Fate - Gilgamesh - UA

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L'intrigue se déroule du vivant de Gilgamesh, avant la création d'Enkidu par les dieux mésopotamiens. Le texte fait des références directes à la vie mythologique de Gilgamesh mais vous pouvez lire sans la connaître.
C'est, de base, un exercice de style et de description, les mots en italique étaient des mots imposés à placer dans le texte. Il y a aussi une allusion aux 7 péchés capitaux, saurez-vous les retrouver ?
Bonne lecture !

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Le silence était roi dans cette grande pièce sensible aux échos. Le vent ne faisait pas se soulever les rideaux pourpres et aucune des tapisseries à l'effigie de l'hôte des lieux ne frottaient contre leurs murs. Aujourd'hui le souverain ne recevait pas d'audience, si ce n'est celle de ce reptile coulant sur le sol de nacre avec grâce et fluidité, comme un liquide à écailles lisses et sombres accompagné de sa traine vermeille. Des sillons se dessinaient à son passage, créant une fresque chromatique sans spectateur. Le fin sifflement quasi inaudible ne troublait pas le repos de l'endormi. Sous les dorures, sous les tentures, personne ne s'attardait. Le temps n'était plus aux soieries.

Lentement, le serpent s'insinuait dans son esprit tourmenté par tout cet apparat luxuriant. Vive et irrésistible était la tension qui l'avait saisie ce soir-là. L'ascension de cet escalier de sensations divines avait ravi la raison à son être, le laissant seul avec ses coutumières pulsions sauvages. Dans l'habitude des esprits revenaient les transgressions de celui qui portait le nom de loi.

Tout lui appartenait. Il était le passeur de toutes choses, de chaques pièces, de chaques foyers, de chaques vies. Celle de cette belle inconnue d'hier, celle ravie d'aujourd'hui et celle mystérieuse de demain sont entre ses mains débordées par les bijoux enchaînants ses poignets un peu plus chaque jour. Dans ses oreilles ne résonnent que le tintement de l'or, ses propres rires et colères mais surtout ce souffle qu'il avait tu la veille. 

Le souverain temps du passé avait joui de ses excès. Ce corps étendu sur le sol et ces lèvres carmin n'esquissaient plus la moindre courbe. Les nerfs détendus et les marques sur ce visage féminin sans identité semblaient contenir le vide qu'il y avait eu dans ses yeux à lui  jadis et qu'il retrouverait ce soir.

Les muscles du prédateur rampant roulaient sur le sol, poursuivant son ouvrage jusqu'aux draperies satinées. Serpentant entre les tissus les plus doux, les plus beaux, l'animal se fraya un chemin à travers ce temple de la nuit. Aucune faim ne l'avait saisi face à cet amas de chair dont l'hôte avait allégrement abusé la nuit dernière. Non, aucune gourmandise n'avait saisi celui qui susurrait à l'oreille du souverain que sa chute avait un nom. Lentement, comme se réveillant d'un songe qui lui avait semblé éternel, cet homme, ce roi, ce dieu, ouvrit ses yeux sombres. Il vit courir dans ceux du serpent les pensées amères qui lui chuchotaient sa fin.

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⏰ Dernière mise à jour : May 14, 2023 ⏰

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