Merry Christmas and happy new life (Sous Contrat D'édition)(Extrait)

Chapitre 2

   Quatre heures plus tard, toute l'appréhension que Victor avait pu ressentir quant à ce premier Noël sans sa fille avait disparu sous les bien trop nombreuses coupes de champagne. Sans parler du petit blanc avec les huîtres, du bon bourgogne avec les fromages, du moelleux avec les bûches et du petit verre de liqueur de verveine pour digérer, bien sûr. A moitié affalé sur son grand et confortable voisin, bercé par le bruit des conversations et la musique de saison, il se sentait sombrer dans un état de félicité peu habituel pour lui qui n'était pas un grand buveur en temps normal. Une main douce et fraîche se posa sur sa joue pour la tapoter et il s'y appuya par réflexe et sans gêne aucune, totalement détendu et flottant dans un état de bien-être complet.

– Victor ? Ça va, tu te sens bien?

Il voulut répondre à la voix grave et veloutée qu'il ne s'était jamais senti mieux mais, allez savoir pourquoi, les mots sortirent en une bouillie indistincte qui firent tressauter de rire le corps ferme sur lequel il s'appuyait.

– Merde, il est complètement torché en fait!

   Le léger accent chantant le renseigna sur le propriétaire de cette nouvelle voix. Samuel était originaire du sud et avait gardé de ses origines une touche de soleil dans ses inflexions qu'il avait toujours trouvé adorable. Il lui parut soudain extrêmement important d'en faire part à son ami.

– J'adoooore ton... euh. Parle.

   Plusieurs éclats de rire ponctuèrent sa déclaration et il fronça les sourcils, certain qu'il y manquait quelque chose. Mais quoi? Il y réfléchissait intensément quand la discussion reprit au dessus de lui sans qu'il ne cherche à la suivre, les mots entrant et sortant de son brouillard bienheureux comme autant de petits papillons d'oreilles voletant autour de sa tête.

– Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas été dans un tel état!

– Il ne boit pas d'habitude?

   Il ouvrit un œil vitreux pour voir Sophie qui secouait ses cheveux blond et bouclés avec inquiétude. A ses côtés, Julien lui souriait d'un air mi-amusé, mi-navré, qu'il ne comprit pas. Il se sentait pourtant tellement bien.

– Nan, lui c'est plutôt le raisonnable de la bande. Les pochtrons c'est nous, lui c'est notre papa qui vérifie que chacun rentre bien chez lui en bon état et qui nous surveille quand on part en couille.

– C'est mignon...

- Ouais c'est tout Vic. Mais là, il s'est bien lâché!

– Il fallait s'y attendre.

La voix profonde de Julien berça le jeune homme ivre qui referma les yeux. Il était à deux doigts de s'endormir mais ne parvenait pas à s'en préoccuper.

– Il était assez déprimé... Cette situation le bouffe même s'il fait genre que tout va bien. Putain, si je tenais cette connasse! Il est beaucoup trop gentil avec elle!

– Julien...

   Sophie intervint avec fermeté.

– Ce ne sont pas nos oignons. Les histoires de couple c'est compliqué et on ne peut jamais savoir le fond du problème. Même si dans le cas présent... Bref... Là, maintenant, le souci c'est de savoir ce qu'on va faire de la belle au bois dormant.

   Le bras tiède bougea, faisant remuer le jeune homme qui protesta devant la perte de son oreiller. Il se laissa tomber un peu plus bas et laissa échapper un soupir ravi en trouvant une surface plane et confortable.

– Il ne peut pas dormir chez vous?

– Nan. Mes parents sont dans la chambre d'ami et ma sœur dans le canap, c'est mort pour ce soir.