Chapitre 2

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Voyager en car, c'est long. Mais alors quand un bébé est installé juste devant soi et a le mal de transport, c'est l'enfer. Il braille constamment, donnant un mal de tête à tous les voyageurs. J'essaye de me concentrer sur le paysage, les habitations, les champs, la mer. Je vois les passants s'amuser, rires, râler ou pleurer. Je m'amuse à m'imaginer leurs vies. Leurs parents qui les embêtent pour leurs scolarités, leurs copains collants, leurs professeurs grincheux. Bien que ce genre de choses futiles soit désagréables, je me surprend à les envier. Alors je tourne la tête pour ne plus les voir, et observe le bracelet accroché à mon poignet. Je n'arrive toujours pas à croire que Porter me l'ai donner. Il a une tél signification pour lui. C'est l'objet qui le raccroche à sa famille perdue. Je me souviens de sa mère, qui me vendait ses pâtisseries chaque dimanche matin. Je connaissais vaguement sa sœur qui était dans la même classe que moi, mais je n'avais jamais rencontré ni son père, ni Potter lui même.

Nous avons commencer à nous rapprocher à l'orphelinat, lorsque nous avons appris que nous étions les seuls survivants de l'incendie qui avait brûler tout notre village. Cet incendie qui a détruit ma vie, par la même occasion. Je repense à ma famille, à mes amis et à la partie de moi que j'ai perdue, le 30 novembre 1976. Cette date que je n'oublierais jamais, qui est à l'origine de tous mes cauchemars. Je me demande alors comment je vais faire pour contrôler tous ces démons, lorsqu'il vont ressurgir durant la nuit. Je n'aurais plus Porter à côté de moi, prêt à m'aider. Je ne sais même pas ce que ma famille adoptive va penser, quand il me verront sous mon mauvais côté. A vrai dire, je ne suis même pas sure qu'il reste quelque chose de bien en moi. Ils voudront sans doute sympathisaient avec moi, voir même crée des liens. Mais je ne sais pas si j'arriverais à le faire. En même temps, je ne vois pas à quoi ça sert de trouver une famille si proche de ma majorité. Les enfants de 5ans en rêvent bien plus que les adolescents de 16. Certes, cette famille me donne la possibilité de croire à un avenir, mais je ne sais même pas si j'en ai envie. Je me suis résignée, j'avais abandonner l'idée d'un nouveau départ. La possibilité que je puisse vivre réellement une deuxième fois me fait peur car depuis mon entrée dans l'orphelinat, je n'avais fait que survivre malgré moi.

Les heures défilent, les pauses sont courtes, l'angoisse et la fatigue se font ressentir. Plus j'approche de ma famille adoptive, plus j'ai peur de ce qui va suivre. Je ne sais pas à quoi m'attendre, ce que je vais devoir subir. J'ignore tout d'eux, mais je vais pourtant devoir habiter sous leurs toits.  Sont ils gentils ? Sont ils stricts ? Est ce qu'il s'agit d'une famille entière, ou simplement d'une vielle tante qui voulait trouver quelqu'un à qui parler pour le reste de sa vie ? Je ne sais pas. Je n'en sais rien. Je commence à regretter de ne pas avoir écouté le directeur lors de son monologue. J'aurais peut être eu le temps de me faire à l'idée et de me préparer à ce qui va suivre.

Lorsque le bus s'arrête dans un hangar rempli de car, je sais qu'il ne s'agit plus d'une pause pour le plein, mais que nous sommes arrivé à destination. Je laisse tous les passagers descendre sans faire un mouvement. La peur fait soudain irruption dans mon ventre, ma jambe tremble de stresse. Je souffle un bon coup, me rappelle que si je ne les aime pas, ce n'est pas grave. J'aurai la possibilité de quitter leur famille dans quelques mois. C'est cette idée qui me fait sortir du bus, la tête haute. Beaucoup de passagers se bousculent, se prennent dans leurs bras, cherchent leurs valises dans la soute. Etant donné que je n'ai qu'un sac, je dépasse tout le monde et me dirige vers l'accueil.

Quelques personnes sont dehors, une pancarte à la main, indiquant des noms. Lorsque je vois mon nom inscrit au marqueur sur une petite pancarte que tient un petit garçon de 7 ans, je retient un sourire. Il me fait subitement penser à mon petit frère. Je souffle, essaye de virer cette pensée de mon esprit et les observe attentivement. Ils sont 5. Le père de famille est plutôt grand, mais son fils, qui doit avoir mon âge, le dépasse. La mère gronde sa fille qui est plongé dans son portable. Et le jeune à la pancarte sourie constamment. Ses cheveux blonds lui tombe sur les yeux à tel point qu'il doit sans cesse les remettre en place pour voir quelque chose. Lorsque ce dernier me voit en train de l'observer, il montre sa pancarte comme pour me demander si c'est moi. J'hoche la tête doucement, attendrie par cet enfant. Son sourire s'élargie jusqu'au oreille et il crie en courant vers moi. Le reste de la famille arrête subitement ses occupations pour m'observer. Je ne bouge pas d'un pique, alors que le petit garçon m'enlace comme si j'étais une amie de longue date qu'il venait de retrouver. Je panique un peu, étant donné que je n'ai pas eu de contact physique avec quelqu'un d'autre que Porter depuis 5 ans. Mon rythme cardiaque s'accélère, ma détresse doit sûrement se lire sur mon visage car sa mère le tire vers elle et le porte dans ses bras.

LibertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant