Moussor Bi

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## La mode c'est sérieux !

Novembre approche, le mois pour les nouvelles découvertes, des défis et du dépassement de soi. En Novembre, le climat est doux à Dakar et où l'on se prépare à accueillir le dernier mois qui clôturera une belle ou mauvaise année. Toute l'équipe éditorial de Moussor Bi le savait. Au magazine tout le monde s'active comme si l'on assistait à une campagne présidentielle, personne n'a le droit à l'erreur, parce que la mode est sérieuse !
Les esprits s'échauffent, la température est immonde et le sacrifice se fait sentir. Certaines personnes détestent ce mois, parce qu'il vient avec son lot de stress avant l'évaluation de fin d'année et d'autres y voient une opportunité de travailler plus afin d'obtenir une promotion. Chez Moussor Bi, la décoration du magazine est à la fois épurée et élégante, elle a obtenu plusieurs critiques positives saluant ainsi son cadre vivant et ultramoderne, ce qui valut d'ailleurs l'ascension de nombreux CVs des Sénégalaises, qui affluent chaque jour au département des ressources humaines à tel point qu'Aminetou est obligée de penser à une nouvelle stratégie afin de mieux gérer toutes ses demandes. Toutes celles qui ont cette petite veine qui ne transmet que l'amour de la mode à tout le corps, veulent travailler pour Moussor Bi et sa directrice et rédactrice en chef, Loula Lo.

Aujourd'hui encore plus que d'habitude Diary , Marie et les autres devront se surpasser à la réunion de propositions pour la Une de Novembre. Le magazine a affiché un score très satisfaisant pour le mois d'octobre, un mois particulièrement pénible où la chaleur devient un ennemi puissant. Pour ce mois, Loula a choisi comme couverture la célèbre actrice Adja rose Ndiaye, qui a conquis le cœur des sénégalais de par sa singularité à faire ressortir les plus profondes émotions. En la choisissant, Loula voulait montrer au monde le talent des actrices sénégalaises, mais pas que, leurs beautés et la culture si riche. Et mettre aussi en valeur la femme africaine à travers la mode, l'art, la nourriture, la musique, la politique et le cinéma. Le magazine abordait tous les sujets où l'impact de la femme est indéniable. Comme Loula aimait à le dire « Le Moussor, c'est l'art sénégalaise d'attacher le foulard et de donner à cette Linguére autrefois reine, une prestance inégalable ».
Pour ce mois important, Loula a choisi la nouvelle styliste, modéliste et mannequin du moment Aicha Kébé. Toutes les célébrités se l'arrachent, elle a un je-ne-sais-quoi de la mode qui donne un rendu bluffant et artistique. Après 10 ans de mannequinat, elle décida de créer son entreprise qui porte son nom afin d'habiller la jet-set sénégalaise. Elle sera à la Une du magazine, Loula tient particulièrement à son interview qui permettra à plusieurs jeunes femmes de quitter le monde de la prostitution. Une seconde chance, voilà ce qu'a bénéficié Aïcha Kébé.

Chaque matin c'est le même rituel, Loula arrive au magazine telle une Miranda Presley. Captivante, sophistiquée avec une petite touche d'insolence, une carrure terrifiante qui à chaque fois qu'elle franchissait les portes de l'immeuble où est installé Moussor Bi, se ressent une panique injustifiée. Ce lundi matin comme à son habitude Malick Ba, chauffeur personnel de Loula et aussi son photographe avait comme tâche d'informé Diary de leur arriver imminente . Cette information anodine pour le commun des mortels avait son importance pour les collaborateurs, cela leur permettait de retourner à leur travail ou du moins faire semblant pour certains.
Contrairement à Miranda Presley, Loula reste quand même raisonnable dans la mesure du possible. Elle se laisse une marge d'espoir afin de croire que tout le monde fait bien son travail.
Diary est l'assistante en chef de Loula, mais pas que, elle gère aussi la rubrique maquillage étant une passionnée et; c'est une journaliste de formation. Elle aborde le maquillage avec beaucoup d'empathie et d'amour ce qui en fait une thérapie pour les lectrices. Elle supervise aussi les shooting et les interviews, prépare les déplacements pendant les nombreuses fashion weeks et organise les réunions de sélection.
— Marie s'il te plaît envoie un mail à tout le monde, Loula arrive dans 5 min. Tu iras prendre au dressing les escarpins Chanel noirs elle en veut 5. Dépêche toi, Ordonna Diary d'un ton calme et joviale. C'était les dernières réglages avant d'entamer la réunion.
— Oui Patronne ! Répondit Marie sourires aux lèvres. « Je n'ai jamais compris pourquoi on devait informer tout le monde de l'arrivée de Maléfique ». Se dit-elle. Marie était la seconde assistante, elle se charger de l'agenda de Loula pour ses déplacements nationaux et internationaux , d'assister le styliste en chef du magazine, de gérer le planning des mannequins que Loula doit sélectionner, gérée ses repas et autres besoins personnels. Marie avait d'autres ambitions qu'être une assistante, Son égo ne lui permettait pas de se limiter intrinsèquement à cela. Étant diplômé de la prestigieuse école de mode à Paris "LISAA Mode", où elle étudia pendant cinq ans avant de s'envoler pour New York. Le milieu fallacieux de la mode n'avait aucun secret pour elle. Une fois le mail envoyé, elle se dirigea vers le dressing des chaussures; en chemin on pouvait apercevoir les uns s'activaient à finir un travail et les autres soignés leurs apparences, car oui dans un magazine de mode, l'apparence n'est pas trompeuse.
L'arrivée de Loula n'avait rien de spectaculaire pour le reste des sénégalais , cependant certaines personnes voyaient en elle une icône de la mode et une redoutable femme d'affaires. Elle franchit les portes de l'immeuble avec dignité portant un ensemble pantalon et blazer rouge oversize de la marque Kenyane : The Lov. Sans oublier son foulard riche en symbole rappelant ainsi sa foi, ses origines et pour ainsi dire son identité. Elle Opta pour des escarpins Valentino vert émeraude, qui à chaque pas effectué était bien calculé, on se retourner pour admirer son aura, sa prestance telle une déesse dégageant une certaine sensualité immersive.
Loula partagea l'ascenseur avec deux autres femmes qui la saluèrent aussitôt. « Bonjour Loula, vous allez bien, lança l'une d'elle qui se tenait juste à son côté gauche. Elles travaillaient au service juridique, qui se trouvait au 6é étage. Partager l'ascenseur avec Loula est une occasion en or pour celles qui espèrent faire carrière « Je vais très bien merci et vous? Rétorqua Loula tout en appuyant sur le bouton 5. Moussor Bi se trouvait au 4, 5, 6 et 7  d'un immeuble de 8 étages.
— Nous allons bien merci, répondirent-elles en même temps. Elles se regardèrent satisfaite de la réponse de Loula.
— J'aime beaucoup ton sac, il est de qui ? Continua Loula en s'adressant sans se retourner  à celle qui se trouvait juste derrière elle.                                                                                                                     — Oh euh ! C'est ma meilleure amie qui les fabrique. C'est une passionnée de maroquinerie. Elle se tue et fixa son amie l'air choquée.
— Hmm interessant. L'ascenseur s'arrêta au 5é étage, elle sortie une carte de visite et le donna à l'une d'elle et répliqua « dites à votre amie de m'appeler » Bonne journée.
Les deux jeunes femmes étaient abasourdies, jamais dans leur rêves les plus fou, elles n'auraient imaginé un tel scénario. Celle qu'on appelé de temps à autre pendant les pauses cafés "Maléfique"venait d'avoir une conversation avec elles, mieux une opportunité d'affaire.
                                                            
