Écrire comment quelqu'un peu sauver le monde. Je crois avoir été trop inspirée pour écrire autant, haha. Mais qu'y pouvais-je ? C'était le début du confinement, et je n'avais que cette rédaction qui me motivais...
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C'est facile. C'est ce que j'essaie de me dire. C'est impossible. Voilà ce que me répond ma conscience. Je dois lui prendre ce qu'il n'avait pas mérité. La vie.
Quand j'ai rejoins l'Organisation, un an plus tôt, je ne savais pas quoi faire de ma vie. J'avais plus rejoints mon oncle que l'Organisation en elle-même. Les autres avaient un objectif. L'amour, le succès, la réussite, la liberté et tant encore. Pas moi. Il n'y avait rien qui semblait m'attendre au bout du chemin. Rien le vide. Le néant, noir.
Quand on m'ordonnait, j'obéissais. C'était aussi simple que cela. On me répétait souvent la même chose. Tu pourrais faire de grandes choses, si tu avais plus d'ambition. Mais il était là, mon problème. Si. Si je pensais plus par moi-même. Si j'étais plus sociable. Si je me projetais vers mon avenir plutôt que de rester dans le présent.
Seulement, je ne vivais que pour le moment présent. Vivre pour exécuter une consigne. Vivre jusqu'au nouvel ordre. Vivre pour côtoyer la mort à chaque mission. Vivre jusqu'à ce qu'elle nous rattrape.
Quand j'ai rejoins l'Organisation, j'ai pu réellement vivre. Me rendre utile ! Mon néant, aussi noir que je le connaissais, à commencé à se teindre de belles couleurs. Des couleurs douces, harmonieuses. La hiérarchie me donnait des ordres. Dès le début, je me suis révélé particulièrement doué pour les exécuter. Mon premier ordre a été de distribuer des tracts dans des boîtes aux lettres, accompagné de mon oncle. Rien de trop dangereux, en soit. Mais la vraie première fois, ma première vraie mission sur le terrain, c'était une voie ferrée. Nous étions en automne et des feuilles tombées des grands arbres parsemaient les rails. C'était deux mois après mon adhésion.
À ce moment-là, mon néant était un dégradé de bleu. Il était beau. Comme si le ci le d'été rencontrait une mer tropicale. Mon coéquipier pour cette mission était un homme d'âge mûr, expert en déraillement. Parfait pour montrer l'exemple à un novice comme moi. Il se faisait appeler Léopaul. Lorsque je lui en ai demandé l'origine, il m'a répondu que c'était en hommage à ses deux frères, Léo et Paul. Ils avaient tous deux été les victimes de fausses accusations. Un député, M. Izmenik, était un des amis du Premier ministre, M. Zhestokiy. Celui-ci l'avait aidé à cacher un de ses méfaits en faisant porter le chapeau à des innocents. Les malheureux n'étaient autres que les frères de Leopaul.
Après m'en avoir parlé, versé une petite larme sur sa face cireuse et traité ces messieurs de bien des noms, il me retourna la question. Je m'appelais l'Automate. Comme un automate, j'exécutais les ordres qu'on me donnait, sans trop me poser de questions. Rien de profond, rien de recherché, rien de tragique. Tout comme moi.
Nous avions fini de dévisser les boulons. Les rails étaient à présent désaxés et un explosif attendait sagement les roues du train. Je le vis glisser un boulon dans sa poche.
–J'en fais une collection. Une vieille histoire. Mon grand-père aussi déraillait des trains. Il faisait pareil. Un boulon par train. Celui-là, c'est le vingtième. Tu veux en garder un ? me demanda-t-il.
Je hochai la tête et le pris.
–Tu m'as l'air bien jeune pour dérailler. La plus jeune avait vingt-cinq ans. Toi, tu fais à peine majeur. Tu bats les records.
–La hiérarchie trouve que je me débrouille pour tout, expliquais-je. Elle tente de me caser dans le truc qui me conviendrait le mieux. C'est pour ça que j'essaye un peu tout. Ensuite je me spécialiserai.