Chapitre 1 : KIARA

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                                                                           Mardi 19 janvier 2021

                                 8h 30 – Hôpital psychiatrique deSaint-Solgrève

Je gare ma voiture sur l'immense parking réservé aux employés de l'hôpital. Je ne pourrai me lasser de la beauté du domaine et des longues et vastes allées entourées d'arbres. Les chemins qui mènent jusqu'au perron sont séparés par un gigantesque cercle de plantations, composées de fleurs, de plantes et d'herbe fraîchement coupée. Une multitude de bancs sont disposés dans tout le parc et nous pouvons y voir des patients assis. Certains jardinent au potager et d'autres se promènent en chantonnant ou en parlant à voix haute. Les patients qui peuvent sortir sont les plus calmes, capables de profiter de la nature fertile qui se trouve au-dehors de notre hôpital.

Ce matin, la lumière est vive et le ciel d'un bleu resplendissant. Les oiseaux sifflent leur symphonie quotidienne et créent, à eux tous, une harmonie sans pareille. L'odeur des fleurs ou encore de la terre arrosée hier par la pluie chatouille mes narines lorsque je passe à côté des grands jardins. Les graviers crissent sous mes pieds, indiquant mon arrivée. Je marche jusqu'à la majestueuse porte, magnifiquement ornée d'une arche. Le bâtiment doit bien mesurer dix mètres de haut, composés de cinq étages. La devanture a été fraîchement repeinte d'un rose bonbon charmant qui donne une image bien plus calme qu'il n'y paraît en réalité. L'architecture, elle, est délicate et plutôt moderne. Les grandes fenêtres habillent parfaitement cette immense bâtisse. Quant à la porte, elle est en bois, sculptée avec de nombreux détails racontant une histoire que je ne peux comprendre.

Lorsque je l'ouvre, l'atmosphère qui règne à l'intérieur contraste royalement avec l'air pur et le calme environnant de l'extérieur. Le personnel circule d'une chambre à l'autre, les cris résonnent entre ces murs d'ivoire. Le temps semble s'être accéléré depuis que j'ai passé l'embrasure de la porte. Les nombreux va-et-vient des employés s'enchaînent : ils courent après des patients qui se sont enfuis ou encore après la multitude de tâches à faire en ce mardi matin. Je sais par avance que ma journée va être fatigante et que je ne retrouverai le calme qu'une fois chez moi.

Tout est incroyablement riche et luxueux à l'intérieur. De grands tableaux colorés décorent les murs blancs et fades de l'hôpital. S'il n'y avait pas tout ce vacarme et ce mouvement incessant, on pourrait presque croire qu'il s'agit d'un somptueux château des siècles précédents. Mais ce beau déguisement ne cache pas, cependant, la détresse qui se trouve entre ces murs.

Un patient se fait violemment emmener à l'arrière de l'hôpital et il crie des menaces à faire frissonner quiconque l'entendrait. Les patients plus tranquilles, quant à eux, ont le regard perdu dans le vague, comme s'ils n'étaient déjà plus de ce monde. D'autres parlent seuls. À l'intérieur, le calme complet est rarement présent. C'est notre quotidien. Mon quotidien. Je travaille ici depuis maintenant quelques années, depuis que j'ai fini mes études d'infirmière. Aujourd'hui est un jour particulier pour moi, car je vais monter en grade pour exercer le poste d'infirmière psychiatrique référente. Je vais désormais m'occuper des entrées et sorties des patients et diriger une équipe de plusieurs membres.

Alors, au lieu de prendre le chemin de la salle de pause où se trouve la liste des patients à aller voir comme tous les matins, je m'oriente vers l'ascenseur qui me mènera au quatrième étage, vers le bureau du directeur. Je me suis particulièrement bien habillée, d'un pantalon et d'une veste de costume noire. Mes cheveux sont attachés en une queue de cheval tirée. « Peut-être ai-je fait trop d'efforts », me dis-je en apercevant mon reflet dans le miroir. Mais ce n'est pas pour rien. Il s'agit de ma première promotion depuis que je suis entrée dans le milieu du travail.

L'énigme de Saint-Solgrève : Voyage vers l'entre deux mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant