2~Méfiance

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Le trajet était rempli d'une tension que je ne pouvais pas ignorer. Les souvenirs du passé et les menaces actuelles se mélangeaient dans mon esprit, créant un cocktail amer d'anxiété.

J'observais les gestes de mon frère, concentré sur la route. Sa main gauche en haut du volant, le coude sur le rebord de la vitre, sa main le levier de vitesse. Il était serein, sûr de lui, sans la moindre hésitation. Comme s'il conduisait depuis des décennies. À croire qu'il avait déjà son permis.

Je relâchai légèrement la tension et posai mes mains sur mes cuisses découvertes. Mon regard se porta sur le rétroviseur à travers ma vitre à moitié baissée. Le vent caressait mon visage, faisait voltiger quelques mèches rebelles devant mes oreilles, trop courte pour les coincer dans mon chignon. Le vent était agréable par-dessus la chaleur étouffante.

Nous roulions depuis déjà vingt bonnes minutes. L'autoroute était plutôt déserte, seule quelques voitures étaient visibles à l'horizon. Je me focalisai sur une voiture de sport noir dans le rétroviseur, elle était encore loin derrière nous, mais sa vitesse était clairement excessive. La distance entre nos deux véhicules se réduisait à une allure vertigineuse.

Soudain, la main de mon frère saisit la mienne sur ma jambe. Je tournai rapidement le regard vers lui, et il me sourit.

- Arrête de t'inquiéter. Je sais conduire, et je dois avouer que j'ai déjà pris le volent une bonne dizaine de fois, tenta-t-il de me rassurer.

- Je le sais, mais même si tu es déjà à l'aise, j'aimerai éviter les ennuis avec la police, tu vois ce que je veux dire ?

- Si ça peut te rassurer, je connais des routes ou les flics ne patrouillent jamais.

Je fronçai les sourcils et observai la route devant moi.

- Mais, je pensais que toutes les rues étaient surveillées ?

- Je ne sais pas, mais je sais qu'ils n'y passent jamais. Tu sais, les grandes juste après la déviation.

Je fis de grands yeux et me crispai sur mon siège.

- Ouais, je vois de quoi tu parles, mais non je préfèrerai encore passer par les flics que par cette rue. C'est du suicide sinon. T'es un grand malade d'y penser !

- C'est toi la patronne.

Je soupirai d'agacement. Certains quartier étaient à éviter à tout prix. Pour cause : trafique de drogues. Ces rues étaient infestées de gangs et les règlements de compte étaient monnaie courante.

Bienvenu chez nous.

- On est bientôt arrivés ? demanda Andrea.

Je me retournai vers elle, un sourire aux lèvres, bien que son expression se révélait sérieuse.

- Tu as quel âge pour poser ce genre de questions, sœurette ? plaisantai-je.

- Mais c'est Hayden qui veut m'appeler, répondit-elle.

- C'est la mexicaine ? demandai-je.

Mais elle se décomposa et releva la tête vers moi, et secoua la tête négativement.

- Nan par contre t'abuse la Max ! Va falloir m'expliquer comment tu peux voir du mexicain dans son prénom.

Carlos éclata de rire à la fin de sa phrase.

- Pour une fois, Carlos à raison. Désolée, Max, mais là, c'est évident que son prénom est américain.

- Je suis désolée, mais sérieusement, vous pensez vraiment que Maxime est un prénom Colombien ?

Maxime T1/T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant