Chapitre 1

303 13 17
                                    

Il avait l'air tout le temps seul. En fait, je crois même qu'il me fait pitié. Il reste enfermé dans son bureau toute la journée, sort pour fumer avec un air maussade, voir déprimé. On pourrait croire qu'à chaque instant il va pleurer. Je ne sais pas si j'ai pitié de lui, ou si je le méprise. Il est blindé de fric, il peut détruire ce qu'il veut et pourtant il a l'air déprimé. En fait, il me dégoûte. On m'a pas forcé à me prostituer et puis ça me dérange pas, loin de là, mais voir quelqu'un qui a tout pour lui avoir un air aussi triste, ça m'énerve. C'est pas à eux d'avoir un air triste. Combien de personnes ici se prostituent par obligation et non par envie ? Est ce qu'il a si peu d'empathie qu'il n'en pensé qu'à sa gueule ? Ah le voilà qu'il passe nous voir. Voilà un air déprimé comme si le monde l'avait forcé à faire ce qu'il fait. On t'as pas mis un couteau sous la gorge et si on l'avait fait tu serais pas aussi placé. Il nous regarde vite fait. Blasé. Il part. J'ai envie de lui foutre la tête dans le mur. Je vais rentrer je pense. De toute façon ma journée est finit.

Je me lève. Prends mes affaires et sort du bâtiment. Voilà il pleut. 20H37. Je vais devoir rentrer dans le noir sous la pluie. Combien de personnes bourrés, drogués ou les deux vais je croiser ? Est ce qu'on va encore me faire ? M'arrêter pour me demander un «service» ? J'ai vraiment pas le temps pour ça. Demain j'ai cours.

Je commence à m'éloigner du bâtiment. Je passe sous un pont. Ca sent l'alcool. Et la pisse. J'ai envie de vomir. Et voilà j'ai marché dans une merde. Rah mes putains de chaussures. Je dépasse le pont et j'entends une voiture passer. Et elle ralentit. Super qui va m'arrêter encore.

Je me stoppe et me rapproche de la voiture. Les vitres sont teintés. Ca craint pas mal mais bon si je cours qui sait ce qui va m'arrêter. La fenêtre j'ouvre et à ma stupéfaction c'est le faux dépressif qui est là. Il me veut quoi lui ? Je lui souris doucement et commençait à lui parler.

« Ah bonjour Monsieur ! Vous voulez quelque chose ? »

Il me répondit pas. La gêne s'installa en moi.

« Heu quelque chose ne va pas Monsieur ?

- ... T'es sur que c'est une bonne idée de rentrer seul ? »

Je ris doucement. Franchement, je rentrer seul le soir souvent c'est pas aujourd'hui qui va m'arriver quelque chose.

« Non non je vous assure j'ai l'habitude c'est gentil de s'inquiéter !

- Je m'inquiète pas. »

Ah là c'est bon je suis gêné. Il a un ton froid. Il avait l'air en colère avec ce que j'avais dis. Puis son visage se radoucit.

« T'habites loin ? »

Là c'est bizarre. On se connaît pas et il me demande ça.

« Mmh un peu loin oui pourquoi ?

- Je te ramène ? »

Alors soit je lui dis non, il le prend mal, il me tue, soit je dis oui, ptet rien ne se passe, ptet il me tue.

« Heu... Vous êtes sur ? Ca vous fait pas un détour ?

- Si je propose c'est que je peux. C'est bon si tu veux pas je vais pas te tuer. »

J'avais encore moins envie de dire non. Enfin surtout encore plus peur. Je souris.

« Non c'est bon c'est gentil de me proposer je viens. »

Je fis le tour de la voiture et rentrais dedans. Je mis la ceinture. Il ne dit rien et démarra. Je lui indiquais d'une petite voix vers où j'habitais et il y alla. Il ne dit rien du trajet. C'était particulièrement gênant. Du coin de l'oeil je le regardais. Il avait l'air moins déprimé, juste blasé. C'est même très compliqué de savoir à quoi il pensait. Il tourna la tête pour me regarder. Mec, me regarde pas comme ça c'est gênant. Il se gara.

Jotakak AU Yakuza/ProstituéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant