Chapitre 8

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Le vent frais lui caressait la peau et l'air iodé de la mer lui rappelait à quel point elle était heureuse. Sur la digue, les promeneurs profitaient du soleil et de cette douceur qui était propre à la Méditerranée.

Elle entendit au loin un rire, le rire d'une femme. Ce rire lui semblait familier. Elle se retourna et vit sa grand-mère, Mama Carmen. Elle était rayonnante, au sens figuré comme au sens propre. Sa peau était si blanche que la lumière du soleil s'y reflétait. Elle était la seule de la famille à avoir une peau aussi claire. Ses cheveux d'un blond si pur flottaient avec la brise. Son sourire lumineux répendait la joie autour d'elle. Ah, Mama Carmen... 

Alors qu'elle s'apprêtait à rejoindre sa grand-mère dans le seul but de la prendre dans ses bras, un long et puissant bruit la figea sur place, l'empêchant de faire le moindre mouvement. Tout à coup, la terre se mit à trembler et tout s'effondra devant ses yeux. Les immeubles tombaient les uns à la suite des autres et les gens courraient dans tous les sens, le regard paniqué. Incapable de bouger, elle voulu crier mais aucun bruit ne sortait de sa bouche. Devenue muette, personne ne prêtait attention à elle, ne faisant qu'accentuer sa peur. Lorsqu'elle leva la tête, elle vit sa vie défilé devant ses yeux, en plus du batiment de briques qui lui tombaient dessus au ralenti. 

- AAAAAH !

Elle se releva en sursaut. Dégoulinant de sueur, elle regarda autour d'elle et reconnu sa chambre parisienne, bien loin de la plage espagnole où elle pensait se trouver il avait de cela une minute. Ce cauchemar qui, bien que boulversant, lui paraissait inoffensif, prit tout son sens lorsqu'un bruit strident secoua la pauvre Sarah une seconde fois. Ce n'était autre qu'un bruit de perceuse. Elle se dit alors que vu l'intensité du son, il ne devait pas y en avoir qu'une. Le bruit venait de l'appartement d'à côté. 

Elle vivait dans un batiment assez moderne, haut de neuf étages et qui offrait, sous certains angles, une vue splendide. Il avait également la particularité d'avoir des murs très fins, au point que certaines indiscrétions pouvaient s'entendre facilement. D'ailleurs, son voisin de palier avec qui elle partageait une grande partie de ses murs, avait une obsession pour la propreté. Il était tellement maniaque qu'il passait l'aspirateur tous les jours, à heure fixe et ce pendant un laps de temps qui, selon Sarah, ne convenait pas au nettoyage d'un sol. Fort heureusement pour elle, celui-ci était parti trois mois plus tôt. Après quoi l'appartement voisin avait été mis en location. Mais depuis une bonne semaine, un nouveau locataire s'y installait. Elle ne l'avait encore jamais vu mais elle le trouvait déjà trop bruyant. 

Après quelques minutes de réflexion, elle décida de ne plus y prêter attention. Elle avait une journée chargée devant elle. Elle commencerait par aller faire des courses, puis elle travaillerait sur le projet de rénovation en cours, après quoi elle avait rendez-vous chez le médecin pour un contrôle de routine. Le soir, elle était invitée à diner chez sa tante Victoria. Toute la famille serait présente et, selon les directives de sa tante, c'était « un diner à ne pas manquer ». 

Deux heures plus tard, elle était de retour de ses courses. Les bras chargés de sacs, elle se dirigea vers l'ascenseur qui l'emmena au neuvième étage. À peine sortie de l'ascenseur, elle se fit violemment bousculé par un homme chargé, lui aussi, mais de lourds cartons. Elle poussa un petit cri de surprise, qui se changea vite en un cri de stupeur lorsqu'elle vit sa boîte d'œufs écrasée au sol, baignant dans une flaque visqueuse. 

