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   Je roule, je veux rentrer à Boston au plus vite et pour ça, les limitations de vitesse n'existent plus. J'ai passé pratiquement une journée dans le train à l'allée et j'ai normalement plus de quarante heures de route au retour. Je ne veux pas louper trop de cours et j'ai besoin de m'éloigner.

   J'accélère encore, l'adrénaline remplace rapidement mes pensées et je retrouve cet état de bien-être, je ne pense plus à rien et lorsque mon compteur dépasse les 200 km/h je souris. J'aime ça et surtout j'ai besoin de ça.

   J'entends une sirène derrière moi et je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir que c'est après moi qu'ils en ont. J'accélère encore, oui ils ont des voitures puissantes mais elles n'égalent pas la mienne, et ils n'ont pas non plus ma façon de rouler.

   Je roule, les kilomètres défilent à une vitesse ahurissante mais je n'arrive pas à faire redescendre la pression. Les larmes dévalent toujours mes joues et je me mets à hurler en tapant sur mon volant.

   Je ne sais pas depuis quand je roule mais je m'arrête faire le plein. Il fait nuit et je décide de dormir un peu dans ma voiture avant de reprendre la route. Je m'allonge et ferme les yeux mais rien n'y fait, tout me revient en plein gueule alors je repars, écrasant la pédale d'accélérateur.

   Lorsqu'enfin je repère la maison, je soupire de soulagement, l'aube n'est pas levée depuis longtemps, un temps record d'environ 23h au lieu de 40h de route, je vais perdre mon permis moi.

   Je rentre dans la maison silencieusement et file m'enfermer dans ma chambre, je fais peur à voir là et je préfère autant repousser le moment où je vais me faire bombarder de question.
Je file sous la douche et le moins qu'on puisse dire c'est que l'eau me brûle la tronche. Je me lave rapidement et sors de la douche, j'ai cours dans quelques heures et je me refuse à les louper.
   Mon reflet dans le miroir me fait reculer. Je n'arriverai jamais à cacher ça. L'arcade ouverte, les égratignures sur mon front et ma joue sans compter sur l'hématome qui s'étend de mon œil à ma mâchoire en prenant toute ma pommette et la plaie en plein milieu de ma joue qui résulte du diamant de l'alliance de ma mère.

   Les larmes me montent aux yeux, ma serviette tombe et je m'accroche à l'évier en essayant de me contrôler. La vue de mes cicatrices me fait perdre le peu de contrôle qui me restait et j'enfonce mon poing dans le miroir dans un cri de rage.

   J'attrape mes sous-vêtements que j'enfile à la va vite avant de retourner dans ma chambre pour éviter mon reflet. Ça frappe à la porte et je sursaute, pendant un instant j'avais oublié que je ne vivais plus seule. Je m'habille à la hâte alors que les gars tambourinent sur ma porte.

" Tu vas ouvrir cette putain de porte ou je l'enfonce? S'énerve Cameron. Je lui ouvre et garde la tête baissée.
- Tu vas bien? Demande Louis.
- On va être en retard. Je réponds d'une voix plus brisée que je le croyais."

   Je passe devant eux et dévale les marches avant de rejoindre ma voiture. Les gars m'ayant suivi lâchent un magnifique "Putain!" synchronisés en voyant cette dernière.

   Je n'attends pas qu'ils s'extasient plus sur ma voiture et file vers mon cours en prenant mes lunettes de soleil restées dans la voiture. Le cours commence et après avoir passé deux heures à faire de la théorie, le prof affirme qu'on va enfin passer à la pratique.

" Cela sera votre premier cours pratique, nous allons nous entraîner sur les joueurs de l'équipe de basket et de hockey qui finissent leurs entraînements en même temps aujourd'hui. Déclare le prof alors que je me décompose.
- On va travailler sur eux? Demande une étudiante en retenant un gloussement.
- Oui. Je vous regarderai faire. On va se concentrer sur les muscles des jambes donc vous avez vingt minutes pour réviser théoriquement les mouvements. Il annonce alors que je sens une boule se former dans ma gorge."

   Je me plonge dans mes livres, sans vraiment avoir la tête à ce que je fais. Les gars seront là et pire que tout, Jonas sera présent. Lorsque le prof annonce qu'on doit quitter la salle, c'est en traînant des pieds que je me dirige vers la salle de pratique. Alors qu'on attend tous les joueurs des deux équipes dans la salle avec excitation pour les autres et stress pour moi, je me demande si je ne devrais pas faire semblant d'être malade.

   Un vacarme se fait entendre dans le couloir, je peine à retenir mon envie de vomir et mon mal de crâne augmente considérablement, entre mon manque de sommeil et les coups, je suis même étonnée d'être aussi en forme.

" Qu'est-ce que vous vous êtes fait à la main? Me demande le prof sérieusement.
- Rien d'important. Je réponds en fixant la porte d'où les voix des joueurs se rapprochent.
- Retirez vos lunettes mademoiselle Jetkings, il fait trop sombre pour travailler avec des lunettes de soleil. Il ajoute et je serre les dents.
- J'ai mal à la tête en ce moment, j'aimerai les garder. Je rétorque mais il reste impassible."

   Je le fixe pendant quelques secondes et je comprends à la tête qu'il tire qu'il se dit que je me suis battue en soirée et que j'ai la gueule de bois. Il est tellement loin de la vérité mais je n'ai tellement pas envie de lui expliquer, il ne pourrait pas comprendre alors je déglutis et enlève mes lunettes aux moments où les joueurs entrent dans la salle.
   Je garde la tête baissée pendant les explications du prof et du coach puis me dirige vers une table. Je ferme les yeux, inspire et expire profondément en espérant faire diminuer la pression qui s'exerce sur mes tempes et le bruit qui résonne dans mon crâne comme celui que ferai une équipe de rugbymans défoncés aux stéroïdes faisant un Aka.

  Alors que je relève la tête vers le joueur qui s'avance vers moi, les yeux scrutateurs et le sourire moqueur de Jonas m'apparaissent. C'est une blague?

Like the IceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant