J'ai mal.

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De nouveau, je suis dans le corps.

Le ventre a pourri lui aussi. La poitrine également. Il ne reste que la tête, du sang et des bouts de chair violette.

Et personne ne se retourne.

J'ai trop mal pour être en colère désormais. Il ne me reste plus beaucoup de temps.

Je me sens flotter au dessus du corps.

Et même encore au dessus, au dessus de mon corps.

Je ne sais plus dans quel monde je suis, dans quelle réalité on peut encore m'entendre.

On ne peut sûrement plus nulle part.

Je me noies.

Je me noies dans le sang, dans la chair, dans l'air.

Je me noies dans la douleur, dans le noir, dans le froid.

Je me noies dans ce flottement d'entre-vie, dans ce monde entre les mondes, dans ce corps entre les corps.

J'ai mal, je me noies, la douleur, oui la douleur surtout est en train de me tuer.

Elle tue le temps, l'espace, les mondes, les corps. Elle tue le rationnel et les sentiments, l'important et le futile, elle tue la mort et la douleur elle-même.

Elle tue tout sur son passage, toute perception de toute chose, elle rase tout dans un terrifiant raz-de-marée qui me noies.

Cette douleur va jusqu'à en tuer l'espoir, la dernière infime lueur d'esprit qui habite tout être encore conscient.

J'ai mal.

Et le hurler ne servirait à rien.

Même le murmurer serait inutile.

Alors je ne dis rien, je reviens à la réalité du monde que vous et moi partageons, et je me tais.

Je souffre en silence, parce que la douleur tue et tuera toujours toute tentative de lui échapper.

Je reste assis, au fond d'une salle remplie de monde, je regarde par terre, et je ne dis rien.

Je ne peux pas dire, la douleur me retient, alors je me contente de penser et de mourir en pensée.

Je meurt dans tout mes corps, tout mes mondes, je meurt de tout mon petit bout du Moi et je pense seulement :

Regardez-moi.

Regardez-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant