le problème, c'est lui

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- Alors, comment trouves-tu Caïn, Brivael ?

Je restais fidèle à regarder mon plat. J'avais une expression froissé par le dégoût, et la colère. Depuis que j'avais eu Caïn, trois semaines se sont écoulés et il n'avait rien d'intéressant. Je le voyais même comme un moustique silencieux, et faible, qui ne cherchait à piquer personne. Pourtant, sa présence était énervante.

- Nul.

- Nul ? Chéri enfin... Expliques-nous, commença ma mère, ayant l'air confuse dans ses mots. Qu'est-ce qui te fait dire ça ? Vous êtes pourtant ensemble aux meilleurs moments de la journée...

- Il n'est pas amusant.

Mon père soupira. Au moins, j'étais franc. Je devais l'être.

- Je ne veux pas qu'il soit mon compagnon. J'en veux un autre ! M'exclamai-je ne relevant enfin la tête vers mes deux parents en face de moi.

- On ne crie pas à table, Brivael. Ta mère t'a demandé de nous expliquer pourquoi. Nous sommes à l'écoute.

Je lâcha à mon tour un soupir, et posa mon couvert à côté de l'assiette. Je voulais rester sérieux. Mes sourcils se froissèrent davantage, et mon regard se posa majoritairement sur la grande silhouette de mon père.

- Il me suit partout, mais il ne fait jamais rien, il ne parle jamais même lorsque je lui pose une question ou quand j'essaie d'engager la conversation... La seule fois que j'ai entendu sa voix c'était le jour de mon anniversaire. Pendant mes entraînements, il ne fait que regarder au lieu d'essayer avec moi, et il reste toujours dans son coin à m'observer. Il ne se sert que de ses jambes pour me suivre, partout. Même Origan n'est pas aussi collante ! Et puis, elle au moins elle joue avec moi...

Au début, j'avais essayé. Des efforts, j'espère que Dieu a vu ceux que j'avais fourni pour lui. Mais en retour, Caïn n'en faisait aucun et ça me perturbait. En tant que prince, je n'avais pas le droit à un tel fardeau.

- Caïn n'a probablement pas l'habitude de cette vie là. Montre toi clément avec lui.

- J'ai déjà essayé. Ca n'en change rien.

Je posai mon poing contre ma joue, le coude sur la table. Je sais que cela faisait aussi parti des mauvaises manières, mais j'étais irrité, et je voulais qu'ils le voient tous. Peut-être qu'ils céderont et m'offriront un autre compagnon.

- Sois patient, alors. Ce pauvre petit n'a pas eu la vie facile.

- Je m'en fiche.

- Assez, Brivael !

Surpris qu'il hausse le ton de si tôt, je me redressai lentement sur ma chaise et ne dit plus un mot. Je l'écoutais réellement, cette fois-ci.

- Tu ne devrais pas avoir un comportement aussi capricieux quand nous te présentons un compagnon dès ton plus jeune âge. Tu vas devoir accepter ce garçon, que tu ne le veuilles ou non, et continuer tes efforts avec lui. Ton impatience t'aveugle, mais tu en as besoin.

Je ne répondis pas, et à la place, nous continuâmes de tous manger jusqu'à la fin du déjeuner. Je suppose que par mon silence, j'avais obéis.

Après avoir empiffrer les bons plats, je me dirigeais vers la bibliothèque de notre château. C'était là, où à chaque début d'après-midi, j'avais quelques sessions de lecture avec Mirabel, la gouvernante qui s'occupait de moi. Et je savais qu'il allait me rejoindre. Je sentis bien rapidement ses pas timides et maladroits me suivre dans les couloirs.

Je m'arrêtai après quelques minutes de marche accompagné, et me tournai vers lui. Il jouait avec ses doigts. Il ne savait pas faire autre chose.

- Je t'autorise à parler et à lire, aujourd'hui.

Je ne lui avais jamais interdit, mais peut-être qu'il attendait que je lui donne mon approbation. Je tentais de nouvelles choses.

- Le feras-tu ?

Et j'avais beau attendre, il ne répondit pas de vive voix. Pas du tout, en fait. Il ferait un bon roi du silence. Il ne me regardait même pas. Est-ce que ses pieds étaient plus jolis que mon visage ? Ils étaient nus et un peu sales, j'étais soudainement curieux de là où il s'était rendu pour les rendre aussi poussiéreux.

Dans un lourd soupir, je me remis à marcher. Il me suivit toujours sans un mot, mais je voulais garder mon calme.

Nous arrivâmes enfin à la bibliothèque, et Mirabel nous attendait avec son charmant sourire. Nous nous installâmes à une table et nous commençâmes alors la lente lecture.

Je savais plus ou moins lire, j'apprenais toujours, mais la gouvernante me disait toujours que mes progrès étaient en hausse. J'étais fier de moi. Mais pas de Caïn, qui termina la séance en silence comme d'habitude. Son regard bleu n'avait fait que de regarder les pages d'un autre livre, parfois du mien, ou alors il observait la grande pièce de sa place assise.

Il me désespérait. Comment était-il censé être mon compagnon le plus fidèle quand nous n'arrivions même pas à établir une conversation, même une relation ? Je n'avais pas envie de me prendre la tête pour ça, pour lui. C'était aussi ridicule que sa présence.

Alors que j'allais quitter la table où nous étions situé, je sentis la main de Mirabel se glisser sur mon bras doucement, dans le but de me retenir. Je tournai alors vivement la tête vers elle, la voyant sourire à Caïn qui s'apprêtait aussi à sortir.

- Caïn, peux-tu nous attendre à l'extérieur de la bibliothèque s'il te plaît ? Brivael ne sera pas très long, c'est promis.

Contre toute attente, il hocha la tête et quitta lentement l'endroit. Ca m'avait bien surpris, mais je n'en dis rien. Mirabel voulait me parler de quelque chose de toute manière, alors je reportai très vite mon attention sur elle.

- Vous n'avez pas l'air très proches, dites moi. Comment passez-vous votre temps ensemble, jeune maître ?

Elle s'intéressait aussi à mon compagnon. Peut-être allait-elle me conseiller. Elle avait toujours de meilleurs conseils que père.

- Par les activités que je suis. La lecture, les entraînements, l'apprentissage, parfois les sorties aussi, mais ça arrive moins souvent. Il ne fait rien et ne dit jamais rien, Mirabel.

- Peut-être que vous pourriez améliorer tout cela en jouant ensemble ? Dans la cour, ou dans votre chambre. Vous avez des tonnes de jouets que vous pourriez lui partager. Vous pourriez également lui appendre, et lui parler pour qu'il comprenne quelque chose. Je le sens perdu. Il est jeune comme vous, il a besoin de quelqu'un qui le guide.

- Perdu ?

Je n'avais jamais vraiment réfléchi à cette option là. Je pensais qu'en arrivant ici, il savait à quoi s'attendre, et qu'il savait ce qu'il devait faire. Moi aussi, je suis perdu. Je ne sais pas ce que je suis censé faire de lui.

- Soyez ami avec lui. S'il est votre compagnon, il est préférable que vous vous entendiez bien avec lui, non ? Cela permettra une bonne relation entre vous. Regardez Sir Finn et votre père, notre roi. Ce sont des amis proches.

Soyez ami avec lui. Moi qui n'ai jamais eu d'amis. De vrais amis.

- D'accord..., dis-je timidement. J'essayerais.

caïn Où les histoires vivent. Découvrez maintenant