1. the start of the nightmare

5 0 0
                                    

Je voyais son état se dégrader de jour en jour. Son teint pâlir. Son corps s'amaigrir, devenant seulement de la chair sur des os fragiles. Ses paupières closes. Toujours clos. Je n'avais qu'un désir. Pouvoir admirer ses pupilles noires une dernière fois, émanant d'un tel charisme et d'une telle bonté. Ses pupilles, qui, d'un simple coup d'œil, vous avertissait de rester sage. Ses pupilles qui traduisaient de la femme qu'elle était. La mère qu'elle représentait pour moi.

La regarder, assise sur ce fauteuil, m'était insupportable. Parce que mon unique pouvoir, si ça en est un, est l'utilisation de ma vision. Je ne pouvais que regarder ma grand-mère. Regarder son état déployable. J'étais face à la mort. À ce que déteignait l'horrible maladie qu'était le cancer.

<< Lèves toi, je t'en prie. Sanglotais-je silencieusement ? >>

J'aurais aimé qu'elle tourne son doux visage vers moi. Qu'elle me sourit, qu'elle me dise que cette séance de chimiothérapie se passera bien. Qu'elle rentrera à la maison et qu'elle me fera goûter ses ananas farcis pour la énième fois.

Mais le seul visage que je pus voir, était celui de son médecin. Il avait un visage empli de compassions. Oh, que je détestais ce visage. Je n'avais pas besoin de la pitié des autres, la mienne me suffisait amplement.

Je me levai. Me retrouvant face à cet homme. Il déglutit. J'avais l'impression d'être face à un gamin qui allait réciter sa poésie devant sa maîtresse.

<< Bonjour Manuela. commença-t-il. L'organisme de votre grand-mère résiste à la chimio. Le cancer s'est propagé et on observe une nouvelle tumeur se développant à l'extérieur du thorax.

Un bourdonnement se fit soudainement entendre, ce qui m'empêchait de rester focaliser sur la tirade du médecin. Ce bourdonnement se fit de plus en plus fort, si fort que je dus mettre mes paumes de mains sur mes oreilles. Mes genoux se retrouvèrent rapidement sur le sol froid de cette chambre. Mais je ne voulais pas me laisser abattre, pas avant que l'entièreté de mes espoirs se fit annihiler. Alors, j'adressai un regard, un regard si lourds de sens à cet homme. Je devais le savoir. Je devais l'entendre. Donc ces mots sortent de sa bouche. Ces trois mots que je ne pourrais jamais oublier.

<< C'est fini. >>

Je n'étais pas prête à dire au revoir à ma tante. Je ne serai jamais prêté à laisser une partie de moi s'envoler. Mais comment pouvez-vous espérer vous révéler quand vous êtes aussi brutalement confrontés à la réalité ? Que vous savez que sa mort vous attend ? Qu'est ce que je suis sensée faire ? Regarder ma montre, jusqu'à que le souffle de ma tante se rompt et qu'elle me quitte éternellement ? Je n'en étais pas capable. J'étais trop faible pour ça.

Je ressens cette douleur. Pas la douleur de mes genoux qui ont heurté violemment le sol. Mais une douleur au fin fond de mon âme. Une douleur que même les plus forts sanglots ne pourraient pas soulager.

Tic-tac. Tic. Tac. Tic...

Quelle horloge de merde !

Je me réveillai en sursaut. J'étais allongée sur le petit canapé en satin de la chambre. Mes jambes se balançaient dans le vide. Je suais affreusement. Et je regardais ma grand-mère. Ce n'était malheureusement pas un rêve. Et la douleur de mes genoux le prouvait également. Je décidais d'allumer la télévision. Tom et Jerry. J'adorais ce dessin-animé de gringos. Je me souviens qu'on le regardait tous les mercredis sur la vieille télé de ma voisine. Je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire. J'avais l'esprit un peu plus détendu.

Non, tu es juste dans le déni Manuela.

Je soufflai face à mon subconscient qui voulait me déstabiliser. Il ne me laissait aucun répit.

Je jetai violemment contre le sol la télécommande. Et au fond de moi, j'espère que ce bruit strident réveillerait ma tante. Qu'elle me crierait dessus en m'ordonnant de ne jamais abîmer les affaires des autres.

J'avais besoin de prendre l'air. Alors je laissai ma grand-mère seule dans cette morbide chambre le temps d'un quart d'heure. Les ruelles de Mexico étaient bondées. Je n'étais jamais venu dans la capitale autrefois. J'aurais préféré y séjourner pour une autre raison que celle-ci.

Je suis revenue avec un sandwich en mains. Je ne l'avais pas acheté pour moi, juste pour les chiens errants qui crevaient de faim dans la rue devant ses hôtels de riches.

J'entrai dans ce lieu macabre qu'est l'hôpital. Malgré son confort, malgré sa renommée. Je ne pouvais penser du bien de celui-ci. Il était l'endroit de tous mes problèmes. Sûrement celui où celle que j'aime le plus lâchera son dernier souffle.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Jul 25, 2022 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Le radeau du désespoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant