PARTIE 1

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Assis sur la machine à laver du coin, comme chaque mercredi soir, j'attends impatiemment son arrivée. J'ai commencé à instaurer ce petit rituel quelques semaines seulement après le début des cours. Au début, je n'avais pas vraiment de jour précis et défini pour venir faire ma lessive. Je laissais parfois traîner pendant deux semaines avant d'enfin me décider à aller laver quelques boxers lorsque je n'avais plus rien à me mettre.

C'est au début du mois de novembre que j'ai remarqué que ce garçon était toujours là le mercredi soir aux alentours de vingt et une heures. Lui et ses cheveux châtains et ses beaux yeux bleus. Généralement, il est déjà là quand j'arrive, assis sur la chaise face à la même machine qu'il utilise toujours, sa jambe remontée contre son torse, ses écouteurs dans les oreilles et un livre dans les mains.

La première fois que je suis entré dans le local à machines et que je l'ai vu assis là, je suis resté bloqué dans l'entrée quelques secondes, complètement chamboulé par sa beauté. Si depuis quelques années, le début du lycée plus exactement, j'ai des doutes sur ma sexualité et mon attirance pour les garçons, ce jour-là, il n'y a eu aucun doute concernant Louis.

Je ne sais pas trop expliquer ce qu'il s'est passé en moi au moment où il a relevé ses yeux dans ma direction pour les ancrer aux miens, mais la puissance avec laquelle mon estomac s'est tordu est pour l'instant comparable avant aucun autre moment de ma vie.

Dans les films, lorsque les deux personnages principaux ont un coup de foudre l'un pour l'autre, le décor alentour disparaît et une musique commence à résonner en arrière-plan. A quelque chose prêt –la musique- c'est exactement ce qu'il s'est passé pour moi la première fois où je l'ai vu, la première fois où nos yeux se sont croisés, et la première fois qu'il m'a souri.

Louis a ce sourire particulier, celui qui est capable de faire rayonner la totalité de son visage. Ça fait remonter le bout de son nez, creuse le coin de ses lèvres et plisse le rebord de ses yeux. Depuis le début du mois novembre, mes semaines ne se résument qu'à une seule et unique chose : Attendre le mercredi soir et le moment où je pourrais enfin contempler à nouveau son sourire.

Nous n'avons jamais réellement eu de grandes conversations lui et moi. Je sais simplement qu'il s'appelle Louis et qu'il est en deuxième année de Langues étrangères appliquées alors que je suis en première année. C'est ce qu'il m'a dit en se présentant la toute première fois.

Depuis ce jour, nous n'avons jamais eu de réels conversations. Les seuls moments où il m'a reparlé se limitent aux bonjours et aurevoirs, à la fois où il avait oublié son adoucissant et la fois où j'ai fait tomber le marque page de mon livre en partant.

En revanche, grâce à quelques une de ses conversations téléphoniques, j'ai appris que Louis avait un petit ami, Mike, avec lequel il a rompu il y a quelques semaines. Je sais aussi que sa meilleure amie, Louise, trouve que ce n'est pas une grande perte et que Louis est bien mieux sans lui. Je sais aussi qu'il a une sœur qui s'appelle Charlotte et que celle-ci donne du fil à retordre à sa famille avec les nombreuses soirées étudiantes auxquelles elle participe. J'entends très souvent Louis rassurer sa mère à ce sujet au téléphone. Quand il ne lit pas en attendant que sa lessive tourne, il aime être au téléphone.

C'est vrai que ça peut paraitre un peu psychopathe de l'observer ainsi et d'en savoir tant sur lui sans ne jamais lui avoir réellement parlé, mais tout ceci n'est qu'un enchaînement de coïncidences. Je n'ai jamais espionné Louis, j'ai simplement entendu des conversations qu'il ne cherchait à priori pas à cacher. Bon... C'est vrai que je fais parfois semblant d'écouter de la musique dans mes écouteurs lorsqu'il téléphone, mais c'est humain d'être un peu curieux, non ?

Il y a une autre chose que j'ai appris sur Louis depuis que je viens tous les mercredis soirs laver mon linge pour le voir : Il aime la lessive à la fleur d'oranger, et je crois honnêtement que c'est devenu mon odeur préférée.

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