Les chemins de l'arbre de vie

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Dans le secret de ses appartements privés, le Grand Prêtre du culte d'Âmon-Ré, faisait les cents pas, d'une démarche nerveuse et trahissant une légère panique. Bien que les traits de son visage demeuraient aussi impassible et énigmatique que son état d'esprit le lui permettait, Saga n'en revenait pas...

Il allait falloir redoubler de vigilance, surtout concernant cet imbécile de nobliaux qui venait de se faire démasquer et condamner à une errance sans fin. Le retrouver et le faire taire devenait une priorité absolue.

Sortant de la soudaine torpeur qui l'avait envahi et brisant les réflexions de Saga, le Général des Armées de Pharaon, ouvrit la bouche, sans qu'aucun sons n'en sorte. Il observa cependant, à la dérobée, celui qu'il considérait comme son compagnon d'éternité.

Saga sentit ce regard posé sur lui et reprit une toute autre contenance, passant habilement de machiavélique à séraphique.

- Ta santé m'inquiètes de plus en plus... Déclara le grand prêtre, d'une voix feutrée et sincèrement inquiète. Tu donnes tous les signes d'un grand surmenage.

Aiolos secoua négativement la tête, non, affirma t'il en articulant chaque mots, il se sentait parfaitement bien et aussi en forme que s'il était un tout jeune homme en excellente condition physique. Mais il reconnu qu'il éprouvait une sensation des plus étranges depuis quelques temps... Comme si son esprit ou son Ka avaient des moments... d'absences.

Saga se fit rassurant et enjôleur. Tout cela ne pouvait être dû qu'à une trop grande fatigue et rien d'autre, il en avait pour preuve qu'Aiolos à peine s'était-il assis, qu'il s'était assoupi.

Saga se voulait persuasif.

Le Grand Prêtre n'allait pas avouer et reconnaître, qu'il manipulait aussi discrètement que sournoisement, afin d'avoir tous les pions au creux de sa main, cet homme que pourtant il chérissait par dessus tout.

Aiolos n'avait pas les mêmes ambitions que lui, c'était bien là le centre névralgique du problème. Saga ne l'avait pas mêlé à ses projets pour la simple raison et très bonne raison, que le coeur du général était d'une trop grande pureté et d'une loyauté sans faille envers Ramsès II.

Cet âme là, celle d'Aiolos était impossible à corrompre... Ce qui était à mille coudées de celle du grand prêtre...

Mais en revanche, il y avait des informations essentielles que Saga se devait de connaître et Aiolos était sa principale source... Une nouvelle fois, le grand prêtre avait usé de cette magie obscure pour les obtenir, les extirper d'Aiolos.

Ce qui n'était pas sans danger pour le grand prêtre... Saga éprouvant de plus en plus de mal à se ressaisir après une telle pratique. La créature qu'avait engendré le rituel du pacte du Sphinx, prenait de plus en plus de place, s'insinuant avec autant de lenteur que de volonté en lui, allant jusqu'à s'emparer de lui sans crier gare, mû par son propre intérêt...

Le sang. Cette soif sans fin de ce démon, pour le sang... Elle était comme inextinguible. Il était trop tard pour en éprouver des remords... Sur le chemin de son arbre de vie, l'ambition et le pouvoir avaient pris bien trop de place.

Laissant de coté ses considérations personnelles, il prit plutôt soin d'Aiolos en lui servant une coupe d'un grand cru issu de sa réserve, un vin d'un rouge grenat datant de l'an 32 du règne de leur Pharaon.

Décidé quant à lui à passer une agréable soirée avec son amour, Aiolos ne se posa plus d'autre question. La journée avait été certes fatigante, à présent était venu le temps d'une détente méritée.

La Conspiration du DésertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant