1. Giulia

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Giulia
Gênes, 8h17

Temps chaud. Le soleil tapant sur mon visage.

Pour ce temps ensoleillé, je suis habillée de manière simple. Une longue et grande tunique blanche, les cheveux détachés assortis d'un foulard autour de mon cou agrémentait de couleurs exotiques.

Une tasse de thé froid en main, je suis assise sur la table de mon balcon admirant la vue panoramique sur Gênes.

De grandes maisons colorées, des touristes et des habitants se pavanant dans les ruelles sans se soucier du monde qui règne autour d'eux.

Un monde sans empathie, sans cœur. Pour qui la mort est un détail, un passe-temps, un plaisir.

Mon regard jauge les passants et tombe sur une petite fille avec ses parents, plus précisément dans les bras de son père, riant comme une folle.

Un bonheur absolu. Dans un monde malheureux.

Je l'envie pour son innocence. Elle n'a pas besoin de se préoccuper des personnes qui arpentent son pays, des épaules qui la frôlent, des yeux braqués sur elle.

Je ne serais plus jamais comme cette petite fille et je ne l'ai jamais réellement été.

Je suis la fille unique d'un mafieux après tout. Je ne verrais pas pourquoi j'aurais la chance d'avoir une once d'innocence. J'ai plein de meurtres à mon actif pourtant, les humains me voient comme une jolie jeune femme riche et célibataire, quelle tristesse.

Selon moi être un meurtrier n'est pas humain. Nous sommes souvent vus comme des monstres. Mais ça me convient. J'aime qu'on ait est peur de moi. La lueur effrayée dans les pupilles des victimes me fait rire. On m'a forgé à être dans le jeu...tout le temps. Du moins, on me l'a appris ainsi.

Ce n'est pas toujours une partie de bonheur, mais ça m'amuse. Je joue avec le danger.

Parlons-en du danger... j'y suis confrontée chaque seconde. Chaque souffle peut-être le dernier, mais je reste joyeuse car on m'a obligée à devenir celle que je suis. Je ne ressens aucune autre émotion que la joie ou bien l'agressivité. Il n'y a pas de juste-milieu. Mais sous mon masque, la réalité n'est pas comme tel.

Ça doit faire depuis des années, que je n'ai pas pleuré. Le jour où ça arrivera, mon intuition m'informera que ma perte est proche. Ça ne me fait pas peur. J'y suis préparée.

Oh ! Excusez-moi, on m'appelle...

***

Florence, 13h49

Mon père m'a ordonné de venir chez eux pour un sujet "de la plus haute importance".

Un t-shirt col v blanc, rentré dans un pantalon en lin, une tenue parfaite pour ce temps. Néanmoins, j'ai eu la merveilleuse idée de venir avec des talons.

Au bout de deux longues heures, j'atterris enfin. Descendant ensuite lentement les marches de mon jet privée, le doux vent chaud caresse mes joues.

En y pensant, parfois, j'aimerais prendre l'avion comme tout le monde. Être en classe éco et lire des magazines Vogue en écoutant des musiques relaxantes pour ne pas entendre les enfants crier, les personnes âgées se plaindre. C'est étrange dit comme ça, mais je n'ai jamais eu ces moments simples, banals.

Sortant peu à peu de ma bulle rêveuse, je m'approche alors de la voiture qui m'est destinée avec au loin le chauffeur privé de mon père, qui ne se cache pas pour me reluquer par ailleurs. Quel abruti.

Roberto, que je connais depuis ma naissance, ne m'a jamais inspiré confiance.

FLASHBACK, Florence

Mafia SegretaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant