Chapitre 1 : Bleu saphir

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Voxx Coffee, Seattle

Lundi 5 septembre

[Lizzie]

— « Voilà pour vous », me lance la serveuse en me tendant mon café à emporter.

Je saisis le gobelet cartonné encore chaud.

— « Merci », lui dis-je en souriant.

Je paye par carte avant de quitter le Voxx Coffee, bondé massacre à cette heure-ci. Tout le monde vient chercher son café avant d'aller au boulot et je ne fais pas exception.

Je sors du café, me retrouvant sous le porche du gratte-ciel.

Le Cabinet Richardson – le cabinet d'avocats réputé dans lequel je travaille depuis deux ans maintenant – se situe dans l'Union Square, l'immeuble juste en face.

Je m'avance vers les petites marches menant au trottoir en tournant la tête. Je croise mon reflet dans la vitrine du café.

Mes cheveux couleur champagne retombent négligemment autour de mes épaules malgré ma tentative de les discipliner. Je savais que j'aurais dû les attacher. Mes yeux d'un vert kaki fade ne dénotent pas du ton grisâtre de la vitre. Qu'est-ce que je hais leur couleur. J'aurais pu avoir les yeux vert émeraude de ma mère, mais à la place, j'ai hérité de cette atroce couleur sans éclat.

Mon tailleur gris amincit ma silhouette, contrastant avec les baskets que j'ai aux pieds. N'habitant pas loin, je viens au travail à pied. J'enfile donc mes talons aiguilles une fois arrivée au bureau.

Un homme au téléphone passe à ma droite, s'interposant entre mon reflet et moi, mettant ainsi fin à l'observation de ma propre image. Je reprends mon chemin en buvant une première gorgée de ma boisson. La chaleur du liquide descendant dans ma gorge me revigore. Le ciel est d'un gris morose et les températures démontrent clairement que l'automne approche.

Je rejoins le passage pour piétons afin de rejoindre l'Union Square, quand soudain un homme me bouscule, reversant la moitié de mon café à terre. Sérieusement ?

Il traverse à la hâte, sans regarder. Il est vraiment pressé.

La suite des événements se passe trop vite pour que je les suive. Des coups de klaxon se font entendre, des crissements de pneus sur le bitume font siffler mes tympans et des cris s'élèvent autour de moi.

L'homme vient de se faire percuter par une voiture.

Les véhicules du carrefour entre la sixième avenue et University Street s'immobilisent. Les gens sortent de leur voiture alors que le chauffard ayant renversé l'homme prend la fuite.

— « Écartez-vous ! Je suis médecin ! », s'écrie un homme en se frayant un chemin dans l'amas de personnes venant de s'agglutiner autour de la victime.

Je peux déjà entendre des sirènes au loin, signe que quelqu'un a appelé les secours.

— « Il est mort », lance tristement l'homme s'étant désigné comme médecin.

Tétanisée, j'observe la scène de loin. Je rembobine les images dans ma tête. Comme de nombreuses personnes, je viens d'assister à la mort de quelqu'un.

Alors que les passants entourent encore le cadavre, mon regard est attiré par quelque chose.

Non, pas quelque chose. Quelqu'un.

Une silhouette vêtue de noir se trouve là, juste derrière la foule comme si elle sortait de celle-ci. Mais qui est-ce ?

Je continue à observer l'inconnu, les sourcils froncés. Un élément me frappe alors. Une faux est accrochée dans son dos.

THE REAPER [En attente]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant