Je voulais t'oublier. Oublier ta mort. Oublier cette image de ton cou pendu à la corde.
On était trop jeunes pour comprendre l'impact des mots, enfin c'est ce que je pensais.
Je n'imaginais pas ce que tu vivais, je voulais juste ce dont j'avais besoin. Je ne pensais pas à toi. Je m'en foutais, et maintenant tu me hantes.
Tu voulais qu'on s'aime, tu voulais qu'on soit ensemble, je ne voulais pas.
Tu voulais me prendre dans tes bras, je voulais juste te baiser.
Maintenant je regrette, je porte ce poids chaque jour comme une malédiction.
Je cherche l'amnésie, en fumant. Mais chaque fois que je ferme les yeux pour laisser s'échapper la fumée je repense à toi, à ton corps d'adolescente sous le mien. À ces courbes encore pas formées correctement. À ce corps dont je me moquais avec mes abrutis de potes. Tu étais complexée par ton corps, parce que j'avais des standards complexes. Tout ça à cause de moi. Tu ne voulais pas te détacher, mais tu as fini par le faire quand je te l'ai hurlé.
Je bois pour vomir ces mots que je t'ai dit. Ces mots horribles qui t'ont poussés à disparaître.
Où es-tu allée petite fleur ? Petite salope, comme on t'appelait. Petite baltringue qu'on rêvait de baiser juste pour t'humilier.
Petite fille qui vivait des choses atroces chez elle et qui écrivait tout dans ses poèmes. Petite qui cherchait juste du réconfort dans mes coups de rein.
Où es-tu partie ?
Ce dernier message que tu m'as envoyé en me disant que tu allais te foutre en l'air, pendant que j'en touchais une autre.
Si tu savais comme je regrette. Tu aurais pu avoir un grand avenir petit papillon, si je n'avais pas coupé tes ailes. Si je ne t'avais pas enfermée dans mon jardin.
