New York

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- Maman, maman ! Réveille-toi !

Je grommelle, encore à moitié endormie, puis cache ma tête sous l'oreiller pour couvrir mes yeux de la lumière du soleil. Rapidement, je sens Juliet, ma fille, sauter dans mon lit comme dans un trampoline. Bon, je n'ai pas le choix, je vais devoir me lever. Je retire donc l'oreiller de ma tête, puis ouvre les yeux petit à petit, les laissant s'adapter à la lumière du jour. Après quelques minutes, je me redresse en une position assise, puis me frotte les yeux, encore fatiguée. J'ai travaillé sur un article toute la nuit hier soir, je n'ai pas dormi énormément cette nuit.

- Juliet, qu'est-ce que tu veux ? Quelle heure est-il ? demandais-je d'une faible voix fatiguée.

- Environ six heures ! Z'ai faim, ze veux des œufs au bacon ! S'il te plaît, ze meurs de faim, maman !

Je soupire, puis lui dit que je serai en bas dans dix minutes. En attendant, Juliet descend jouer avec ses poupées dans le salon, pendant que je vais me réveiller un peu. Je me lève donc de mon bon lit douillet, puis pars dans la salle de bain me passer un peu d'eau sur le visage pour bien me réveiller. Cette situation, je la vis quasiment chaque matin depuis six ans maintenant. Avant de partir à Yale, Jughead a appris pour Archie et moi et m'a quittée. Il m'avait dit qu'il m'aimait toujours, mais que c'était mieux comme ça, pour notre avenir ; la distance entre Yale et Iowa était, d'après lui, trop grande, et ça n'aurait que gâcher nos vies...

Je suis finalement allée à Yale – enfin, pas très longtemps, juste quelques mois et Jughead est allé étudier à l'université de Iowa. Une semaine après être arrivée à New Haven, j'ai découvert que j'étais enceinte de ce petit monstre que j'ai appelé Juliet... Personne n'est au courant, pas même Jughead ou ma mère... Depuis mon départ, Jughead ne m'a pas recontacté. Ma mère prend des nouvelles de moi régulièrement, mais je n'ai jamais osé lui parler de Juliet. Que va-t-elle penser ? J'ai eu un enfant à dix-huit ans, exactement comme elle. Et depuis tout ce temps, je ne suis jamais retournée à Riverdale.

Je vis maintenant à New York avec ma petite Juliet. C'est un vrai petit monstre quand elle le veut ! Mais elle peut aussi être très gentille et extrêmement mignonne. Physiquement, elle me ressemble comme deux gouttes d'eau. Et niveau caractère, c'est le portrait craché de Jughead... Elle adore manger, écrire, lire et jouer les détectives. Ses livres préférés sont d'ailleurs ceux de Nancy Drew, comme moi à l'époque ! Oh, et évidemment, elle porte le nom de « Juliet » en l'honneur du premier baiser échangé entre Jughead et moi...

Les premiers mois ont été très durs pour moi. J'étais seule dans un endroit inconnu, dans une ville lointaine, perdue, loin de ma famille et mes amis. J'étais déprimée, je ne mangeais plus et ne faisais que pleurer à longueur de journées. Je n'arrivais même pas à me concentrer pour les cours. Et quand j'ai découvert que j'étais enceinte, tout s'est empiré. Ma conscience me répétait que j'allais être une mère célibataire, que mon enfant grandirait sans père... Au début, je ne voulais pas la garder. Mais il était hors de question que je me fasse avorter ou que je la fasse adopter. Elle est tout ce qui me reste de Jughead, et je l'aime plus que tout au monde. Tout comme j'aime Jughead, malgré ces six ans sans s'être échangé un seul mot, un seul message.

J'ai donc étudié à Yale les premiers mois, mais quand ma grossesse fut trop importante, j'ai été contrainte d'arrêter les cours. Heureusement, je me suis fait une bonne amie ici, à New York. Son nom est Phoebe Halliwell, nous étions colocataires à New Haven. Par chance, nous sommes restées bonnes amies. Le temps de ma grossesse, nous avons partagé un appartement près de Yale pour qu'elle puisse continuer ses études tout en étant présente pour moi. Je lui ai tout raconté, elle sait tout sur Jughead et moi. Elle m'a énormément aidée avec Juliet, mais au bout d'un moment, elle a déménagé avec son petit-ami à Brooklyn. Je l'ai finalement suivie à New York, où je me suis trouvé un appartement avec vue sur Central Park et un emploi.

Je travaille en tant que journaliste au New York Times, l'un des journaux le plus connu du monde. Je travaille souvent chez moi et envoie mes articles par Mail, pour pouvoir m'occuper de Juliet tout en ayant un emploi. Je dois avouer que cette vie est difficile, elle ne me convient pas, mais je n'ai pas d'autres choix. Ma vie n'a aucun sens sans Jughead. Depuis six ans, je n'ai pas eu de copain, pas d'aventures, ni même de coup d'un soir. Rien. Je ne pouvais pas oublier Jughead, il restera pour moi l'amour de ma vie, le seul homme pour moi.

Je finis donc par m'habiller, puis rejoins Juliet dans le salon. Cette enfant est incroyable ! Le portrait craché de son père. Quel genre d'enfant réveille sa mère à six heures du matin pour lui faire des œufs au bacon ? Je finis par soupirer dû au manque de sommeil, puis prépare le petit-déjeuner. Juliet est tout ce qu'il me reste, toute ma vie. Pour son âge, elle est déjà très intelligente. Elle est toujours là pour moi quand je vais mal et fait tout pour me réconforter. Je lui ai vaguement parlé de Jughead, sans pour autant entrer dans les détails. Elle sait donc qui est son père... elle l'a vu dans les journaux.

Jughead est devenu, comme il en avait toujours rêvé, un écrivain reconnu. Son roman sur le meurtre de Jason s'est vendu en plusieurs millions d'exemplaires, traduit en cinq langues pour le moment. Il a été élu meilleur écrivain de roman policier l'an dernier. Bien entendu, j'ai lu son livre, tout comme Juliet, et je dois avouer que c'est un vrai chef-d'œuvre. Je suis fière de lui, fière de ce qu'il est devenu. Mes sentiments pour lui n'ont jamais cessé depuis ces six ans. Jamais.

- Maman, on peut aller au parc aujourd'hui ? me demande Juliet en venant s'installer à la table de la cuisine.

- Si tu veux, mais il ne faudra pas rentrer trop tard, ma chérie, je dois encore terminer un article, soupirais-je.

- Pourquoi tu continues de travailler au New York Times ? Tu n'es pas heureuse, maman. Tu es toujours fatiguée...

- Cet emploi me permet de gagner beaucoup d'argent, chérie. Si j'arrête d'écrire des articles pour le New York Times, je n'aurai plus assez d'argent pour payer cet appartement.

Je mets la table, puis nous sers le petit-déjeuner. Nous déjeunons donc, avant que je n'aille prendre une bonne douche tiède pour bien me réveiller et donner son bain à Juliet. Elle choisit de porter une salopette en jean avec un maillot blanc portant le dessin d'un arc-en-ciel en dessous avec une paire de baskets blanches. J'enfile à peu près les mêmes vêtements qu'elle, puis pars ensuite me coiffer.

- Maman, tu peux me faire une queue-de-cheval, s'il te plaît !? me demande-t-elle joyeusement en se regardant dans le miroir.

Je souris, coiffe ses beaux cheveux blonds, puis lui fait une queue-de-cheval comme j'avais l'habitude de porter à l'époque. Depuis, j'ai pris l'habitude de les laisser détachés. La queue-de-cheval me faisait trop penser à Riverdale, particulièrement à Jughead... c'était trop dur pour moi. Mon cœur se brise encore et encore à chaque fois que je me mets à penser à lui. Il me manque tellement... Je me sens si seule, coupable de notre rupture. Tout est de ma faute. Si je n'avais pas embrassé Archie, rien de tout ça ne serait arrivé. Si je ne m'étais pas énervée sur lui car il ne travaillait pas, on ne se serait pas disputé, et rien de tout ça ne serait arrivé.

Juliet regarde ensuite un petit peu la télé – mais attention, elle déteste les dessins animés, elle préfère regarder des émissions comme Esprit Criminel, ou New York Unité Spéciale – tandis que je fais une petite liste de course pour aller au magasin après être allées au parc. Juliet est vraiment tout ce que j'aurais pu rêver. Une part de moi, une part de Jughead. Mon physique, son caractère. Chaque jour, elle me fait penser à lui... J'aurais tant aimé qu'on soit une vraie famille, avec une mère, un père et un enfant...

My Little SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant