Quelques secondes suffirent pour que la vie de Ronald Johnson bascule à nouveau. Durant ce court moment, alors qu'il s'avançait les mains levées vers sa destination finale, il aperçut dans la foule deux personnes qu'il ne s'attendait pas à revoir. L'une avait partagé sa vie pendant sept ans, les sept plus belles années de sa vie comme il le disait lui-même; l'autre était celle qui avait tout brisé.
Ces deux personnes le regardèrent comme s'il était une bête de foire ; il pouvait clairement lire de la déception dans les yeux de sa femme, mais il n'y vit aucune trace d'amour, d'angoisse ou même de compassion. C'était comme si pour elle, il était déjà mort. L'homme, son patron, le narguait ouvertement. Son bras entourait l'épaule de celle qui était maintenant son amour, et son visage affichait un rictus méprisant.
C'en était trop.
Cela ne leur avait pas suffi de mettre sa vie en miettes, il fallait aussi qu'ils viennent ici se moquer de lui ouvertement, lui montrer qu'à leurs yeux il n'était plus que de la guimauve ? La rage s'empara de Mr Johnson. Une rage silencieuse. Il avait pris une nouvelle décision.
Au même instant, il remarqua un policier qui s'approchait de lui sur sa gauche. Il darda un regard vers lui, et il comprit. Etait-ce à cause de la flamme qu'il vit dans ses yeux ou alors de la position qu'il avait adoptée ? Il n'aurait pu le dire. Il sut pourquoi il était là.
Ronald Johnson sourit. Ce flic lui faciliterait la tâche.
Il le vit s'élancer vers lui. Il avait l'impression que le temps avait soudain ralenti. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, mais ses pensées étaient claires, plus claires qu'elles ne l'avaient jamais été. C'est à ce moment qu'il se souvint, des autres explosifs qu'il avait disséminés dans son appartement. Mais il était trop tard maintenant...
Il appuya sur l'interrupteur juste au moment où le corps du flic toucha le sien.
Il y eut un petit bip, puis ce fut le néant.
Pour Jacob Nolen il n'y avait plus qu'une seule chose à faire : se cacher. Il savait que les prochaines secondes seraient déterminantes. Il se mit à courir en s'éloignant le plus possible de l'immeuble. Dans sa course, il croisa la femme qui avait abandonné son enfant chez elle. Sachant qu'il n'avait ni le temps ni la force d'aider tout le monde, il résolut de la sauver. Il ne le fit pas vraiment pour elle, mais pour son bébé.
Il l'entraina de force derrière une voiture, ignorant ses plaintes, et la plaqua sur le sol. Un quart de seconde plus tard, on eût dit que la fin du monde était arrivée. Il y eut une grande détonation et des cris s'élevèrent de toute part. Le souffle de l'explosion fut tellement puissant que Jacob eut l'impression que le sol tremblait.
Au bruit de l'éclatement, la femme s'était agrippée à lui comme s'il était sa bouée de sauvetage dans cette mer de violence et de destruction. Elle avait surement compris ce qui venait de se produire et elle s'était mise à crier. Il la serra fort dans ses bras et ils attendirent. Combien de temps restèrent-ils là à espérer ? Espérer que la situation n'était pas aussi grave qu'elle paraissait ? Espérer que le cauchemar était enfin terminé ?
Une éternité, aurait répondu Jacob.
Voulant s'assurer que le danger était passé, il lança un regard vers la devanture du bâtiment. Un frisson d'angoisse parcourut son échine. Jacob avait l'impression de se retrouver dans un film d'horreur. Son cerveau n'arrivait pas à assimiler ce que ses yeux lui dévoilaient.
Il y avait des corps calcinés, maculés de sang, éparpillés un peu partout. Il n'arrivait plus à distinguer ni l'inspecteur, ni le négociateur ou encore Mr Johnson. Les gens hurlaient, gémissaient, c'était horrible. C'était l'enfer. Mais il y avait pire : leur immeuble était dans un triste état. On aurait dit qu'une tornade était passé et en avait emporté une partie. La porte d'entrée avait complètement volé en éclats, ce qui était normal vu que Mr Johnson s'y était trouvé à proximité. Cependant, Jacob n'arrivait pas à comprendre comment toute une partie du premier étage avait pu être autant détruite. Etait-il possible que l'explosion fût si puissante qu'elle atteignit même les appartements qui se trouvaient au premier ?
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Hors de contrôle
ContoUne prise d'otages dans un lieu particulier...Trois hommes tentent par tous les moyens d’éviter le pire. Vont-ils y arriver?