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Certains rêves mettent du temps à se réaliser, d'autres se réalisent facilement et la plupart ne verront jamais le jour. Nogaye avait la chance de réaliser son rêve sans l'intervention d'une bonne étoile ou d'un bras long, mais d'un bon CV. Elle allait commencer son premier jour de travail dans un très grand magazine de mode, et travailler par la même occasion pour Loula Lo. Elle allait être son assistante en chef, la future remplaçante de Diary. En effet, Diary a été promue et dorénavant elle sera la Directrice adjointe responsable du pôle médias et réseaux sociaux de Moussor Bi. C'était une promesse de Loula, aucune assistante ne reste plus de 3 ans sans être promue si toutefois elle fait bien son travail. Nogaye allait commencer dans une semaine, quand elle reçue le coup de fil de Diary pour lui annoncer qu'elle venait d'être sélectionner, l'émotion dans sa voix était vive. Ce moment là plus que jamais la présence tant voulue de sa mère aurait été désespérément souhaitable. Quand elle raccrocha, sa joie fût de courte durée. Elle se tourna vers le grand portrait de sa mère. Une photo, un sourire lumineux et une posture de reine, c'était Sira Abdoulaye Diop. D'autant l'appelait la femme qui savait lire dans les yeux, Sira avait ce don de deviner la détresse des autres rien qu'en les regardant. Son métier de gynécologue l'a poussa à créer une association d'aides aux victimes de violences sexuelles, conjugales, mutilations... Son combat était salutaire, à travers le monde on connaissait la valeur de Sira. Nogaye se sentait responsable de sa mort, elle fixa sa mère avec tant d'amour et de désespoir, qu'un moment elle ne sentait plus son cœur battre. Sira est morte 2h plus tard après la naissance de Nogaye d'une embolie pulmonaire. Personne n'avait rien vu venir, le personnel compétent ne pouvait plus rien faire pour leur tendre amie, collègue et soeur.
Nogaye ne connaîtra jamais la chaleur d'une mère, cette chaleur qui symbolise un amour que Dieu a béni. Non! Elle ne tètera pas le sein de sa mère, pas n'importe quel lait, celui-ci est différent. C'est le lait maternel.
Une mère est un être humain doté de super pouvoirs, une héroïne capable de voir et comprendre l'inconnu. Protéger, valoriser et se sacrifier pour ses adorables petits. Nogaye avait perdu un pilier, un élément essentiel à sa vie, cependant la vie lui a donné de quoi se raccrocher. Ses deux grands frères ,sa tante maternelle et sa grand-mère paternelle qui l'ont éduquée.
Pendant qu'elle essuyait ses larmes, Khadim Touré fît son entrée dans le salon principal qui se trouvait au rez-de-chaussée. Comme à son habitude d'un ton taquin et joyeux, il se glissa sur le premier canapé afin d'y trouver réconfort. Nogaye se trouvait là, toujours debout devant le portrait de sa mère; Khadim se mit à l'appeler :
— Nogaye Chou, Nogaye!Nogaye! Cependant aucune réponse n'émana de la concernée. eh oh... il l'appela à trois reprises puis se redressa afin de mieux regarder son visage. Nogaye essuya ses larmes puis son nez qui coulait à la douleur, Khadim se leva d'un pas inquiet, de ses bras musclés, il retourna sa soeur qui s'essuyait encore.
— Oui grand-frère, désolée je ne t'ai pas vu venir. Tu me disais? Répondit-elle avec une voix légère et tremblante.
— Est-ce que ça va ? Pourquoi tu pleures ? Le questionna t'il. Il s'est passé quelque chose ? Il posa sa main sur son épaule afin de la consoler.
— Ne t'inquiète pas, ce n'est rien. Puis elle tourna la tête vers le portrait de sa mère. Khadim leva la tête à son tour et comprit aussitôt. Quelque chose venait de se passer. Il répliqua : écoute petite sœur, tu devrais arrêter de pleurer. Maman nous manque aussi à Seydina et moi, c'est bientôt son anniversaire et j'imagine ta peine, néanmoins elle a besoin de prières. Arrêtes de te faire du mal. Il l'a fixa avec beaucoup d'attention tandis qu'elle fixait sa mère.
— Non grand frère, je ne pleure pas pour cela. J'ai reçu un appel important. Khadim retint son souffle. Puis elle continua cette fois en regardant khadim, mouchoir à la main, voix tremblante. J'ai eu le boulot, je vais travailler pour Moussor Bi.
— Ouf! Alhamdoullilah, mais c'est une bonne nouvelle. C'est ce que tu voulais non ? Alors pourquoi tu ? Sans même attendre la réponse de Nogaye, Khadim comprit. Elle aurait voulu encore une fois, partager cette nouvelle étape de sa vie avec sa tendre maman.
Nogaye s'assît sur le fauteuil rose pastel juste derrière sa mère et dit « Tu as raison, j'arrête de pleurer !C'est une bonne nouvelle, et c'est le boulot de mes rêves. se convainquis t-elle en essuyant encore une fois ses précieuses larmes qui coulaient innocemment».
— Exactement, Nogaye! Maman serait tellement fière de la femme courageuse que tu es devenue. Même le commandant est bluffé. Répondit khadim. Nogaye sourit légèrement, elle venait de reprendre goût à la vie.                                                                                                                                  — En parlant de lui tu sais quand est-ce qu'il revient ? s'interrogea t-elle !                                         
— Il est déja à Dakar, actuellement il est au ministère. Ah bon! il ne m'a pas appelé ! répondit Nogaye. Il voulait te faire une surprise, mais tu sais que je ne suis pas doué pour garder les secrets. Peux-tu m'apporter du café comme tu sais bien les faire ? dit-il tout en s'allongeant sur le canapé. La cadette de la maison des Touré redoutée la réaction de Seydina Omar, ce dernier aurait voulu qu'elle fasse autre chose qu'être assistante.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 08, 2023 ⏰

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