Série: L'otage. Tome 3. un cheikh impitoyable

chapitre 26

Point de vue Karim.

La douleur continue broie mon corps. Mon coeur et mon cerveau tournent en boucle: j'ai failli sans avoir pu sauver la femme de Kasim. Je ne mérite que la mort. J'ai failli à ma mission. Je peux mourir, mon fils est en sécurité avec l'infirmière. J'en suis certain. Kasim prendra soin de lui quand je serai parti, même si je le déçois en ne respectant pas mon serment. Mes forces m'abandonnent progressivement. J'entends des voix autour de moi et je suis soulevé par plusieurs hommes qui m'abritent du soleil. On s'agite autour de moi, on compresse ma blessure. Je sens le sang qui se repend à même ma peau. C'est flasque, chaud et collant. La vie me quitte de seconde en seconde et j'accepte mon destin. Une dernière pensée pour mon fils et une prière pour que l'armée ou que Kasim puisse sauver sa femme. Réussir là où j'ai échoué. Je ferme les yeux.

Point de vue d'Eva.

La douleur traverse tout mon corps. Et les quelques forces qui me sont revenues sont déjà en train de me quitter. Je sens une étreinte chaleureuse autour de mon corps. Je me sens a la fois douloureuse et à la fois tellement bien. Est ce que c'est ça la mort? Je sens un souffle chaud contre ma tempe. Quelqu'un parle à mon oreille mais je ne comprends pas vraiment. La voix est suppliante mais je ne comprends pas, je ne peux pas l'aider. Quelque chose frotte contre mon nez, contre ma joue, et mouille ma peau. Des cils? Quelq'un est en train de pleurer? La voix appelle mon prénom. Je connais cette voix.
"- Kasim?"
"- je suis là malaki... Tiens bon. Je les ai eu, ils ne te feront plus de mal. Ni mon frère ni ton beau père. C était lui dans la grotte n'est ce pas?"
J'acquiesce en clignant des yeux mais déjà mes forces m'abandonnent.
Il me berce doucement et reprend sa litanie. Kasim me presse contre lui et donne des ordres en arabe qui m'échappent. Il murmure contre mon oreille:
"- ahibik kathiran"
Je n'ai pas besoin qu'on me traduise ses mots, car ils s'adressent directement à mon coeur.
"- moi aussi je t'aime Kasim" et je ferme les yeux.

Point de vue de Kasim

Elle a dit qu'elle m'aimait, comme si elle me disait au revoir. J'hurle sur mon garde qui vient de se garer devant l'hôpital. Je nous arrache tous les deux à l'habitacle et entre comme un fou aux urgences. Je la dépose sur un brancard et les urgentistes se précipitent sur nous et commencent à prendre en charge ma femme. Je m'effondre à l'instant même où elle passe la porte du bloc. Un de mes hommes me rejoint à cet instant et me retient avant que je ne touche le sol. Ma jambe s'est dérobée sous moi et en regardant autour de moi, je vois une flaque de sang d'élargir. J'ai été touché au mollet et je ne l'ai même pas senti. Un urgentiste me prend en charge à son tour, mais je suis dans un tel état de nerf que mes hommes sont obligés de m'attacher à mon lit, en dépit des ordres que je leur donne et des menaces délirantes que je profère. Un médecin finit par m'injecter un sédatif et je me sens glisser doucement dans l'inconscience. Ma dernière pensée cohérente est une prière pour sauver Eva. Je ferme les yeux.