La légende de Fira, TOME 1

7. La grande tour

Fira se réveilla en sursaut. Elle ouvrit les yeux et regarda autour d'elle. Elle se trouvait dans une salle d'hôpital qui paraissait très sophistiquée. A sa gauche, elle vit une jeune naine, du moins c'est ce qu'elle reconnut, car celle-ci lui tournait le dos. 

Fira ne mit pas longtemps à reconnaitre qu'elle était druidesse. En effet, la naine était en train de mélanger de nombreuses plantes, sur un grand plan de travail, et récitait de longues incantations. De toutes les plantes visibles, Fira n'en reconnut que deux : le Sibannac, une plante connue pour détendre les muscles du corps, et qui se consommait en faisant infuser ses feuilles en tisane ; et du Pri'a, une plante qu'on ne trouvait que dans les lointains royaumes de l'est, et qui était reconnaissable par son étrange couleur orange fluo. 

La jeune elfe tenta immédiatement de questionner cette inconnue sur la situation de son amie Jade, la génasie de l'eau. Mais lorsqu'elle ouvrit la bouche, aucun on ne sortit de celle-ci. Elle réessaya plusieurs fois, en vain. Elle se mit alors à paniquer et à bouger ses bras dans tous les sens. 

Qu'est-ce qui pouvait expliquer ce phénomène ? La magie, très certainement. Mais dans quel but ? Était-elle prisonnière ? Et qui était en réalité cette personne, qui ne semblait même pas se soucier de sa présence ? 

L'elfe continua de s'agiter durant ce qu'il lui paru être une éternité, avant que la druidesse ne remarque (enfin) son réveil. Cette dernière s'approcha et lui dit alors :

-Tu es réveillée ? Désolé je ne t'avais pas vu. Attends une seconde !

Elle décrivit alors un grand arc de cercle avec ses bras au-dessus de la tête de sa patiente. Au bout de ses doigts sortit une trainée verte, extrêmement lumineuse. La jeune elfe en fut éblouie, et ferma donc les yeux pour se protéger. Lorsqu'elle les rouvrit, elle essaya de parler, et remarqua avec joie que ce qui était en fait un enchantement avait été levé. Elle questionna alors sans plus attendre la druidesse, sur un ton inquiet : 

-Merci beaucoup ! Mais qui êtes-vous ? Que s'est-il passé ? Où sommes-nous ? Comment suis-je arrivée là ? Et Jade, elle va bien ?

-Calme-toi, lui répondit-elle en rigolant. Mes plantes font encore effet, et si tu parles trop, tu risques de retomber dans les pommes. Je vais bien sûr répondre à toutes tes questions mais restes calme, s'il te plait. Tu n'es pas encore totalement remise. 

Après que Fira ait acquiescé, elle reprit :

-Tout d'abord, je m'appelle Jenvia. J'ai beaucoup voyagé dans ma vie, mais tout ce que tu dois savoir, c'est que je suis née dans le royaume des nains du nord, que j'ai étudié le druidisme dans le royaume des elfes des bois, et que j'ai habité ces 80 dernières année dans ce beau royaume qu'est Innariel, dans le but de partager mes connaissances. Par rapport à ce qu'il s'est passé, je n'ai pas tous les détails, mais je peux t'assurer que ton agresseur a été arrêté. Quant à cette Jade, je suppose que tu parles de la génasie qui t'accompagnait... Elle est actuellement entre la vie et la mort depuis son hospitalisation, il y a trois heures de cela. Cependant, je connais bien le druide qui l'a pris en charge, et ne t'en fais pas, il s'occupera d'elle à merveille, et elle survivra.

-Entre... Entre la vie et la mort ? bredouilla la jeune elfe. 

Elle sentait la culpabilité monter. C'était à cause d'elle que Jade était dans un tel état. Si elle n'avait pas chercher à enquêter, rien de tout cela ne se serait produit. Et puis, comment cet homme était-il au courant pour les plans, ainsi que du fait qu'elle en connaissait l'existence. Y'avait il d'autres personnes qui connaissaient ce lourd secret ?

-Ne t'inquiète pas ! lui répondit la naine, la sortant de ses pensées. Comme je te l'ai dit, j'ai pleinement confiance en le druide qui s'occupe d'elle.

Fira décida alors de changer de sujet, pour ne plus penser à la culpabilité qu'elle ressentait.

-Et où sommes-nous ? demanda-t-elle.

-Nous sommes dans la grande tour de la ville. Mais cesse donc de te poser des questions et respire profondément. Repose-toi bien, tu en as besoin. Je te quitte, je suis de retour d'ici quinze minutes environ, dit la druidesse avant de sortir de la salle.

Fira ne pouvait de toute façon pas parler. Elle était sous le choc. Que faisait-elle dans la grande tour de la ville ? Cette tour était le centre de Laurelon, et l'un des bâtiments les plus imposants. Et ce n'était pas pour rien. C'était ici que vivaient les généraux et les ministres du roi, ainsi que les plus grands magiciens. Personne ne savait ce qui se passait exactement dedans. De plus, c'était ici que toutes les négociations et signatures de traités avaient lieu, en particulier lorsqu'il s'agissait de signer une alliance militaire ou un accord commercial entre deux puissances. 

Que pouvait elle bien faire là, et pourquoi ? Les dirigeants étaient ils au courant de ce lourd secret qui pesait sur l'humanité entière ?

Fira prit alors le temps d'analyser toute la pièce plus en détails. Elle était allongée sur l'unique lit et les murs étaient recouverts d'étagères sculptées en bois, recouvertes de bocaux et de plantes, chacun étiquetés avec leur contenance et rangés dans l'ordre alphabétique. Malgré sa formation de rôdeuse, qui l'avait entrainé à reconnaitre beaucoup de types de plantes, elle n'en connaissait que très peu. 

Il y avait également, de l'autre côté de la pièce, une belle bibliothèque et un petit bureau, recouvert d'ouvrages de celle-ci et de plantes. Il y avait également une lourde porte en bois de chêne, qui était la seule sortie de cette pièce, hormis la fenêtre. Au sol était également disposé de nombreux tapis recouverts de motifs floraux.

Mais quelque chose n'allait pas. Plus les minutes passaient, et plus Fira se sentait observée. Elle ne savait pas du tout ce qui pouvait lui donner cette impression, jusqu'à ce qu'elle remarque, à son plus grand dégout, que dans un coin de la pièce, un œil l'observait. Oui, un œil. Uniquement un globe oculaire blanc dont la pupille la suivait du regard était posé. Il était certainement relié par un enchantement à une personne où un appareil. 

"Qu'est-ce que je suis naïve ! pensa alors la jeune elfe. Je suis dans l'endroit le mieux gardé du royaume. C'était évident qu'ils n'allaient pas me laisser sans surveillance."

Elle était encore plongée dans ses réflexions, lorsque la porte s'ouvrit...