⚠️TW : mention de mutilation, meurtres, agression sexuelle⚠️
Kayla, 26 ans
Bogota, ColombieL'odeur du cuir neuf s'emparait de mes narines avec l'odeur de la pluie. Une partie de la fenêtre côté conducteur est ouverte laissant le bruit pénétrer dans l'habitacle. C'est apaisant dans un sens. Rouler seule et sous une pluie battante. Le risque de glisser et de perdre la vie en moins de quelques secondes. Et si je ne contrôlais plus le SUV ? Et si je le laissais faire une embardée jusqu'au fond de ce ravin ? Prenais-je donc le risque de ne pas voir le lendemain ?
Peu importe. La vie ne vaut pas la peine d'être vécue sans motivation.
Pourtant, je n'en fais rien. Je continuais mon chemin avec une conduite tranquille. Les routes glissent atrocement, surtout dans cette partie de la ville bordée d'arbres. Personne ne vient jamais de ce côté-là, comme si chacun avait compris ce qu'il s'y trouvait. Le terrain de la mafia colombienne. Là où tout prend naissance.
Je jetais un coup d'œil en direction de l'horloge digitale de la voiture : 04:38. J'ai déjà l'impression que ma tête va exploser et je n'ai même pas encore mis un pied dans ce foutu bâtiment. Race m'avait appelée en plein milieu de la nuit, chose qui n'arrivait presque jamais, pour me dire de revenir au centre au plus vite. Je n'avais pas posé plus de questions, j'en saurais plus sur place.
Je garais le SUV dans un crissement de pneus juste devant la porte en métal. Le froid me mordait les jambes une fois sortie. La pluie continuait de tomber comme pour annoncer un mauvais présage. Je poussais la porte du bâtiment avec mon épaule, tentant de réchauffer mes bras. Je détestais les nuits en Colombie.
J'entendais des voix non loin, une discussion animée peut-être ? J'espérais que ça en valait vraiment la peine. Je n'ai pas le temps de régler leurs problèmes. Les canapés dans le coin me firent de l'œil dès mon arrivée. J'ai réellement besoin d'une nuit de sommeil complète.
Les voix se firent de plus en plus distinctes jusqu'à ce que je passe la porte. Là, plus rien. Les regards étaient tournés vers moi attendant certainement que je dise quelque chose. Mais quoi ? J'ai pris place sur le siège au bout de la table ronde. Race se raclait la gorge. June, à ses côtés, attendait sûrement qu'il se décide à commencer.
– Trois corps ont été retrouvés.
Commençait donc Race.– Seulement des femmes. Mutilées et très certainement... Enfin tu vois.
Reprit June.Je savais parfaitement où elle voulait en venir. Ce genre d'actes arrivent plus souvent qu'on ne le pense. Surtout en ce moment. Ce n'étaient pas les premiers corps dont on parlait. Douze autres ont été retrouvés dans le mois. Chacun avec le même schéma vicieux et tortueux. Chaque femme se retrouve lacérée à sang sur tout le corps avant d'être brutalisée et laissée pour morte la gorge tranchée dans un endroit sombre etpeu fréquenté. Sauf par nous. Chaque victime est disposée de façon à ce qu'on la retrouve en premier.
– Nous ne pouvons pas gérer ça seuls Kayla. Nous n'avons aucune piste, le légiste n'a rien retrouvé sur les corps et les lieux ne donnent rien non plus.
Continue-t-il.Pourtant, je reste persuadée de savoir qu'entre chacun de ces meurtres, il y a un lien. Un message est en train de passer à travers une tuerie. Et la mafia est le destinataire de ce message funeste.
– Tu te rends compte que quelqu'un se permet de prendre son pied sous mon nez ? Et qu'en plus de ça, il se joue de nous. Comme un marionnettiste.
Rares sont ceux qui s'en prennent directement à nous sans en payer les conséquences. Il s'agit clairement d'un jeu ici. Et quelqu'un cherchait à se jouer de moi.
Mais je ne joue pas aux jeux des autres, je les fais jouer aux miens pour gagner.
– La comparaison n'est pas mauvaise mais à quoi est-ce que ça nous avance ? C'est comme une impasse.
Je n'ai jamais vu June avec cette lueur d'inquiétude dans le regard. Sauf quand il s'agit de la sécurité de sa femme et de son fils. D'aussi loin que je la connais, elle a toujours été avec Maïssa, une portoricaine, à la peau ébène et aux yeux si bleus qu'ils vous transpercent l'âme. L'année dernière, elles ont adopté un garçon d'à peine trois ans. C'était l'un des plus beaux évènements que nous ayons connu depuis un bout de temps. A travers la noirceur de son travail, June possède deux lumières capables de la ramener à la surface quand elle se perd dans ses propres démons.
Parfois, au plus profond de mon cœur, j'enviais le bonheur qu'elles détenaient. Puis je me rappelle rapidement que l'amour tue. Et mourir d'un cœur brisé est bien trop douloureux. Alors on oublie le sentiment de plénitude et on se concentre sur le travail. Mon rôle de jefa est plus important que le reste.
Et par le reste, je voulais dire tout. Rien d'autre n'a d'importance.
– Rentrez chez vous. Les corps n'ont pas encore été analysés et vous ne trouverez rien de mieux ce soir.
C'était la seule chose que j'arrivais à leur dire. En même temps, c'était la pure vérité. Je n'avais pas non plus les idées totalement claires.Race hochait simplement la tête avant de sortir de la salle. Cette situation lui faisait plus de mal que voulu. En chaque femme retrouvée dans un piteux état, il revoyait sa mère. Qu'elle repose en paix.
Je quittais la salle avant June. Je ne rêvais que de mon lit à l'heure actuelle et de la nuit de sommeil qui allait suivre. La nuit, le centre paraissait effrayant. On entendait à peine le bruit des lustres au plafond et du frigo. Rien d'autre. Je sortais un peu plus vite de l'entrepôt pour rejoindre ma voiture et les sièges chauffants.
Le trajet du retour me demandait moins de penser. Plus de pluie battante mais toujours ce bitume extrêmement glissant. Je repensais aux trois femmes torturées, agressées puis tuées froidement. Personne ne mérite un tel sort et pourtant... Mauvais endroit au mauvais moment.
Les pierres firent crisser les pneus dans l'allée de chez moi. Je jetais un regard vers la maison, rêvant déjà de mon lit. Mais la lumière de ma chambre se trouvait allumée avec les fenêtres ouvertes et les rideaux s'élançant dans la nuit noire. Mauvais signe, très mauvais signe. La bile me montait à la gorge.
J'attrapais l'arme à feu dans la boîte à gants. Le temps de rejoindre l'entrée, la porte s'ouvrait presque seule. Aucune trace d'infraction ni de Damon. Ce qui signifiait peut-être pire. J'avançais à tâtons dans le noir complet, mon arme devant moi. Bordel, je voulais seulement me coucher et oublier cette partie de la nuit jusqu'à au moins demain matin. Mais l'univers détenait décidément d'autres plans pour moi. J'entendais la porte du garde manger grincer et des griffes contre le bois. Damon. J'ouvrais la porte et mon chien sortit de la pièce avec les oreilles baissées. Plus aucun doute, quelqu'un est bien entré chez moi pendant mon absence.
Mes doutes se confirment une fois dans ma chambre. Des pétales de roses noires étaient éparpillés sur mes draps blancs avec un mot :
"Hasta pronto mi angel."
A très vite mon ange.
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Avant goût de CORAZÓN 👀Ce n'est que le prologue. Accrochez vous, la suite risque d'être plus intéressante !!
Love, A.
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CORAZÓN
Romance« J'étais ce qu'il lui manquait et lui était tout ce qu'il me fallait. » -------- Bogotá, Colombie. Les guerres de territoire sont nombreuses. Et la soif de pouvoir n'est jamais comblée. Une femme se trouve au pouvoir, détenant la mafia colombienne...