Reliés par la Lune

Chapitre 4 : À bientôt

– HESTIA –

- Hestia, t'es toujours pas levée ! s'outrage Lina en rentrant en vacarme dans ma chambre.

Je grogne doucement, les yeux fermés, alors que j'ai encore l'impression de sentir ses mains sur le bas de mon dos.

- Allez Hestiaaaaaaaaa !

Je l'entends s'approcher de plus en plus, et dès qu'elle est au-dessus de moi, je l'attrape et la fait tomber dans mon lit. Et alors, quand je me rends compte qu'elle s'apprêtait à m'asperger avec un verre d'eau et que le contenu de celui-ci s'est versé sur elle, je ne peux m'empêcher d'exploser de rire.

- T'exagères !

Je me fous littéralement de sa tête.

- Bah dis donc, je ne t'ai jamais vue d'aussi bonne humeur le matin, lâche-t-elle, espiègle en se relevant. Dis-moi... ce ne serait pas à cause de ce beau garçon d'hier ?

Un grognement possessif me prend et je plaque ma main sur mes lèvres quand je m'en rends compte. Elle éclate de rire, avant de retrouver son sérieux.

- Non mais Hestia... en parlant de ça... Tu vas faire quoi ?

Je me retourne en silence, afin de me retrouver sur le dos, et soupire bruyamment.

- Je vais y réfléchir. Je te dis dans la voiture.

Il fait encore noir dehors quand j'écarte les rideaux. Il est 6h00. C'est ça quand on habite loin de là où on étudie. Nous devons être parties à 6h45, pour le début de nos cours à 8h00.

Nous nous préparons donc, et nous nous retrouvons dans la voiture.

Rapidement, mes doigts se mettent à caresser la vitre de la voiture tandis que Lina conduit jusqu'à la faculté.

Tandis que ses yeux ne quittent pas mon esprit, restent ancrés dans ma tête.

Et quelque chose en moi me dit qu'ils ne me quitteront plus jamais. Que la chaleur de son corps contre le mien restera à jamais enracinée dans ma peau.

Je soupire bruyamment. Depuis mon réveil je ne pense qu'à lui. Même dans mes rêves, il me hante.

Je sens le regard de ma meilleure amie sur moi, mais je l'ignore. La forêt encore sombre à cette heure, défile devant moi, me rendant encore plus nostalgique. Et ma peau frissonne sans cesse, me donnant cette impression de froid que j'apprends à détester.

Les loups-garous n'ont jamais froid normalement ; leur corps est fait de manière à ce qu'ils s'habituent en quelques secondes à peine à la température ambiante.

Et maintenant que je l'ai rencontré, et surtout que je l'ai refusé, j'ai tout le temps froid. C'est insupportable.

Mais d'un autre côté, ça me fait penser à lui. Et à chaque fois que j'ai l'impression que mes yeux s'arriment aux siens, mon corps se réchauffe instantanément.

Et finalement... je crois que j'aime cette sensation de plénitude quand mon monde finit par tourner autour de lui.

Je ferme les yeux avec un fin sourire scotché aux lèvres.

« Adrien. »

Je répète son prénom en boucle, du bout de mes lèvres. C'est addictif. Surtout quand il me rappelle ma terre natale. Je me demande pourquoi ses parents l'ont appelé ainsi ? Aurait-il des origines françaises ?

Puis je rouvre les paupières pour tomber sur le ciel encore endormi.

Est-ce que lui aussi pense à moi en ce moment-même ?

Mais je baisse rapidement les yeux. Je ne dois pas me poser cette question, je ne dois pas le laisser entrer dans ma tête pour qu'il s'y implante à jamais.

Je dois le fuir. Et je le sais.

Mais je n'arrive pas à me faire à cette idée. De partir loin d'ici, loin de Lina, loin de Jason, loin de ce Tennessee qui m'a permis... de me retrouver.

En fait... Je crois que j'en ai marre de fuir. Je crois que je n'en ai plus la force, ni l'envie, ni le courage même.

Je suis lasse. De craindre d'être retrouvée par ceux qui détenaient ma prison dorée.

Mais surtout, ce qui m'effraie le plus... c'est que les autres espèces apprennent que la prophétie est en train de se réaliser.

Et qu'ils apprennent où je me trouve.

Je ne peux pas me permettre de faire une aussi grosse erreur en faisant confiance à n'importe qui. Même à mon âme-sœur.

Je ne connais pas cet homme... et peut-être que s'il apprend ma véritable identité, l'envie d'obtenir le pouvoir absolu prendra le dessus sur ce lien fragile.

Et le détruira à jamais.

Je prends une grande inspiration pour calmer les tremblements qui secouent mon corps.

Non je ne peux pas lui faire confiance, à lui comme à personne d'autre excepté Lina qui est la seule à connaître mon secret.

