Le jour de l'enterrement je n'ai pas osé faire acte de présence.
Bizarrement je ne ressentais rien ce jour là.
Je pensais que je rigolerai, mais les pauvres blagues de mes amis ne me faisaient même pas hausser les lèvres.
Il y avait cette chose dans mes yeux. Cette chose que j'ai découvert être des larmes. Je ne savais même pas pourquoi je pleurais. Mais te savoir morte, de ma faute, m'affaiblissait. Quand j'ai lu le poème que tu avais écrit avant ta mort, où tu parlais de moi, mes jambes ont lâchées, mon coeur s'est barricadé. Et je n'arrive pas à t'oublier.
J'aimerai que tu t'en ailles de mon esprit, que tu arrêtes de me priver de ma vie.
Si seulement tu étais restée, si seulement je t'avais aidée. Si seulement tu avais arrêté de m'aimer...
Puis les jours ont passés, je ne suis jamais allé sur ta tombe. C'était trop dur.
Quand à l'école je voyais ta chaise vide et les mots "doux" qu'on avait écrit dessus. Quand ils faisait des blagues sur ta mort et rigolaient j'avais juste envie de leur casser la gueule. Pourtant je continuais de traîner avec eux et d'aller boire des verres de whisky. Pour ne pas leur montrer qu'en fait je m'étais attaché à toi. Je te faisais du mal, parce que c'est comme ça qu'on m'avait appris.
Chaque mois, je lisais tes poèmes, je les avais gardés avec moi, et je pleurais. Les seuls souvenirs que j'ai de toi sont tes gémissements et ton visage transpirant. Pourquoi n'ai-je pas essayé de te comprendre ? Pourquoi ne t'ai-je pas écoutée ? Pourquoi me suis-je fermé à toi ?
Je cherchais l'amnésie dans les études, j'ai essayé de rendre mes parents fiers mais je n'y arrivais pas, tu étais toujours là. Ils ne savaient pas, je ne leur avais jamais dit.
Tu es une malédiction.
