chapitre 23

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Point de vue Eva

Une chaleur étouffante me tire de ma léthargie. Puis mon corps est projeté de droite à gauche. Ma tête claque contre une paroie métallique. Je crois que je suis dans le coffre d'une voiture. Je ne peux pas bouger, je suis pieds et poings liés. Un bandeau masque ma vue et un morceau de tissus infecte est enfoncé dans ma bouche jusque dans ma gorge. J'essaye de dégager mes poignets mais je ne parviens qu'à me blesser davantage. Une douleur lancinante perfore mon épaule et je sens un liquide poisseux qui en coule. J'ai failli à ma mission. Je n'ai pas su protéger Kamal. Il n'a pas pu atteindre la safe room tout seul, avec ses petites jambes. La seule chose qui me rassure, c'est qu'il n'est pas dans ce coffre à ce moi...
Une fatigue intense me saisit et je ferme les yeux. Une pensée me traverse alors: reste consciente. Ne te laisse pas aller...
Je me concentre sur la conduite de mon kidnappeur. La course de la voiture a l'air folle. Il roule dans une ville. J'entends des cris, des girophares, des crissements de pneus.  Il faut une brusque embardée et je suis projetée contre le coffre. Soudain,  je sens quelque chose qui se décroche de la paroie et tombe sur mes mains. C'est du plastique. Je tâte l'objet et on dirait une sorte de valise. Je la tourne dans tous les sens et en trouve les attaches. Je les fais sauter et découvre le contenu à tâtons. C'est un long tube courbé en métal que je touche en premier. Je comprend alors: c'est un élément d' un cric pour changer une roue. Je sens le losange en métal en Dessous. J'extrais difficilement la première pièce et la coince sous moi pour éviter qu'elle se cogne partout et attire l'attention. Une nouvelle embardée manque de me faire perdre la boîte. Je tâte le métal du losange et au milieu, je sens un autre objet... Un tournevis! J'utilise la pointe et la frotte contre les serflex qui m'entrave. J'écorche mes poignets mais au prix de multiples efforts, j'arrive à détacher mes mains tout de même. J'arrache mon baillon et mon bandeau. Il y a un petit jour au niveau de la banquette. J'y met mon oeil et vois que mon kidnappeur n'est pas seul... Il est accompagné de Al-Rafiq...
Quel salaud! J'aurai dû m'en douter. J'ai envie de les insulter de tous les noms, mais il fait mieux que je reste discrète. Qu'ils me croient endormie et inoffensive. Je parviens à détacher mes chevilles en me tortillant et je sens qu'on s'est éloignés de la ville. La conduite est moins sportive, les bruits se sont éloignés. Je prends le long tube de métal dans ma main et le dissimule le long du coffre. Je dois juste me battre pour rester consciente maintenant, et au moins amocher un de ces deux salopards. Nous roulons encore une bonne heure avant que le jour commence à décliner. La fatigue m'étreint et je sais que je ne tiendrais plus longtemps. Les deux hommes parlent en arabe à l'intérieur et Al-Rafiq se frotte les mains. Un paysage rocheux apparaît et la route devient cahotique. Chaque cahot me tire du demi sommeil où je suis tentée de plonger. Soudain, je sens une agitation et des cris retentissent autour de la voiture. Le conducteur donne plusieurs coups de klaxon et la voiture s' arrête. Je sens la remontée du frein à main et les portières claquent. On appelle quelqu'un à grands cris et quelqu'un tapote le coffre de la voiture, comme on flatte l'arrière-train d'une jument qui vient de gagner une course. Les voix se rapprochent et mes mains se serrent autour du tube métallique. Je fais semblant de fermer les yeux et le coffre s'ouvre vivement. Une voix que je reconnaîtrais entre mille s'exclame:
"- voilà donc la reine du jour... Ella... Bon retour auprès de ton papa chéri..." Je sens qu'on se penche au dessus de moi, comme pour me soulever, et à cet instant précis, je brandis mon arme de fortune et l'abat de toutes les forces sur l'homme qui me surplombe.

Série: L'otage. Tome 3. un cheikh impitoyableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant