Wanderlust.

Chapitre 2 : Farewell.

Eris était courageuse, pourtant. Le problème ici, c'est qu'elle restait toujours aux côtés de ses amis. Mais maintenant, le groupe d'amis était enfin diplômé. Ils venaient de finir leurs années de lycée. C'était peut être la fin d'une ère, mais en réalité, ça n'était que le début de leur vie.

Sans même prendre le temps de remettre en question les décisions et les idées de la veille; elle se lève, en se lançant dans une gageure impossible. Inconsciemment, elle avait enclenchée un compte à rebours dans sa tête.

Sur la porte du réfrigérateur, un mot de sa mère venait lui rappeler le diner prévu le soir même chez ses grands-parents. Elle se contenta d'un fond de thé tiède abandonné sur un coin de table, et entra dans la salle de bains pour prendre une douche rapide. Prise d'une énergie inhabituelle au saut du lit, elle en profita pour aller se couper les cheveux. Il lui était pénible de se regarder en face. Elle avait l'impression qu'elle ne regardait qu'un reflet de sa personnalité froussarde. Et elle n'était pas froussarde. Elle ne voulait pas le devenir. Alors elle prit la paire de ciseaux à bouts ronds pour se couper les cheveux. Avec cette texture, elle se disait que ça prendrait des années pour tout refaire repousser. Mais elle avait besoin de marquer ce renouveau.

Mardi 7 juillet.
En toute bonne foi, je sais que j'étais assez apeurée de finir seule. Parce qu'au fond, tout ce que je pouvais faire, c'était espérer que cet été ne finira pas comme tous les autres. Par tous les autres, je veux dire que je ne fais rien. Je reste chez moi. Parfois, il arrive que mes autres amis me proposent de sortir. Je cherche toujours des excuses.
- « Eris, tu veux venir avec nous demain ? »
Je n'ai plus aucune énergie pour leur donner des excuses bidon. Alors je dis simplement...
- « Non. »
Maintenant que je suis diplômée, j'ai l'impression que c'est la fin des problèmes. Pourtant, je sais que ça n'est que le début de ce qui m'attendra, parce que ma vie d'adulte arrive. Étant plus jeune, je m'étais dit que j'avais hâte d'être grande, parce que je serai libre. Maintenant, j'ai un avant goût de la vie adulte, et c'est probablement la publicité la plus mensongère de tous les temps. Quand on est adulte, on a beaucoup de responsabilités. On doit se débrouiller par soi-même, pour soi-même, mais aussi parfois pour les autres. Il y a des petites choses de la vie qui sont tellement déprimantes qu'elles m'en donnent la nausée. Par exemple, les pannes d'électricité. Le fait de ne pas oublier de fermer la gazinière au détriment de faire brûler sa maison. Ou alors les papiers administratifs, pour en citer quelques uns.

Alors ce qui me reste, c'est une soif d'aventure, je veux apprendre des choses sur le monde et l'explorer. J'avoue que cette phrase a l'air un peu exagérée, mais le fait est que la plupart du temps, je réduis mes activités extrascolaires à aller au cinéma, à la bibliothèque et au supermarché. Mais maintenant qu'il n'y a plus école, je suis confrontée au temps qu'il me reste. On a tendance à toujours se dire que l'on a pas le temps, parce que l'on est toujours restreint à des choses que l'on a pas envie de faire : Aller à l'école, ou au travail ne nous laisse pas le choix, et après, on se sent coupable de ne pas se concentrer dessus, même si c'est pour notre bien-être que l'on le fait. Il ne faut pas tomber dans le burn-out, alors il arrive qu'il soit nécessaire de se déconnecter un peu. Même si ça n'est pas quelque chose de "reconnu".

Revenons à mes activités extrascolaires - qui ne se réduisent qu'aller au cinéma. - Ce qui est cool avec le cinéma (ou pas, cela dépend de ce que vous aimez), c'est qu'ils passent constamment des vieux films, et moi, j'adore ça. Je n'ai que 16 ans, je suis encore jeune, j'ai des amis, c'est juste qu'un est parti au sud et l'autre chez sa famille et le pire dans tout ça, c'est qu'ils ne reviendront pas avant au moins 2 mois. J'ai d'autres amis, par-ci par là, mais je préfère m'en éloigner. Non pas parce que ce sont des mauvaises personnes, mais plutôt parce que je n'ai plus réellement envie de traîner avec eux. La seule chose qui fait que nous restons réellement en contact, c'est le fait que l'on se connaisse depuis longtemps. Mais les personnes changent avec le temps. On ne devrait pas se forcer à rester en contact avec quelqu'un simplement parce que ça fait plusieurs années qu'on les connaît. Les liens se détachent, et c'est normal.

C'est comme ça l'amitié, ça n'est pas toujours éternel. Ça l'est rarement, en réalité. Alors disons que je préfère être seule, plutôt que mal accompagnée. Alors pour l'instant, me voilà seule, livrée à moi-même.
Il est aujourd'hui temps de dire adieu à la personne que j'étais avant.

Goodbye, Farewell.¹ Farewell... Farewell... Farewell...

¹Adieu en anglais.

845 mots.