Parce que si les espèces venaient à savoir que je me trouve au Tennessee, je devrais fuir encore et encore. Et peut-être même que je me retrouverai coincée aux États-Unis. Me rendant plus vulnérable que jamais.

C'est pourquoi je dois anticiper. Toujours. Et fuir tant que j'en ai encore la possibilité.

Tuto 2 : Comment réfléchir pour prendre la décision quand il s'agit de sa protection.

- Lina ?

- Oui ? me répond-elle à la fois intriguée et inquiète par mon ton grave.

- Je... Tu sais que je vais devoir partir... Je ne peux pas rester ici. Tu sais que j'ai trouvé mon âme-sœur. Mais ce que je ne t'ai pas dit, c'est que c'est un dominant, et je l'ai compris quand les danseurs se sont écartés naturellement à son passage. Et beaucoup trop pour que ce soit un simple Bêta ou un petit Alpha...

Elle garde un silence avant de lâcher :

- Tu penses que c'est l'Alpha Suprême d'Amérique ?

Je fronce les sourcils.

- Non quand même pas ! Qu'est-ce qu'il ficherait dans une boîte de nuit ?! Et puis s'il était vraiment un Alpha Suprême, j'aurais ressenti sa puissance.

- Mais justement parce qu'un Alpha Suprême est puissant... peut-être peut-il dissimuler une partie de son aura, comme toi ? Et ça expliquerait pourquoi tu ne l'as pas sentie...

Un silence pesant tombe dans la voiture alors que nous avons déjà fait la moitié du trajet.

- Il s'appelle comment ton Alpha Suprême d'Amérique ?

- Aucune idée. Regarde sur Google.

Je m'empare de mon téléphone et commence une recherche. Et quand son nom s'affiche, je manque de faire tomber l'appareil électronique.

Adrien. Adrien Wolfer.

Putain.

- Euh... Lina... Il est censé visiter la fac quand déjà ?

- Vers 15h je crois.

Je me mords la lèvre, sans prendre garde au sang qui commence à s'en échapper à petites gouttelettes.

- Je vais sécher l'aprèm, conclus-je, stressée.

- Alors je viens avec toi. Hors de question que tu me laisses seule avec des Bêtas et un Alpha. Et en plus, j'ai besoin de la voiture pour rentrer si je reste à l'université.

Je hoche la tête.

- Après peut-être que comme il t'a trouvée, il ne va pas se rendre à la fac, souffle Lina.

- Si... Parce qu'hier, quand j'étais avec lui, tu as déclaré qu'on avait cours aujourd'hui. Donc il va maintenir ses rendez-vous dans tous les établissements de Knoxville.

- Pas con.

Je souris face à cette réplique, avant de reprendre mon air impassible.

Je sais que je ne dois pas le retrouver. Sous aucun prétexte. Parce qu'au fond de moi, une petite voix me dit que je ne pourrai pas fuir. Pas une seconde fois.

Mais peut-être qu'elle se trompe.

Ou alors peut-être sous-entend-t-elle que ce ne sera pas sans séquelle ?

- Lina. On sort des cours à la sonnerie de midi et quart et on retourne à la maison. Je fais mes bagages en une demi-heure – pas le temps de déjeuner – et je prends l'avion pour... pour le Canada.

- Mais Hestia... C'est trop proche le Canada...

- Justement. Il n'ira pas chercher là, pensant que je serai partie du continent. Je vais au Canada, mais dans une partie anglaise, car il sait que je suis française. Il va donc penser que j'ai fui dans mon pays d'origine, ou dans un autre de même langue.

Elle opine, et nous laissons l'occasion à un nouveau silence de s'installer.

- Je t'appellerai souvent et peut-être même que quand j'apprendrai qu'il a quitté le Tennessee pour de bon, je reviendrai.

Elle me rend mon sourire, visiblement heureuse de ma proposition.

- Je te dirai tout ! Et s'il me retrouve pour savoir où tu es, je dirai que tu es partie pour de bon. Et rien d'autre.

- Parfait. Merci Lina.

Je prends une grande inspiration quand nous entrons enfin dans la ville.

C'est parti...

À nous deux, Adrien Wolfer, Alpha Suprême d'Amérique...

Putain, la poisse quand même...

Mais je sors déterminée de la voiture noire, prête à tenir encore une matinée de cours.

Avant de quitter le Tennessee pour quelques temps.

Pour longtemps peut-être.

Alors...

Lina, Jason, la fac, la maison, la bibliothèque...

Au revoir.

Ou j'espère même... À bientôt. 

Hello tout le monde ! J'ai essayé de rendre ce chapitre un peu intéressant mais bon, il reste assez ennuyeux, donc pas trop long ! 
L'histoire vous plaît ? Que pensez-vous d'Hestia et de Lina ? 
Des idées pour la suite ? 

Take care of yourselves and see you soon, little angels !

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