Tout me ramenait à ce mariage auquel j'avais été contrainte d'assister. Je me rappelais de la chaleur extraordinaire du soleil en ce mois de mai, de la couleur de la cravate du marié, du timbre de voix de la témoin qui ne parlait plus à la fin mais qui hurlait littéralement. Je me rappelle de tous ses sourires niais qui fleurissaient au fur et à mesure des mouvements de la valse de la mariée. Je me rappelais aussi de l'odeur fleurie trop marquée à mon goût et de ses yeux. Ils étaient à la fois si normaux et si extraordinaires. Si communs et si surréalistes. Tellement profonds et si fuyant. Il avait l'expression du condamné à mort qui voit la corde de la potence de sa fenêtre. Il semblait être tellement plus mal que moi. Et je dois l'avouer, c'était cette douleur qui me plaisait le plus quand je l'observais. J'appréciais le fait que je n'étais pas la seule dans cette assemblée à ne pas vouloir être ici. J'en avais que faire du bonheur des mariés, des promesses qui s'effaceront d'ici quatre ans, de tout ce gâchis d'argent en faste illusoires. Mon bourreau remarqua que mes yeux s'étaient perdus un peu trop longtemps sur lui et il s'amusa à s'emparer de cette observation :
— On craque sur le petit Henry ? Lança une voix féminine doucereuse — Pas le moins du monde. Lâchais-je — Alors pourquoi tu le regardes comme cela ? — Parce qu'il subit le même sort que moi ! Pestai-je. — Oh c'est bon, tu vas m'en vouloir jusqu'à quand pour ce week-end de ta vie ? — Je t'avais dis que je ne voulais plus être ta "compagne" d'infortune ! Et toi ? Tu me fous sur l'invitation d'un mariage où je ne connais même pas la putain de mariée ? Explosais-je en haussant le ton.
Je me ramassai un coup de coude bien senti dans les flancs. Je retins un cri entre mes dents alors que mon regard fusilla la femme qui me souriait. — Tu me dois bien ça après m'avoir trompée avec ta blondasse non ? — Je te rappelle que tu avais rompu à ce moment-là. — Non, j'avais juste demandé qu'on fasse une pause pas un arrêt définitif. — C'est du pareil au même. Tu n'avais juste pas le cran de me quitter et c'est tout. — Je te remercie pour ton aide sur cela. Lâcha avec sarcasme mon bourreau — Au moins, tu as eu le beau rôle comme ça. — Va te faire foutre, Ely ! — Je peux partir maintenant qu'on nous a vu ensemble ? Interrogeais-je en me levant. — Oh non, *chérie*, il est hors de question qui tu me quittes maintenant. Tu vas rester avec moi jusqu'à demain et après, je ne te demanderai plus rien.
Je me tournai vers elle en haussant un sourcil avant de plisser les yeux en perdant un semblant d'expression au vu de son sourire en coin.
— Tu te fous de moi... — Non, je te jure, j'en ai ras le cul de te voir. Tu n'es jamais de bonne composition. Te voir, ne me fais penser qu'au fantôme de ce que tu étais quand on s'est rencontrée. Cela n'a plus rien de fun de te voir souffrir. — Désolée de ne plus être aussi divertissante. — Tu peux. Après demain, on ne se verra plus du tout. — Bien, donc je supporte encore cette putain de soirée et on est quitte ? — On va dire ça.
Les grands yeux bleus du bourreau se rétrécirent avant de tourner la tête et de se pencher vers son autre voisine qui n'avait rien entendu de l'échange. Lorsque je me retournai vers mon objet de contemplation, je croisais ses yeux bruns profonds et il me sourit en levant sa coupe de champagne et soudainement, un profond accouphène me ravagea mon oreille gauche. Puis soudainement, dans le silence assourdissant que m'offrait le sifflement, j'entendis :
Je pourrai devenir votre nouveau bourreau si vous le souhaitez.
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Cent mots dire
PoezieSuivez cette passerelle et parcourez à travers ces lignes, une centaine de mondes. Retrouvez ici, au fur et à mesure des semaine écoulées, une anthologie de textes créés lors d'exercices d'écriture.