𝟐.

186 32 21
                                    










𝑒𝑡 𝑗𝑒 𝑚𝑒 𝑟𝑒𝑣𝑜𝑦𝑎𝑖𝑠 𝑡'𝑎𝑣𝑜𝑖𝑟
𝑣𝑢 𝑠𝑜𝑢𝑟𝑖𝑟𝑒 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑙𝑎 𝑝𝑟𝑒𝑚𝑖𝑒̀𝑟𝑒 𝑓𝑜𝑖𝑠...




Ce jour là, Izuku m'avait forcé le pas pour me montrer un lieu dont il était famillié. On avait traversé une partie du chemin à pied pour rejoindre les bas-fonds de Tokyo, d'après lui ça aurait été trop dangereux d'emmener une voiture jusque là. Je me souviens des flaques d'eau qui reflétaient le ciel obscure et les gouttes d'averse que pendaient les tuiles d'infrastructures. On avait atteint les rues des prostitués par ces chemins sinueux. Il y avait ces filles trop jeunes pour ce genre de services et ces malheureux mendiants qui n'avaient que l'alcool comme savoureuse consolation. Le coeur accroché, je n'avais regardé que droit devant pour être moins confronté à l'envers de la ville.

Les dévergondées qui m'avaient aguiché m'avait rendu tâche difficile, la plupart montrant leur atout bien trop juvénile pour en être à travers leur kimono. Certains étaient des femmes. Certains étaient des hommes. Et certains étaient les deux.

Izuku avait l'air habitué, moi non. J'avais longtemps pensé que ce "travestissement" n'était que des mythes. Un phénomène de rébellion. L'esprit encore en boîte, je n'avais pas compris ce désir de se déguiser en femmes. Ce désir d'en vouloir être une. Le fait de s'en sentir une. Par contre l'inverse, je saisissais mieux. Le monde était cruel avec les descendantes d'Ève, alors je pensais que c'était pour cela que ces personnes voudraient autre choses entre les jambes. Toutefois, plus tard, tu m'avais longuement expliqué et j'avais compris. Je ressortais souvent moins ignorant après nos discussions.

Finalement, on était arrivés dans un grand bar. Mes souliers trempés et mon manteaux luisant, j'avais laissé mes yeux parcourir l'endroit. Un groupe jouait, une jolie chanteuse berçait l'endroit de sa voix. Il y avait le monde qu'il fallait. J'avais suivi Izuku, mes pupilles pactisant avec le lieu. Encore, j'me rappelle de mon choc, de cet découverte. J'étais rentré dans un autre univers ce jour-là.

Des femmes en embrassaient d'autres, des hommes enlaçaient leurs doigts en harmonies, et les genres ne se désignaient plus par la simple forme de nos courbes.

Je t'avais aussi vu pour la première fois.

Seul au comptoir, tes cheveux rouges te donnaient un air excentrique, tes yeux pareillement vifs, eux, te conférait un regard de bête, et ta carrure de fin adolescent t'imposait cette aura indocile. Pourtant, tu étais juste là à écrire calmement, simplement, bougeant ta tête en fonction du rythme. Tu avais l'air d'une âme sincère. Et je me souviens comment tu avais fini par tourner tes pupilles vers moi. La panique avait possédé ma langue et embrouillé ma tête. Si nos parents le savent, on aura des gros ennuis, j'avais au même moment balbutié à Izuku, démuni.

Rien de mettre un pied ici aurait pu réellement ruiner et ternir nos familles. Au fil du temps, je me fis moins soucieux, trop désireux de pouvoir rendre visite à ton sourire dont j'étais déjà fou amoureux.

De son coté, Izuku m'avait médiocrement rassuré, pour moi son aplomb n'avait jamais été de très bon augure. Malgré tout, on s'était installés au bar. J'avais remarqué qu'un simple tabouret entravait nos épaules de se toucher. Sur cette pensée, je t'avais relancé quelques oeillades, curieux du sens de l'encre que tu étalais. C'était long, tu prenais toujours soin de tracer attentivement tes kanjis. Ça te tenait à cœur.

Le serveur, un de tes vieux amis, nous avaient demandé nos boissons. Je t'avais entendu prendre un autre verre de vin de riz alors j'avais fait pareil. Je me rappelle que Izuku n'avait rien pris. Lui qui avait été détendu tout le long, s'était raidi, anxieux que je rencontre cette fameuse personne. Je ne le savais pas encore à ce moment là.

Je n'avais pas non plus compris qu'il s'agissait d'amour. Izuku était toujours embarrassé et pourpre de toute émotion en temps normal. Alors qu'il m'avait présenté cet ado de notre âge je n'avais pas saisi la raison de sa gêne. J'ai un vague souvenir de son prénom mais son nom était Todoroki. Et même si son visage est maintenant floue dans ma tête, je me souviens que ses cheveux étaient de drôle de teintes. Impossible de me rappeler lesquelles.

Ainsi, on avait bavardé. Enfin Izuku était celui-ci qui alimentait la conversation, moi je buvais écoutant un mot sur trois, et intervenait Todoroki par moment. Cupidon errait entre eux et je me rappelle avoir été dans un questionnement intense, trop d'informations abattant mes croyances. Alors Izuku fait parti de ceux là, cette pensée m'avait traversé.

Je me rappelle qu'ils s'étaient tous les deux éloignés un moment, je ne sais plus l'excuse qu'ils avaient trouvé mais je me souviens les avoir vu danser ensemble plus tard. Plusieurs couples les entouraient. La chanteuse avait laissé place aux instruments, consolant de la plus douce des manières les maux de ces marginaux qui résolvaient leur soucis en tournoyant sur une piste mal éclairée. Je ne m'étais pas douté qu'on finirait ainsi nous aussi.

Et j'arrive justement à encore voir la façon dont tu m'avais de nouveau regardé, avec une forme d'intrigue au visage, alors que je pensais déjà que tu intégrerais ceux que j'oublierai. Tu m'avais adressé un sourire, et je m'étais demandé s'il m'était destiné. Ensuite, tu avais déchiré un bout de papier de tes précieuses feuilles marbrées pour m'écrire tes premiers mots. Tu me l'avais glissé et j'avais hésité à la prendre. Tu m'avais de nouveau regardé, insistant avec un sourire. Je l'avais finalement pris.

❛𝐷𝑒𝑢𝑥 𝑎̂𝑚𝑒𝑠 𝑠𝑜𝑙𝑖𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠 𝑠𝑒 𝑓𝑟𝑜̂𝑙𝑎𝑛𝑡 𝑓𝑒𝑟𝑎𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑢 𝑚𝑒𝑖𝑙𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑡𝑟𝑎𝑣𝑎𝑖𝑙 𝑒𝑛 𝑑𝑎𝑛𝑠𝑎𝑛𝑡. ❜

Et de tout ce récit, c'est la seule chose dont l'incertitude ne m'afflige pas. Ses onze mots, je sais que tu les as vraiment écrit.






Gravés dans mon esprit, je me souviens de notre première danse qui avait suivi.

𝑎𝑛𝑑 𝑡𝘩𝑒𝑦 𝑤𝑒𝑟𝑒 𝑖𝑛 𝑙𝑜𝑣𝑒, 𝒌𝒓𝒃𝒌Où les histoires vivent. Découvrez maintenant