L'inspecteur Richard Arnold était au bord de la crise de nerf. Dans toute sa carrière, c'était la première fois qu'il était confronté à une situation de ce genre. Il regarda sa montre. Cela faisait maintenant environ une heure que lui et ses collègues se retrouvaient coincés devant cet immeuble qui, plus tôt dans la journée, avait été pris en otage par un fou furieux. Et c'est justement cet aspect qui le dérangeait le plus.
Les prises d'otages ne lui étaient pas étrangères en tant que tel. Juste deux ans plus tôt, il avait été mêlé à une affaire similaire. Deux hommes avaient tentés de dévaliser une banque au sud de la ville. Fort heureusement, l'un des employés de la banque avait réussi à alerter la police avant que les malfaiteurs n'aient le temps de s'enfuir. Ces derniers, pris de panique, avaient donc eu recours à une prise d'otages afin d'échapper à la taule. Cela s'était mal fini pour eux. L'un était mort et l'autre fut grièvement blessé avant d'être conduit par la suite dans une prison de haute sécurité. Non, l'inspecteur Arnold ne craignait pas les prises d'otage. Cependant, il était habitué à ce qu'elles aient lieu dans une banque ou dans un supermarché, mais pas dans un immeuble de plusieurs étages. Cela rendait la situation beaucoup plus complexe.
Il sortit une cigarette de sa poche.
- Quelqu'un a du feu ? demanda-t-il.
Un des policiers lui prêta son briquet. Il tira une longue bouffée. Il se sentit tout à coup plus détendu. Il avait fait la promesse à sa femme — et il avait tenu pendant six longs mois — mais aujourd'hui il n'en pouvait plus. Il était beaucoup trop stressé, beaucoup trop énervé. Fumer l'avait toujours aidé à décompresser.
- Hey Edouard ! J'ai dit que personne ne doit dépasser le périmètre de sécurité !
- C'est un journaliste, il —
- J'n'en ai rien à foutre ! Tu me les vires tous, compris ?
Décidemment, ce n'est pas mon jour.
L'inspecteur Arnold regarda de nouveau sa montre.
- Putain, mais qu'est-ce qu'il fout ?
- On vient de rappeler, inspecteur. Il sera bientôt là.
Il secoua la tête. Ce n'était vraiment pas son jour.
Charles Preston consulta sa montre pour la énième fois. Voilà plus de quinze minutes maintenant qu'il se retrouvait bloqué sur le highway. Il y avait un embouteillage monstre, causé par un camion qui était subitement tombé en panne sèche. Charles Preston n'aimait pas être en retard, surtout lorsque sa présence pouvait sauver la vie de plusieurs personnes.
Etre négociateur de police avait toujours été son rêve. Il pouvait encore se souvenir de la première fois qu'il avait regardé le film « Le Négociateur » avec son père, de l'impact que cela avait eu sur lui. Il avait su ce jour-là que c'était ce qu'il voulait faire. Son père n'avait pas affiché un grand enthousiasme devant sa décision, mais il n'avait pas essayé de le dissuader non plus. Il avait suivi la formation adéquate, dont deux ans à l'école de police, et aujourd'hui il était l'un des meilleurs négociateurs de la ville de Randsburg. Son père, qui au départ semblait désapprouver son choix de carrière, était maintenant fier de lui.
Au bout de vingt minutes, le camion fut finalement déplacé et Charles Preston reprit sa route.
Le jeune homme gardait les yeux fixés sur l'immeuble avec un sentiment d'impuissance. Il était rentré daredare des cours suite à l'appel de sa petite sœur Elena, l'informant que leur voisin, Ronald Johnson, avait l'intention de se faire exploser et d'emporter tout l'immeuble avec lui. Johnson, armé d'une ceinture d'explosifs, se trouvait devant l'accès principal et empêchait qui que ce soit d'entrer ou de sortir. Toutes les personnes qui avaient essayé de s'échapper l'avaient trouvé sur leur chemin.
Le jeune homme avait l'impression que son cœur allait sortir de sa poitrine tellement il battait vite. Il pensait à sa sœur et a toutes les personnes qui se retrouvaient prisonnières de ce malade. Mr Johnson... Il paraissait si gentil. Qu'est-ce qui avait bien pu le pousser à agir de la sorte ?
A première vue, la police se contentait de tenir les journalistes et les badauds à l' écart ; mais elle n'avait pas encore établi le contact avec Mr Johnson. Le jeune homme ne comprenait pas pourquoi. Qu'est-ce qu'ils pouvaient bien attendre ? Ses yeux se posèrent sur un homme chauve, à l'allure imposante, qui fumait une cigarette à quelques mètres de lui. Il portait un costume gris et une chemise blanche. Il entendit un des policiers l'appeler « inspecteur », et il sut que c'était à lui qu'il devait s'adresser. Il pria intérieurement pour que celui-ci le remarque. Il fut exaucé quand l'inspecteur se tourna pour jeter sa cigarette. Il lui fit un geste de la main.
- S'il vous plait, inspecteur, je m'appelle —
- Je répondrai aux questions plus tard, l'interrompit l'inspecteur Richard.
- Je ne suis pas journaliste. Je m'appelle Jacob Nolen. Je vis dans cet immeuble. Ma petite sœur s'y trouve en ce moment. Je connais bien cet homme, Ronald Johnson. Je pourrais peut être vous aider .
L'inspecteur le dévisagea un moment, puis secoua la tête.
- Je comprends que tu te sentes concerné. Cependant, la seule façon pour toi de nous aider est de rester où tu es et de nous laisser gérer la situation. Sans même attendre de réponse, l'inspecteur se détourna et alla rejoindre ses collègues.
Jacob Nolen était furieux. De toute façon, quoi qu'il dise, il ferait tout pour sauver sa sœur, d'une manière ou d'une autre.
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Hors de contrôle
Short StoryUne prise d'otages dans un lieu particulier...Trois hommes tentent par tous les moyens d’éviter le pire. Vont-ils y arriver?