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Le premier jour d'un stage est souvent stressant. Vous avez cette boule au ventre parce que vous voulez faire bonne impression à une bande d'inconnu. Mais lorsque ces inconnus ont entre neuf et dix ans, les choses sont différentes. Aujourd'hui, moi, Elsa, j'ai commencé mon stage dans une classe de CM2. Je n'aime pas particulièrement les enfants et encore moins le métier d'enseignante mais je n'avais pas vraiment le temps de trouver autre chose. N'ayant trouvé aucun cabinet ou psychologue qui prenait des stagiaires, j'ai du faire autrement. Une amie à ma mère m'a gentiment proposé une place dans sa classe, « pour observer les enfants ».
Rien de bizarre, c'est juste que mon truc à moi c'est la psychologie. Enfants, adultes, animaux, chaque chose est différente et j'aime les étudier toutes. A maintenant dix-neuf ans, j'ai fait mon choix après une année sabbatique (et une rupture douloureuse).
Ce matin je me suis encore réveillée en retard. Je me suis donc habillée à la va-vite et c'est à peine maquillée que j'ai couru après mon bus. Ce n'est qu'une fois installée dans celui-ci que je me suis rendu compte que dans mon sac se trouve mes affaires de cours et non celles pour mon stage. La liste des élèves de la classe (que j'ai bien entendu oublié de feuilleter), les conventions que je dois remettre à l'école et d'autres choses dans ce style. Mais je n'ai pas le temps de retourner chez moi, sachant que je suis déjà en retard et que je dois passer voir la directrice avant de rejoindre la salle où je passerai mes journées pendant un petit moment.
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Je suis maintenant devant la classe remplie de petits monstres (comme j'aime les appeler) m'observant sous toutes les coutures et je me demande si je suis vraiment à ma place. Puis je relève la tête et vois ce garçon seul au fond de la salle. Une dizaine d'année, des joues rebondies, des bouclettes brunes. Un regard triste et perdu vers l'horizon. Je me présente rapidement, et une foule de question m'assaille. Âge, origine, petit ami, tout y est passé. Je n'ai plus de secrets (ou presque) pour eux.
Mais pendant toute ma présentation, le petit ange n'a pas tourné la tête vers moi une seule fois. Je prends place derrière lui, au fond de la salle, lorsque l'interrogatoire est finit. J'observe les enfants un par un et mis à part une un peu louche, rien ne me surprend vraiment. Il n'y a que ce garçon seul, à l'écart. J'ai déjà vu cela en cours mais tout cela était théorique. Les cas réels c'est autre chose, surtout chez les enfants. Il y avait plusieurs raisons possible à son isolement. Le rejet des autres, les problèmes familiaux ou bien juste une mauvaise journée. Mais d'après les regards en biais que lui jettent les autres de temps à autre, je me doute que ce n'est pas la dernière hypothèse.
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A l'heure du déjeuner, je décide de rejoindre les enfants et non pas les maîtresses. Je sais que si je veux apprendre à les connaître vraiment, les pauses seront le moment le plus propice. Des groupes commencent déjà à se dessiner. Les enfants dont les parents ont de l'argent, les filles timides, les garçons qui parlent fort en « draguant » les fillettes de la table à côté. Chacun semble être à sa place. C'est l'une des rare choses qui ne changent pas avec l'âge: les groupes. Je réfléchis et avance pour trouver une place. Je suis toujours un peu mal à l'aise lorsque je dois intégrer un groupe. Surtout lorsque celui-ci est composé d'enfants qui ont presque la moitié de mon âge. C'est en avançant vers le fond que je reconnais le petit garçon de la classe. Je décide de prendre place face à lui mais encore une fois il ne me regarde pas. Je me racle la gorge et il daigne enfin lever les yeux de son plat. Mais cette fois il semble confus et en colère de ma présence.
"Salut, je suis..."
"Elsa je sais. J'ai entendu."
Son agressivité ne me surprend qu'à moitié. Je veux simplement entamer la discussion avec lui et il me repousse. Mais vu son attitude de ce matin je n'en attendais pas moins. Je voulais observer sa réaction à un contact direct, et je ne suis pas déçue. Je garde donc le silence et le regarde tripoter ce qui se trouve dans son assiette. Il me fait penser à une personne que je connais mais je ne saurais dire qui. Il est très mignon et fera surement un tabac avec les filles plus tard. Enfin s'il arrête de les repousser. J'observe sa posture un court instant et essaye de me rappeler les cours que nous avons fait sur ça. La tête rentrée dans les épaules, les bras devant son visage, tripotant les ingrédients à peine entamés dans son assiette. Il se protège du contact extérieur, met une barrière entre lui et le monde.
J'étais comme lui avant. Parce que je n'avais pas confiance en moi. Lorsque j'étais plus jeune ma 'meilleure amie' disait du mal de moi à tout les gens de ma classe. Et je n'ai rien su jusqu'au jour où ils ont commencés à s'en prendre à moi, parce j'aurai dit ci ou ça sur l'un d'eux. J'étais faible, à l'époque, et cela les amusaient. Elle est devenue populaire et moi je restais tout le temps seule. Alors j'ai commencé à avoir peur du contact humain. Comme s'il était possible qu'elle est montée le monde entier contre moi. Je suis devenue totalement paranoïaque et parfois je refusais de sortir de chez moi - même pour me rendre chez ma famille. Ma mère pensait que je faisais une sorte de crise d'ado un peu poussée et que 'mon amie' et moi allions nous reparler rapidement. Je ne lui en ai jamais voulu mais j'aurai aimée qu'elle voit à quel point j'allais mal.
Et puis un été , j'ai rencontré Ashton. Ashton Irwin. Il était ce genre de garçon qui ne peut pas s'intéresser à vous. Il est bien trop beau, gentil, drôle, attentionné pour être réel. Et pourtant cet été là, il avait réussi à percer ma coque et m'as redonné goût aux contact humain. Deux mois avec lui et je suis devenue une autre personne. Je pensais être amoureuse de lui (je l'étais très certainement) et je pensais qu'il l'était aussi. Nous sommes sortis ensemble pendant un mois, nous avions prévu de nous revoir après l'été. Mais il a finit par me laisser lui aussi. Il est parti pour sa carrière, il est dans un groupe. J'ai vu dans son départ une nouvelle trahison. Mais cette fois au lieu de me laisser couler j'ai décidé de prendre ma vie en main. Je me suis plongée dans mes études et j'ai passé beaucoup de temps avec ma famille. Ils étaient heureux de voir que j'étais redevenue moi-même et qu'après une année à ne rien faire, j'avais trouvé ma voie.
Aujourd'hui je veux faire ce qu'Ashton à fait pour moi avec les autres. Notamment avec Harry, mais pour l'aider je dois percer sa coquille. J'aimerais qu'il me laisse l'aider, mais c'est mal parti.
On finit tout les deux notre repas en silence puis il se lève et va débarrasser son plateau. Je décide de ne pas le suivre, j'en ai assez fait avec lui pour aujourd'hui. Je ne veux surtout pas le braquer contre moi. Je vais donc rejoindre une table ou se trouve un groupe de jeune fille entrain de rigoler. Elles m'accueillent à bras ouvert et me pose plein de questions sur la vie des grands de mon âge.
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Plus tard pendant que les élèves font des problèmes de mathématiques, je me place face à la classe pour les observer. Certains sont très concentrés, certains regardent la pendule comme si elle allait leur donner la réponse et d'autres regardent la copie de leur voisin. Harry est assis au fond de la salle, comme à son habitude. Seul et regardant le sol. Une mèche de ses cheveux bouclés tombe sur son front. C'est quand Marine, la maîtresse, prononce son nom que je comprends.
"Irwin au tableau."
Le jeune garçon relève la tête paniqué, comme si elle venait de le condamner à mort.
"Mais madame,"
"Harry pas de mais. Au tableau."
Il relève la tête et pose ses yeux sur moi pour la première fois depuis notre repas. Il fronce les sourcils. Tout est clair pour moi maintenant. Harry est le petit frère du garçon qui m'a brisé le cœur, il y a presque un an.
Harry est le petit frère d'Ashton Irwin.
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Little Irwin //A.I.\\
Fanfiction"-On ne peux pas écrire sur des choses qu'on ne connaît pas El. - Pourtant tu écris bien des chansons d'amour, Ash." Ashton & Elsa [+Harry Irwin]