La circulation a toujours eu le don de m'étonner. Je me retrouve, à chaque fois, coincé au même endroit à la même heure ! Et ça malgré mon armée d'applications de trafic routier qui me disent tout et son contraire. Comme quoi, la technologie... Et que dire de la vue pendant ce moment d'inertie ? Elle m'offre des dizaines de voitures alignées en file indienne qui semblent aussi impatientes que moi de quitter ce tronçon infernal. Et si par malheur, je tourne le regard vers la vitre conducteur, je ne vois qu'un enchaînement d'arbres malades de pollution, me rappelant qu'avant tout ceci était une belle forêt où la vie devait prospérer. Et puis, il y a eu nous. Nous et nos progrès technologiques ; nous et notre égocentrisme grandissant ; nous et nos tous puissants êtres. Une belle brochette de goujats ingrats et incapables de prendre en considération autre chose que nous-même. Cette pensée me donne le vertige et la nausée. Je suis supposé être un être doué d'empathie et je me sens tellement loin de cette vérité. C'était quand la dernière fois que j'ai pensé à quelqu'un d'autre de manière totalement désintéressée ? Je passe quelques secondes pour sonder ma mémoire, mais comme prévu, je n'en ai aucun souvenir. Mon regard croise mes yeux dans le rétroviseur central et le reflet me fit grimacer. La radio déraille, me ramenant à la vue face à moi. Encore une antenne qui a dû sauter à cause de l'orage qui sévit à plusieurs dizaines de kilomètres d'ici. Encore un progrès défaillant. Encore une envie de dire que "C'était presque ça les gars, mais vous n'êtes pas tout-puissant". Et quelque part, qu'est-ce qu'on en ferait de la toute-puissance ? Surement des choses atroces... Et pour mettre fin à tout ce que mon imagination pourrait créer, je coupe la radio. Un coup de klaxon derrière moi, et je tourne la tête vers la plage arrière. Le conducteur capte mon regard et lève les bras en l'air. Il doit penser que je m'autorise une méditation profonde et que je ne bouge pas pour son plus grand déplaisir. S'il avait connaissance de l'amertume de mes pensées, il n'aurait pas voulu m'interpeller. J'allume ma vapote, seul petit plaisir que je peux m'offrir à ce moment-là. La fumée mentholée me pique un peu les yeux. Il faut dire que je suis claqué ces derniers temps. Rien ne va comme il faut dans ma vie. À croire que la seule chose régulière, est ces maudits embouteillages que je me farcis à chaque fin de journée. Peut-être faudrait-il créer une communauté d'habitués des embouteillages de la A86 de 18h15 à 19h30 ? Pour profiter de ces moments d'inerties afin de partager un lien social. Peut-être ou peut-être pas finalement. Un deuxième coup de klaxon retentit parmi les bruits des moteurs moulinant. Cette fois, c'est devant moi. Je reprends ma posture initiale et lève les yeux vers le bout de ciel noir violacé que m'offre mon pare-brise. Celui-ci est chargé et la moiteur ambiante ne fait que de s'alourdir. Je pousse la climatisation au niveau 4.Un nouveau coup de klaxon résonne au loin et aller savoir pourquoi celui-ci provoque en moi, une sensation de malaise. Je me penche en avant, mains crispées sur le volant et essaye de voir le plus loin possible. Mais, malheureusement, ce n'est qu'une file indienne de voitures non-dissociables qui s'offre à ma vue. Je pousse un long soupir qui soulage partiellement ce malaise. Il y a quelque chose que je ne comprends pas ce soir. Tout a l'air normal et pourtant les conducteurs semblent moins patients. Peut-être que l'orage dans l'air rend tout le monde nerveux ? La voiture de devant redémarre et un sourire vint égratigner mon visage lassé. Enfin, je vais pouvoir bouger et laisser derrière moi ce monde d'inertie et d'amertumes pensées. Il était temps, un peu plus et j'allais faire le procès de l'humanité toute entière dont je n'allais sûrement pas plaider la cause. Je m'apprête à avancer quand soudain, le conducteur me précédant pile net. Je soupire lourdement. Peut-être que finalement, je devrais me mettre à écrire mon plaidoyé. Je ferme les yeux et me résigne à voir encore une partie de ma journée bloquée sur cette route. Je cherche à tâtons sur ma chemise, ma vapote. Rien de tel que de vapoter pour passer le temps. Je pourrai tout aussi bien mettre ces minutes perdues à profit pour lire, apprendre, m'informer et évoluer mentalement, mais non. Ça serait trop me demander. J'ai juste envie de rentrer chez moi et j'assume d'être inerte. Je l'attrape enfin et la porte à mes lèvres et tire dessus une bouffée de vapeur mentholée. J'allais tirer une nouvelle bouffée quand soudainement un bruit sourd explose sur ma gauche. Il résonne avec une telle force que j'ai ma respiration qui se coupe. Je vais pour tourner la tête vers l'explosion quand soudain, ma voiture se fait emboutir à l'arrière. Le choc me fait partir de l'avant et ma ceinture de sécurité se bloque et je me la prends en pleine poitrine alors que ma tête frappe le volant. Tout se noircit autour de moi et mon ouïe n'est plus qu'un bouclement. Ma tête me fait atrocement, mal et la luminosité aggrave la douleur. Je tire une grimace de douleur quand je reprends conscience et que je me redresse tant bien que mal sur mon siège. Il m'est difficile d'ouvrir les yeux, car tout autour de moi agresse mes sens. Je passe ma main sur ma joie droite et je sens quelque chose d'humide et froid rentrer en contact. Je sais ce que c'est, du sang. Je reste plusieurs minutes sans bouger avant d'essayer d'ouvrir les yeux. La lumière est moins vive et je laisse ma vue se stabilisait. J'aurai mieux fait de garder mes yeux fermés, car la seule chose que j'ai voix, c'est une énorme traînée rouge sur tout mon pare-brise. Ma respiration s'accélère et la douleur dans ma poitrine s'accentue. D'une main peu assurée, j'essaye de me pencher en avant malgré la douleur et touche le verre. Le sang est à l'extérieur. Mon souffle commence à devenir erratique alors que je me concentre sur mon ouïe, mais je n'entends rien. Le silence n'est pas normal. Je vais pour baisser ma vitre coté conducteur quand soudain, la vitre coté passager explose. Inconsciemment, je mets mes bras devant mon visage pour me protéger des éclats de verre. Tout mon corps se met à trembler de manière incontrôlable.
—IL Y A UN SURVIVANT ICI !
La voix est masculine et elle hurle. Je l'entends. Le silence n'est plus là et ne me demandez pas pourquoi ça me rassure. J'essaye de parler en vain. Ma bouche est terriblement sèche. Malgré tout, je réitère, il faut que je sache.
—Qui...Êtes-vous ? Et que s'est-il passé ?
—C'EST DES PUTAIN DE ZOMBIES ! SORTEZ DE LA TOUTE DE SUITE !
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Cent mots dire
PoesíaSuivez cette passerelle et parcourez à travers ces lignes, une centaine de mondes. Retrouvez ici, au fur et à mesure des semaine écoulées, une anthologie de textes créés lors d'exercices d'écriture.