Chapitre 3

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- Mr Johnson ?

Charles Preston s'avançait les deux mains levées, pour signifier à son interlocuteur qu'il venait en paix.

- Qu'est-ce que vous voulez ? répondit Ronald Johnson d'une voix sèche.

- C'est drôle que vous me demandiez ça, dit Charles en souriant, car je suis justement ici pour savoir ce que vous voulez. Comment ça va?

- Oh, mais tout va bien, dit Mr Johnson d'une voix sarcastique. Ça ne se voit pas ?

- Pas vraiment, répondit Charles, toujours avec un sourire.

Il essaya de s'avancer un peu plus, mais Ronald Johnson l'arrêta d'un geste de la main :

- Restez où vous êtes ! dit-il d'une voix menaçante.

- Ok, ok. Il se tut pendant un instant. Je peux vous tutoyer ?

Mr Johnson l'observa pendant quelques secondes, puis acquiesça d'un hochement de la tête.

- Bien, dit le négociateur. Apres tout, toi et moi sommes pareils.

- Pareils ? Comment ça ?

Charles mit ses mains dans ses poches d'un air détendu et répondit :

- Je sais que, tout comme moi, tu ne voulais pas te retrouver dans cette situation.

Mr Johnson déglutit, puis dit d'une voix tremblante :

- Comment le sais-tu?

Le regard du négociateur tomba subitement sur quelque chose qui se trouvait à proximité de Mr Johnson. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise.




- As-tu bien saisi le plan ?

Edouard Flint ne fut pas en mesure de répondre aussitôt. L'homme qui venait de lui poser cette question était sans aucun doute son idole, son héros. Il l'avait su dès leur première rencontre. Toutefois, ce qu'il venait de lui demander à lui, jeune policier inexpérimenté, n'était pas seulement dangereux, mais c'était totalement contraire au protocole.

- Je crois, finit-il par dire d'une voix hésitante. Mais inspecteur, c'est de la folie...De plus, n'est-ce pas contraire au—

- Protocole, je sais ! l'interrompit l'inspecteur Arnold. Ecoute Edouard, il arrive un moment dans la vie où on doit laisser le protocole de côté et agir en fonction des circonstances.

- Mais inspecteur—

- Bordel Edouard ! s'emporta l'inspecteur. Ce n'est pas le moment de discuter ! Pense à tous ces gens qui sont coincés à l'intérieur !

Le jeune policier tourna la tête du côté de l'immeuble. Toutes ces personnes piégées, tous ces innocents...Si une opportunité se présentait pour leur venir en aide, aussi téméraire fût-elle, ne devait-il pas la saisir ?

Il reporta son attention sur l'inspecteur.

- Ok, dit-il d'un air décidé. Je le ferai.

L'inspecteur Arnold, qui durant toute leur conversation avait placé ses mains sur les épaules d'Edouard, se détendit et relâcha le policier. Il affichait un air satisfait.

- Parfait.

- Mais avant d'en arriver là, il faudrait d'abord que le négociateur y parvienne.

- Je sais, dit l'inspecteur Arnold.

Comme pour sceller leur projet, il mit une main dans sa poche et en sortit une cigarette qu'il alluma aussitôt.




Jacob Nolen savait qu'il avait bien fait de ne pas rester statique. Dès le moment où il avait vu cet inspecteur et cet agent de police s'isoler du reste de leur groupe, il s'était dit qu'il gagnerait à les suivre. Il ne s'était pas trompé. Ce qu'il avait récolté comme information dépassait de loin ses espérances.

Il ne pouvait croire en sa chance. Penser qu'un tel inspecteur ait pu faire de telles confidences sans vérifier au préalable qu'ils étaient vraiment seuls, était inconcevable pour le jeune homme. Mais finalement, il se dit que c'était tout à fait plausible. Apres tout, c'était une situation extrême, et c'était justement dans ce genre de situation que l'on commettait les pires erreurs.

Ceci dit, il était quand même sous le choc. Peu importe la façon dont il retournait le plan de l'inspecteur, il ne voyait pas comment il pouvait déboucher sur quelque chose de positif. Dans tous les cas, cela serait un échec. Un échec total.

Il n'avait plus le choix. Il fallait qu'il entre dans l'immeuble. Aussi vite que possible.

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