Les sept royaumes

Chapitre I

Anémone était prisonnière de la tour depuis déjà un an. La guerre avait commencé bien avant sa naissance, mais elle n'avait pas perdu espoir. Elle espérait toujours qu'un jour, peut-être, quelqu'un viendrait la sauver. Il était totalement impossible pour elle, ou pour quiconque de s'enfuir sans un complice ou une aide extérieure. Il y avait des portes et encore des portes fermées à double tour, entourées de plusieurs mètres de lave. Et puis, elle était sur le territoire du Royaume de feu, elle ne saurait probablement pas s'échapper ou trouver de l'eau. Sa maitrise de la vie ne lui servirait à rien: rien ne pourrait pousser sur cette terre stérile. Et elle était a plusieurs kilomètres d'une quelconque goutte d'eau, a part le peu qu'on lui donnait chaque jour, malheureusement trop précieux pour être utilisé pour se battre.     

Soudain, elle entendit des pas dans l'escalier. Puis, des odeurs de métal légèrement brulé. Et enfin le bruit des dizaines de cloisons s'ouvrant les unes après les autres. Les gardes revenaient pour s'assurer qu'elle était toujours sur place. Mais pourtant... Non, ces pas étaient plus légers, plus rapides. Les portes se refermèrent derrière son visiteur. Maintenant, un seul mur de fer les séparaient. La dernière porte s'ouvrit finalement à la suite du jet de flammes nécessaire pour débloquer les accès. Celui qui se tenait devant elle ne lui était pas inconnu. Ce n'était autre que Mèche. 

Anémone prit un ton sarcastique et lui dit:

- Quelle honneur de recevoir sa majesté le seigneur du feu dans ma modeste prison! Que puis-je faire pour vous aider?

- Tu nous rends un mauvais service à tous les deux quand tu emploies des mots si durs.

Il la prit dans ses bras, la forçant à s'approcher. Puis il cria un ordre aux gardes:

- Je ne veut pas être dérangé, sous peine de mort! 

Il s'adressa donc à Anémone. 

- Nous nous marierons donc la semaine prochaine... Ah, pourquoi devait tu être si belle! Comme tu me possèdes, tu me consumes avec des idées de te faire mienne. 

Anémone tenta de se dégager de son étreinte, de s'enfuir, de se réfugier dans un coin de la pièce mais Mèche la rattrapa, collant les fines courbes d'Anémone au granit de son corps. Puis, Mèche lança un jet de feu autour d'eux créant un mur de flammes pour empêcher sa prisonnière de s'échapper.

Il s'approcha et prit pour assaut les lèvres qu'Anémone n'avait ouvert que pour protester contre ses exigences. 

Soudainement, Anémone se retrouva maîtresse d'une force qu'elle n'avait jamais eu auparavant, ce qui lui permit de repousser Mèche. 

- Tu n'as pas le droit de m'enlever, de me forcer à me marier, ni de me maltraiter comme tu l'as fait. Maintenant, laisse moi la paix!

- Bien sûr que je le peut, tu est ma prisonnière et aussi parce que je n'aurais pas la paix d'esprit tant que je ne l'aurais pas fait. 

Il la prit de nouveau dans ses bras et l'embrassa plus tendrement qu'elle aurait cru possible. Cette fois, Anémone était totalement  coincée, immobilisée par un jet de flammes, par les bras de Mèche et par la prison de ses lèvres. Il ne la lâcha que cinq minutes plus tard, Anémone étant complètement essoufflée. Mèche cria un autre ordre aux gardes:

- Vous pouvez la faire monter! Elle et le matériel!

Les portes s'ouvrirent une à une et une petite femme trapue apparut avec un chariot rempli d'objets et d'habits comme des robes, du maquillage, des chaussures, des épingles, des brosses et toute sorte d'autres articles, mais ce qui impressionna le plus Anémone fût la paire de chaînes que tenait le garde accompagnant.

- Voici Brûlante, dit Mèche. C'est la femme de chambre du palais, elle est là pour te préparer pour le mariage. 

Il partit en fermant les portes avec un sourire malicieux et cruel.