11 Avenue de La Liberté

Partition 2

Je suis étonné de la façon dont il a de me répondre, et d'un autre côté, pas du tout. Il mord. Il a toujours mordu, avec sa répartie à la con. Je secoue négativement la tête, passablement exaspéré. Il y a trop de monde, je ne peux pas me faire remarquer, même si j'aurais bien envie de lui hurler d'aller se faire foutre, qu'il ne joue qu'au gamin pathétique resté bloqué sur un an de sa vie. Mais je ne peux pas. La célébrité, la renommé. Je suis connu pour être cynique et cinglant, mais personne ne sait que j'ai eu une autre relation homosexuelle avant Gab', et personne ne doit jamais l'apprendre. Même Elliott et James ne savent que ce que j'ai raconté. Qu'il nous ai arrivé, à Nathaniel et moi, de flirter, et que c'est comme ça que je me suis posé des questions. Mais que c'est bien à partir de ma rencontre avec Gabriel que j'ai été sûr de moi, et de mon orientation. Tout ça n'est qu'un tissu de mensonges, bien sûr, mais personne ne sait, personne à part moi et...Le satané blond en face de moi.

« _Je t'attendrais. Ce soir, je t'attendrais.
_Pas la peine.
_Merde, Nathaniel arrête de jouer au plus con tu me...
_Un problème chéri ? »

Je me coupe instantanément dans ma phrase et me retourne vers celui qui est mon petit-ami. Un léger sourire forcé sur mon visage, je lui souris :

« _Non, pas du tout. J'ai cru que ça allait être de la bière en pression à ton vernissage. Il aurait été normal que tu es le meilleur pour ce genre d'événement. Mais apparemment ça a été mal géré alors... »

Je sors l'argent de ma poche et le balance sur le comptoir en bois alors que Nathaniel me lance un regard provocateur. Gabriel commande à boire à son tour et une fois le verre servit, il se met dos au bar, très souriant. Ses yeux verts ont toujours été très expressif, et là je peux deviner qu'il est au meilleur de sa forme.

« _Est ce qu'après, James et Elliott rentrent à la maison avec nous ?
_Non. J'avais oublié, mais j'ai un truc à faire, après. C'est assez urgent, j'avais complètement zappé. Après que tu aies vendu tes toiles et fermé la salle, tu pourras rentrer, je te rejoindrais assez vite à la villa. »

Il fait la moue et soupire en lançant un « d'accord... ».Je sais bien qu'il s'attendait à ce qu'on rentre ensemble ou même que l'on se retrouve rapidement pour prendre un verre après son événement. C'est d'ailleurs ce que moi-même j'avais prévu, mais ça, c'était avant que je ne le revois. Que je ne revois Nathaniel. Il boit un coup à mes côtés, avant de se faire interpeller par mes deux acolytes qui arborent un grand sourire. Ils discutent un peu des toiles, de la prochaine pochette d'album et de la soirée. Pour ma part, impossible de me concentrer sur autre chose que la présence que j'ai de l'autre côté de ce comptoir en bois. C'est comme si je pouvais sentir les phéromones graviter entre nous, que l'air devient lourd jusqu'à ce qu'une seule envie me domine : celle de me jeter par dessus ce bar et d'attraper Nathaniel, de toucher ses lèvres des miennes, de ressentir son odeur et de caresser ses cheveux. Une seule fois, une seule minute. Il n'aura fallut que cela pour me faire regretter mon geste, pour me faire regretter d'être parti sans me retourner ce jour là.

« _Excuse-moi, Castiel ? »

Je me retourne vers cette voix que j'aime tant, presque trop précipitamment, une once d'espoir dans la voix :

« _Ouais ?
_Tu pourrais te décaler, j'ai des clients à servir. »