Le Test de Nyla

Acte 3 : Le Zénith

-Dans le socle de chaque machine sont intégrées trois règles qui ne peuvent être dérogées. Ces règles forment les trois lois de la robotique. Elles ont été complétées de 172 autres au fil des siècles. L'US ROBOT a pour mission de faire en sorte que les machines respectent continuellement ces règles. Ne pas tuer est la toute première, elle est primordiale et est une règle d'or. Or la machine du test de Nyla a dérogé à la règle. Nous devons savoir pourquoi.

Aurélie sortit d'un de ses tiroirs le dossier complet du test. Le laboratoire de l'US robot était un bâtiment tout ce qu'il y avait de plus standard. 120 étages accessibles uniquement par 4 ascenseurs dont chacun vous amenait à un palier différent de trente étages. Les équipes de chefferie de projet, recherche et développement, analyse et tests se partageaient les étages 30 à 60.

La hauteur était déjà largement suffisante pour Rougui qui n'était jamais monté aussi haut. Le vaisseau qui l'avait mené de la Lune à la Terre était hermétiquement clos. Seuls les pilotes avaient une visibilité sur le chemin emprunté. La trentaine d'étage lui donnait l'impression d'avoir atteint les nuages. Même sa tour, son HLM de fortune n'allait pas aussi haut. Plus loin, on voyait la tour Eiffel, ancienne tour surplombant Paris qui était aujourd'hui démesurément petite. Un projet de destruction était en cours, des symboles plus importants avaient depuis envahis la ville.

Côté bureau, l'US robot entrait également dans les standards, elle se composait de nombreux open space, de salles de sport, musées, cinémas et du meilleur équipement pour travailler. Les pièces étaient remplies de robots de tous genres et au niveau de chaque étage se trouvait le portrait d'un précurseur de la robotique. Les deux femmes et Nyla avaient silencieusement dépassé les espaces Bodervowski et de Pilgrim avant d'atteindre le niveau dédié à la direction de l'équipe de tests, les spécialistes, que l'on nommait psychologues de machines. Ils se trouvaient dans l'espace Asimov, c'est dans ce lieu que Rougui lu pour la première fois les trois règles fondatrices de l'I.A.

Première loi : Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger.

Deuxième loi : Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la première loi.

Troisième loi : Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'est pas en contradiction avec la première ou la deuxième loi.

La structure même des tests de l'US ROBOT était basée sur ces trois conditions et sa petite fille en une seule journée avait remis l'entièreté de la symbolique en question.

Lorsqu'Aurèlie ouvrit la porte de son bureau, deux hommes l'attendaient déjà. Ils étaient les deux derniers employés non couchés de la société (des chambres étaient dédiées pour les testeurs les plus zélés). Léopold Rin, un ingénieur chinois qui avait participé au développement de l'ergonomie et à la mise en œuvre du modèle D-187. Il semblait assez âgé, des rides se creusaient sur son visage et des mèches blanches étaient présentes au niveau de ses cheveux et de son bouc trop proéminent au goût de Rougui. Il ressemblait à un sorcier ainsi présenté et la longue robe jaune et rouge qu'il portait amplifiait cette impression. Il devait faire partie de cet ordre religieux qui refusait les améliorations non nécessaires. Peu de personnes sur Terre semblaient aussi âgées que lui et aussi fragiles aussi. Mais son regard était vif et la colère dans ses yeux trahissait une rancœur envers la petite Nyla et sa découverte d'un bug vitale sur un produit déjà développé, construit et acheminé jusqu'aux colonies.

Le second homme était beaucoup plus chaleureux, plus jeune aussi si cela voulait encore dire quelque chose. Il se nommait Roger Meyers et s'occupait de la partie test du D-187. C'était à lui que l'on avait fait le rapport de l'incident. Lui qui s'était occupé discrètement de l'affaire afin qu'elle ne s'ébruite pas dans les médias et lui encore qui avait prévenu sa supérieure de la gravité de l'anomalie.