Chapitre 1 - Rien

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Rien. Rien. Au début il n'y avait rien. Vous n'aviez qu'à demander à votre professeur de physique-chimie, il n'y avait rien avant le bigbang. Cet évènement qui a dû se passer avant toute chose dans l'évènement dans l'univers. C'est tout de même fou de penser qu'il n'y avait rien, que nini, que dalle. Mais si on y réfléchit bien il y avait du "rien". Mais est-ce réellement un objet ? Pas vraiment, dû notamment à quelque chose qui ne partage pas, qui n'affecte aucune personne, qui peut parfois paraître un malheur. Quand vous n'avez rien en matière d'argent, lorsque vous n'aviez rien révisé, au moment où vous comprenez où il n'y a plus rien à faire, tout est fichu. Certes, mais on pourrait se demander clairement lors du Ve siècle, en Inde, où il y avait des mathématiciens qui se creusaient la tête sur une seule question : doit-on dénombrer un vide ?
Est-ce réellement nécessaire ? Cela ne changerait-il pas à jamais le quotidien qu'ils auraient toujours eu ? Bien sûr, maintenant vous savez que cela aurait été nécessaire. Sans l'invention du zéro, le code binaire n'existerait tout simplement pas, vous ne pourriez pas regarder des vidéos sur internet ou pouvoir discuter avec des gens du monde entier. S'il n'avait jamais existé, on serait encore actuellement en mathématiques à calculer des problèmes difficiles. Bref, ce serait vraiment compliqué.
Maintenant imaginez la création de la vie. Cela y ressemble, non ? Comme si on transformait un 0 en 1. Bien sûr ce n'est pas aussi simple. Comme on peut le comprendre en SVT, ceci est dû notamment à des fusions de cellules qui se transforment ensuite mais je ne vais pas m'attarder plus là-dessus. En revanche, il est vrai que ceci a vraiment une grande part de probabilité. A-t-on réellement une chance de vivre ? Ou de mourir ? Tout cela est bien compliqué. Moi, qui étais au chaud dans le ventre de ma mère, ne pensait pas à ce genre de chose.
J'étais bien heureux à ce moment-là. On raconte qu'à la naissance on se baigne dans de l'urine, c'est pourquoi les bébés ont une sorte d'odeur, j'y crois moyennement. Même en me disant cela, je me sentais très confortable là-dedans, je n'avais pas forcément besoin d'en sortir, je n'avais pas vraiment une perception de la vie, je n'étais qu'une sorte d'embryon. Ce genre de sensations est très difficile à retrouver quand on grandit. J'avais l'impression d'avoir une sécurité intérieure qui m'enveloppe, que je suis capable de résister à tout. Je me sentais bien protégé. Pourtant je n'étais pas vraiment en vie, ni mort d'ailleurs.
Les mois passèrent mais je n'eus que l'impression que c'étaient des années. À un moment donné, j'étais dans un état qui ressemblait plus à un humain. Je pouvais commencer à percevoir des sons, du mouvement, des odeurs, ... Je pouvais entendre des morceaux de musique, la voix douce de mon père qui me rassurait, et même moi je commençais à bouger et même peut-être un peu trop, par les dires de ma mère. À ce moment, je me sentais plus que vivant, j'étais vraiment enthousiaste de découvrir le monde qui m'entoure, voire des nouvelles choses, entendre des nouveaux sons, découvrir de nouvelles sensations et imaginer le meilleur que l'on puisse rêver.
C'est ainsi que le jour de ma date de naissance n'aurait pu qu'être un jour banal comme les autres. Un jour sans vraiment intérêt où il n'y aurait que la routine quotidienne ; "du lever, au dodo en passant par manger, travail, café, dîner, bref, rien d'extraordinaire. Mais ma mère n'avait pas dû se sentir très bien, elle sentait qu'il y avait quelque chose qui était en train de se produire. L'insufflation de la vie était en train de se produire. Ce qui pourrait paraître aussi étonnant, était que ce processus demandait une forme de sacrifice, créer la vie peut ainsi se montrer éprouvant, comme l'une des pires douleurs que l'on puisse ressentir de toute son existence.
Je tiens sincèrement à excuser ma mère et toutes les mères du monde pour la douleur ressentie. La vie n'est pas gratuite, on peut le confirmer cela notamment des cas de fausses couches avérés dans le monde. C'est un système assez complexe. Lorsque je suis née, j'ai dû passer par le côté administratif que toute personne a connu sur terre. Voilà, j'avais enfin une identité, mais moi, je ne la connaissais pas encore. C'est vrai que les choix du nom sont vraiment un des choix les plus fastidieux que l'on peut faire dans la vie. Le prénom est une identité qui nous associe et qui nous accompagnera pendant toute la vie et il y avait intérêt à ne surtout pas se tromper.
Comme tout enfant habituel, j'ai eu une bonne éducation, alimentation et hygiène. En l'occurrence, contrairement à d'autres enfants, je ne suis pas allé à la crèche et donc j'ai dû rester à ma maison, aux côtés de mes parents. J'étais vraiment charmé par ce concept de « vie ». Tout se passait pour le mieux jusqu'au jour où fut annoncée une nouvelle : j'allais devoir déménager. Et pas en France mais un endroit inconnu qui me semblait dans mes souvenirs qui s'appelait je crois " l'Allemagne". Je me sentais un peu patraque, j'avais découvert un nouveau sentiment, la peur. La peur de l'inconnu, du vide, et de perdre à tout jamais des personnes pour qui elles sont chères. J'étais un peu tétanisé tout de même. Et en plus les habitudes ont dû un peu changer...

Récit d'une vie banaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant