Saint-Seiya - DeathMask

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Déambule le funambule

Le son de ses pas claquent sur les pavés bordés d'eau ruisselante. Des petites flaques se forment et ne reflètent que la faible lueur jaunâtre et vacillante des lampadaires archaïques de la vieille ville. La rue est plongée dans l'obscurité du silence seulement perturbée par le clapotis régulier des gouttes de pluie et du flot incessant des gouttières trouées par les griffes ou dents de l'une de ces bêtes que l'on ne voit jamais ou que l'on évite de voir.

Éviter de voir les abandonnés du foyer, ne pas prendre ces ruelles dont on ne connaît que les mystères vaporeux des discutions de bar. Ne surtout pas regarder ses yeux mornes et vides qui n'attendent plus rien. Ce sont les êtres de la nuit, invisible en journée ils ne prennent forme qu'une fois le crépuscule sur la ville.

Son ombre chancelle, noire comme de l'encre elle serpente entre les pierres pour trouver racine sous des chaussures un peu usées qui laisse l'humidité les traverser. Les éclaboussures tachent imperceptiblement son pantalon assombris par ses longues minutes de marche. Ses cheveux dégoulinent sur son tee-shirt fixant ainsi la poussière d'une journée.

Il fait froid, son corps frissonne tandis qu'il allume une cigarette. L'oscillante étincelle, dans la rue, réveille une volute de fumée soufflée dans un soupir. Qui y a-t-il à voir dans cette substance poudreuse qui chute au sol lamentablement ? Les divinations se font dans le marc de café ou les lignes de la main mais les siennes sont discrètes et silencieuses. L'une cachée dans une poche trop petite pour la contenir et l'autre fermée sur un mauvais message.

Les rues se croisent et s'entrecroisent. Prendre le boulevard animé de feux folets ou continuer sa route sur les plateformes incertaines maudites par les sorcières d'un ancien temps. Le définit prend la fuite sous une averse fumée, grisâtre.

La cigarette s'est éteinte, trop mouillée elle ne se rallumera plus. Il la jette au sol, rejoignant ainsi ses comparses balayées par les vagues tumultueuses jusqu'au gouffre de l'inconnu.

Du coin de l'œil une chose devient discernable. La pluie trouble toujours les regards mais la forme bien qu'incertaine reste néanmoins présente dans sa réalité.
Douce rêverie que celle dans laquelle se plonge dès maintenant l'esprit du marcheur.

L'odeur du tabac se dissipe. Elle est là, cette silhouette d'espérance. Reconnaissable, nommable, identifiable, un pas de plus et elle serait palpable. Dans ses bras froids sa chaleur lui brûlerait la peau, ses boucles délicates lui trancheraient la chair de ses mains et sa bouche lui soutirerait le souffle de ses poumons.

Salvateur est celui qui met fin à son mirage.

One-ShotsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant