Un garde du corp

Nouveau cliant

Beaucoup avaient ri quand Castiel avait annoncé qu'il voulait devenir garde du corps. Sa famille lui avait répété maintes et maintes fois qu'il n'en avait ni la carrure ni la force. Qu'il serait incapable de protéger qui que ce soit correctement. Castiel avait beau suivre des cours de judo et être doué dans tous les sports de combats, il restait le dernier de sa longue fratrie et celui qu'on considérait comme le plus faible.

Il n'était pas immense. Il n'impressionnait personne. Il n'était pas non plus particulièrement musclé. Il avait le physique d'un coureur de fond et n'en imposait pas suffisamment.

Il n'était pas bagarreur et préférait de loin régler les conflits en discutant calmement. Il savait que sa famille le voyait comme un garçon fragile. Mais il savait également qu'il ne l'était pas.

Bien au contraire. Il savait se battre. Avait appris à se défendre. Et quand il fut en âge de le faire, il commença à s'entraîner au tir. Il était doué et tous ses instructeurs ne tardèrent pas à le féliciter sur ce point.

Castiel avait la tête sur les épaules et énormément de sang froid. Il se savait parfait pour protéger quelqu'un. Il en ressentait le besoin. Depuis qu'il était enfant, il avait toujours pris la défense de ceux qu'on embêtait. De ceux qui ne parvenaient pas à se défendre seul. Peu importait en fin de compte que personne ne croit en ses chances. Il était suffisamment déterminé pour réussir.

Il choisit toutefois d'apaiser ses parents en entamant des études de management. Il avait de bonnes notes et un avenir tout tracé. Son rêve restait toutefois sur le devant de son esprit. Et il n'avait pas l'intention de l'abandonner simplement parce que les gens manquaient de confiance en lui.

Rencontrer Gabriel avait tout changé. Ils étaient devenus amis rapidement. Castiel était plutôt solitaire avant de le croiser. Il préférait ne pas avoir d'attaches. Il avait eu quelques connaissances avec qui il avait partagé des moments agréables. Il avait tissé quelques liens au sein de son université. Mais il n'avait pas vraiment d'amis. Et il n'était pas non plus proche de sa famille. Cela lui convenait parfaitement. Il refusait de se laisser distraire. Son plan était simple. Réussir à obtenir son diplôme pour avoir une issue de secours en cas d'échec puis tenter sa chance dans le métier qu'il voulait exercer.

Il avait longuement hésité à rejoindre la police ou les pompiers. Il savait qu'il serait parfaitement capable de réussir les tests d'entrée. Il se savait suffisamment intelligent pour gravir les échelons. Il aurait pu faire un très bon policier. Un très bon pompier également. Mais il n'en avait pas envie. Il ne voulait pas avoir à rentrer dans un moule. A devoir composer avec des collègues dont sa vie dépendrait entièrement. Castiel se savait parfaitement capable de veiller sur les autres. Mais il n'avait pas confiance en ses potentiels collègues pour être aussi doués que lui. Il refusait de remettre sa vie entre les mains d'une personne qui aurait atterrie là par hasard. Qui ne serait pas prête à prendre tous les risques pour lui.

Castiel était totalement d'accord pour donner sa vie pour la personne qu'il serait amené à protéger. Il doutait que tout le monde puisse en dire autant.

Gabriel lui avait alors offert une opportunité incroyable. Ils s'étaient rencontrés dans un bar où Castiel avait choisi de boire un verre seul. Il ne redoutait pas la solitude. Mais parfois, quand elle devenait pesante, il sortait. Rencontrait un homme et couchait avec lui si le courant passait bien. Une nouvelle fois, il ne donnait jamais suite. Il refusait de s'engager. S'il réussissait dans son métier, il serait amené à mettre sa vie en danger constamment. Et avoir quelqu'un qui l'aimait et tenait à lui était injuste. S'il venait à mourir, il préférait nettement ne laisser personne derrière lui.

Durant les premières minutes de leur rencontre, Castiel avait cru que Gabriel cherchait à le séduire. Il n'était pas du tout son type mais il le trouvait drôle. Ils avaient donc discuté autour d'un verre – puis de dix – et avaient fait connaissance.