\Chapitre 1/

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Petite, longues couettes noires, yeux azurs séduisants, teint pâle, joues roses, traits fins.

Voilà à quoi ressemble la nouvelle. Elle est arrivée il y a trente minutes, et le professeur lui a demandé de s'assoir juste devant moi. Elle regard dans le vide, n'écoutant même pas le cours. Je me demande à quoi elle pense...

Elle se retourne brusquement vers moi et me regarde droits dans les yeux.

- Comment tu t'appelles ? chuchote-t-elle.

- ... Neila, et toi ? je réponds dans un murmure.

- Lana. Est-ce que..

- Ce n'est pas parce que tu es nouvelle que je ne peux pas te mettre un rapport ! rappelle l'enseignant en fixant Lana, qui se tourne immédiatement vers lui.

Le professeur continue son cours, et la sonnerie retentit sans que la nouvelle m'est reparlé une seule fois. Alors que les élèves se dirigent vers leur prochain cours, tous mes amis s'approchent de Lana pour faire connaissance. "Tu t'appelles comment ?", "Tu viens d'où ?", "J'aime trop ta tenue ! Tu portes quelle marque d'habits ?",... La jeune fille répond patiemment à chaque question, calme.

On arrive en cours de technologie. Le professeur place Lana au premier rang, à côté de Paolo qui se penche vers elle pour lui raconter sa vie. Pendant toute l'heure, je surveille le garçon pour qu'il ne fasse pas de bêtises. Clarisse me donne un coup de coude.

- Pourquoi tu regardes Paolo depuis tout à l'heure ?  interroge-t-elle en esquissant un sourire. Tu crush sur ton propre frère ?

- La seule à avoir des sentiments pour Paolo, c'est sa m*rde, je réplique. Je vérifie juste qu'il ne fasse pas de misères à la nouvelle. La pauvre, elle est tombée dans la pire classe... 

- J'avoue... fait Clarisse. Elle aurait pu aller chez les cinquièmes C, la classe parfaite... ça te dirait de s'acheter des milshakes après les cours ? 

- Alors déjà : c'est quoi ce changement de sujet ? Et puis oui, on va s'acheter des milshakes saveur Oreo !

Paolo s'approche de Lana pour lui murmurer quelque chose à l'oreille, et en profite pour poser la main sur son épaule. Je bondit et crit :

- PAOLO !

Tout la classe se tourne vers moi, y compris le professeur.

- Tu as quelque chose à dire, Neila ? interroge-t-il sèchement.

Je me rends compte de ma bêtise, et bafouille des excuses avant de me rasseoir, honteuse. Paolo ricane, alors que la nouvelle me fixe bizarrement. Je pose mon cartable sur ma table afin de me cacher derrière, et Clarisse se fait violence pour ne pas rire. Je ne parle plus pendant le reste du cours, et lorsque l'heure de la récréation arrive, Ray s'approche de moi.

- Qu'est-ce qui t'as pris ? murmure-t-il de sa voix blasée habituelle. Ce n'est pas ton genre de te faire remarquer...

- Paolo embêtait la nouvelle, ça m'a agacé...

En sortant de la classe, Clarisse laisse libre cours à son fou rire et ne peut même plus parler tant rire l'essouffle. Paolo nous rejoint, Lana derrière lui.

- Bah alors sœurette, on s'énerve toute seule ? se moque-t-il en m'adressant un sourire.

- Ferme-la, je réplique avant de m'éloigner avec Clarisse et Ray.

Je les emmène dans un coin de la cour de récréation pour discuter :

- Vous pensez quoi de la nouvelle ?

- Elle est trop belle ! se réjouit Clarisse.

- Elle a l'air sympa, ajoute Ray.

- Elle est calme !

- J'aime beaucoup son style.

- Et...

- Stop ! je les arrête. Je suis d'accord sur tous les points. On pourrait aller lui parler...

- Super idée ! affirme Clarisse avant de nous prendre par le bras.

On passe la récré à chercher Lana, mais elle est introuvable. Clarisse se dirige vers le groupe de mon frère, une bande d'au moins trente cinquièmes, les "populaires". Mon amie s'immisce entre deux filles et voit Lana, entourée de dix autres élèves. Ils ont tous l'air de l'apprécier, même si elle a l'air ennuyée.

Ray et moi restons sur un banc à côté, attendant que Clarisse revienne de sa mission de reconnaissance. Au bout d'une minute, elle nous fait signe de la rejoindre. Je me lève et entraîne Ray avec moi. La bande est en train de faire un action ou vérité, comme toujours, et Paolo doit lécher la main de Hidji, un congolais qui fait une tête de plus que tous ses amis. Mon frère exécute son gage, et les filles poussent des gémissements de dégoût.

- T'es dégueu, mec, je crache à mon frère.

Celui-ci se venge :

- Ok, c'est à mon tour... Neila, action ou vérité ? 

Je prends mon courage à deux mains, désireuse de montrer aux autres qui est le véritable idiot entre nous deux :

- Action !

- Mh... dis à Elias que tu l'aimes ! 

Les élèves autour du banc commencent à parler tous en même temps, et s'écartent pour me laisser passer. Elias, un troisième, rient avec ses amis un peu plus loin. Je supplie Clarisse du regard pour qu'elle m'accompagne, mais je n'en ai pas besoin : toute la bande me suit. Je m'avance vers le grand brun, m'arrête devant lui et me force à le regarder. Le garçon m'aperçoit, ainsi que la petite foule derrière moi.

- Quoi ?

- Je...je...

Il s'impatiente. Je ferme les yeux et couine :

- Je t'aime ! 

Mon frère éclate de rire, bientôt copié par tous les autres. Elias rit avec ses amis, et part. Si je l'aimais vraiment, ça aurait été le râteau le plus violent du monde.

- C'est bon, t'es content ? je dis à mon frère.

- Oui, c'était magnifique ! rit il. Bon aller, c'est à ton tour de relancer !

On retourne s'assoir autour du banc, et les cinquièmes attendent que je pose la question.

- ... action ou vérité, Lana ?

La nouvelle hésite, et j'entends distinctement sa voix pour la première fois :

- Vérité.

Elle a une voix plutôt agréable, un peu aigu mais pas trop, basse mais facile à comprendre, douce pour ne pas blesser les tympans. J'en oublie presque de continuer :

- Quelle est ton orientation sexuelle ?



I found the love with a girl {EN RÉÉCRITURE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant