bonne journée. Un ciel gris, mon pull préféré à la lessive, plus de thé dans la boîte et le frigo vide m'ont avertis et je ne les ais pas écoutés... Du coup je me coltine une place sur un banc dans cette classe bruyante, un cours d'anglais il me semble. 

Je n'y prête presque pas attention. Plus qu'une année d'enfer entre ces murs remplis d'affiches se voulant motivantes mais qui en dépriment plus d'un.

- Monsieur Brown, pour l'énième fois depuis le début de l'année, enlevez votre capuche pendant mon cours ! Le prof m'interromps dans mes pensées en me faisant cette remarque qu'il ne me fera même plus dans un mois. J'ai l'habitude.

Je marmonne un "pardon monsieur" et la retire en quatrième vitesse. Mes pensées intrusives reprennent aussitôt et je n'écoute plus rien du reste du cours.

*** 

Enfin finis, il est 16h ce qui signifie la fin des cours ! C'était la journée la plus longue de ma vie...

J'en ai pour 20 minutes de trajets et une fois dans l'entrée, je me dépêche d'enlever mes chaussures et ma veste, me jette sur mon lit dans ma chambre et met ma musique à fond. J'aimerais pouvoir revenir au collège, quand tout allais bien ou presque.

J'entends vaguement quelqu'un claquer la porte d'entrée. Sûrement mon frère qui revient des cours...

Bingo, les rires d'un de ses amis et d'une nana me le confirment, manquait plus que ça. 

Ma porte s'ouvre à la volée et un crétin nommé Simon, alias Mon.frère_le.dieu.du.lycée .

- En quoi puis-je t'aider Simon ?

- Baisse ta musique idiot.

- J'ai pas bien entendu, t'a entendu quelque chose Suzy ? Je me tourne vers mon ours en peluche dans un coin de ma chambre. 

- Nan hein, moi non plus ! Je me retourne vers Simon en souriant.

- Je t'ai demandé de baisser ta musique d'emmerdeur trou du cul. Sinon je te laisse deviner qui va entendre mon lit grincer jusqu'à tard dans la nuit ! Et plus vite que ça sinon je laisse même mon pote rester dîner. Il hurle.

Je baisse le volume en soupirant.

- La prochaine fois juste un s'il te plaît suffira.

Il repart en laissant ma porte ouverte histoire de m'énerver et je la referme donc aussitôt. Il n'a pas toujours été comme ça, avant il parlait beaucoup avec moi, il me présentait ses amis et on avait une relation presque fusionnelle.