- Oh mon dieu ! Excusez-moi ! Je suis vraiment désolé ! dit l'homme en s'agitant dans tous les sens. 
- Ne vous inquiétez pas, dit Sarah agacée et contenant sa colère. Ce ne sont que des...
- Eh mais je vous connais, la coupa-t-il de façon abrupte. 

Alors qu'elle ne lui avait pas adresser de regard depuis leur collision, Sarah leva les yeux vers le jeune homme qui se tenait devant elle et qui avait l'air d'avoir oublié le saccage alimentaire qu'il venait de causer.

Effectivement, elle le connaissait. Enfin, c'était un grand mot. Elle ne l'avait vu qu'une fois et cela n'avait pas durer plus de trente secondes. 

- Vous êtes ma nouvelle collègue, c'est ça ?
- Je... Je vous demande pardon ?
- Mais oui ! On s'est rencontré dans un couloir l'autre jour. Vous ne vous en souvenez pas ? 
- Si, si, bien sûr ! 

Il la regarda une poignée de secondes avant de se rendre compte qu'il n'avait toujours pas arrangé le problème des oeufs qui se répendaient sur le sol. 

- Je vais vous aidez, ne vous en faites pas. Je reviens. 

Il dispuaru aussitôt dans son appartement, laissant Sarah seule sur le palier, complètement désorientée. Cet homme était celui qu'elle avait rencontrer au travail avec Elisyan. Mais il était apparement son nouveau voisin. Jusqu'ici tout lui semblait clair et même amusant, tant les évenements cohinsidaient. Mais ce qu'elle n'avait pas compris était qu'il l'avait appelée sa « nouvelle collègue ». Alors qu'elle essayait d'entrevoir une logique dans les propos du jeune homme, ce dernier réapparu avec des produits ménagers et de quoi essuyer le sol. 

Alors qu'ils nettoyaient les dégats de leur collison, il engagea la discussion en essayant de parler d'autre chose que de blancs d'œufs et de coquilles. 

- Au fait, vous ne vous êtes pas présentée. Vous êtes...

« Quel culot ! pensa-t-elle. C'est lui qui a détruit mes courses et c'est moi qui dois me présenter à Monsieur ! »

Elle se força à faire preuve de bonne volonté et se présenta. 

- Je m'appelle Sarah, Sarah Hernandez. Et vous ?
- Hardin Anderson. 

La jeune femme s'arrêta net dans son geste. Anderson... Elle ne connaissait que trop bien ce nom. Ce pouvait-il que...

- Vous êtes de la famille de Monsieur...
- Esteban ? Oh, oui ! C'est mon frère ! l'interrompit-il une fois de plus. 
- Votre...
- Oui, je sais on ne se ressemble pas vraiment, mais on est bien frère je vous l'assure !

Sarah, troublée, balbutia quelques mots pour dire à son nouveau voisin à quel point elle était enchantée de le connaître.

Ils finirent le nettoyage et Hardin aida Sarah à faire rentrer le reste de ses courses chez elle.

- Bon, eh bien... Je vous souhaite une bonne journée. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous savez où me trouver. Encore désolé pour vos œufs.
- C'est oublié. Passez une bonne journée !

Lorsqu'elle eut refermé la porte de son appartement, Sarah fit une pause de quelques minutes, le temps de se remettre les idées en place. Tant d'informations dans un laps de temps si réduit était relativement compliqué à assimiler. D'autant plus que ce qu'elle venait d'apprendre n'était pas anodin.

Elle fit le point sur les dix dernières minutes et en conclut que cet homme était son nouveau voisin, mais également son collègue et le frère de son patron. C'est en rangeant ses courses dans les placards de sa cuisine que lui revint en mémoire le nom qu'avait prononcer son voisin. Esteban. Son patron s'appelait donc Esteban Anderson. En surface, cette précision semblait futile mais étrangement, elle était perturbante pour la jeune femme. Elle ne savait d'ailleurs pas pourquoi.

The Boss ManOù les histoires vivent. Découvrez maintenant