Chapitre 1: Enchanté James...

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Le bus filait droit dans le froid glacial que l'hiver couvait, ce froid entrainait une légère brume qui formait un voile sur la route. Le bus était silencieux, seuls les néons verts du car coupaient l'obscurité de la nuit sans fin qui abritait le monde. La route était vide, aucune voiture, aucun bruit, seul un camion se laissait entrevoir à l'horizon. Ses phares se rapprochent, sa lumière vint éclairer l'entièreté du bus. 

Le bus s'engage sur un pont, en même temps que le camion. Arrivé à la moitié du pont je vis la couleur orange du panneau que venait de renverser le véhicule en face de nous, ce panneau c'était un panneau "Routé Barrée" pour cause de verglas, j'imagine que le conducteur devait être pressé et que sa livraison ne pouvait attendre. Le chauffeur du camion s'appelait James, il avait grandi dans une petite ville du Minnesota, il avait vécu une vie simple aux côtés de sa mère, d'un père militaire. Après ses études, le jeune James rentre à l'école de Police pour marcher dans les pas de son père qui lui était inconnu. Dans sa carrière, l'officier James rencontre Janice il est épris pour elle d'un amour inconditionnel, ensemble il fonde une famille en donnant naissance à Violette une sublime petite fille. Je pense qu'elle aurait eu mon âge aujourd'hui... Mais un jour en rentrant de son service, James constata la serrure de son pavillon crocheté, la peur l'envahit et il courut, oubliant les débris de verre qui jonchaient sur le sol de l'entrée. Arrivé dans le salon il vit sa bien aimée, son épouse, sa moitié étendue sur le sol sans vie, baignant dans une flaque de sang, c'est comme si son cœur était sorti de sa poitrine, sa vision était trouble, il fut pris de vertige mais le cri strident de sa fille le ramène à la raison. Il s'enfonce dans l'obscurité du pavillon malgré le soleil pénétrant les volets entravés et arrachés, sa fille était assise sous le plan de travail, le visage en larmes et éclatant en sanglot. Un couteau de cuisine état planté dans son bras et elle avait un ciseau dans la cuisse. Ce fut la plus longue nuit de James, Janice n'avait pas survécu et violette était dans le coma. James était seul, perdu en une nuit sa vie avait basculé, son monde s'était écroulé. Après ça, il s'était renfermé dans l'alcool ne sortait plus, sa fille dont le cœur était encore fragile, s'arrêta. 

Ce jour là il était sorti acheter une nouvelle bouteille qu'il boirai surement d'un trait, sa vie et son corps ne contient plus qu'à quelques battements d'un cœur fatigué, d'un cœur meurtri. En sortant de l'épicerie la bouteille à la main et après plusieurs gorgées, ses jambes tremblaient et sa vision était trouble. Il aperçu un poids lourd dont le chauffeur s'entretenait avec une caisse. En trainant sa marche, James se hisse en cabine tant bien que mal, puis s'enfui à bord d'un camion difficile à manier et surtout alcoolisée. 

Jusqu'à ce que j'aperçoive ce même camion qui s'engageait sur le pont, en voyant cette conduite dangereuse un frisson traversa mon corps tout entier, la peur me pris à la gorge mes yeux s'écarquillait. La fin arrivée... 

J'ignore de quelle manière nous déterminons que la fin est proche, je revois mon grand père qui me disait que la mort n'est pas si terrible c'est juste la fin d'un cycle. Je pense à la beauté du monde, aux moments puissants et chaleureux que j'avais connus. La vie prend fin quand le souvenir s'efface, quand notre image s'éteint. La vie est éphémère tout comme l'amour. 

Le camion roulait vite, une fine pellicule de verglas recouvrait la majeure partie de cette route sinueuse. C'est au centre du pont, pourtant une ligne droite ce fut le dernier tournant de ma vie... 

Le camion percuta le flanc gauche du bus, par hasard personne n'occupait les places côté gauche du bus, le camion traversa le bus, le sciant en deux. J'occupais les sièges juste avant la seconde porte du car, la cabine du camion se trouvait devant moi, à quelques centimètres, elle avait emporté la colonne de bus qui avait plié à 90°, elle se présentait à quelques millimètres de mon corps. Ma ceinture était bloquée, mon cœur s'emballait, les passagers du bus, s'affolaient, criaient, mais dans ce chaos immense, alors que ma vie ne contenait plus qu'a un fil que l'on étirait lentement, je vis son visage, ses yeux, sa bouche, son nez, la douceur et la tendresse incarnée. Je réalisais que j'avais oublié de lui dire qu'elle était la femme dont j'ai toujours été épris et que le monde à ses côtés paraissait encore plus beau, une larme coula le long de ma joue, mon cœur pouvait bien s'arrêter il était déjà brisé.  

La cabine glissa dans le vide, et revint ce bruit sourd et instinctivement je tendis le bras comme si une force remplissait tout mon corps, je sentais une main prendre mon bras tout en étant suspendu dans le vide, enchanté James ; la cabine tomba dans le vide sans fond entraînant la colonne qui me transperça les entrailles, mais la force dans mon bras perdurait, le bas de mon corps ne répondait plus, la mort était proche mais James vécu...   

Amour fantômeWhere stories live. Discover now