𝐘

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t r a g e d y

chaque existence avait un but, n'est-ce pas ?

mais pas la mienne. j'errais dans l'infinité du néant, et je m'y morfondais inlassablement. ni but, ni rien. mes objectifs étaient vains, inatteignables. je remplissais mes devoirs à la va-vite, les laissais de côté. ils ne règleraient pas mon état, n'apaiseraient pas ma souffrance. ils ne feraient que la compliquer.

j'étais triste, mais ce simple mot était un euphémisme pour tout le poids qui tirait mes épaules. c'était la fin, je le sentais. elle n'avait jamais été aussi proche. sa lumière éclairait mon tunnel, me poussait à l'emprunter vivement. la force désertait mon organisme. elle me quittait, m'allégeait d'une douleur supplémentaire.

il n'y avait plus aucun espoir, au fond du néant. malgré tout, une petite voix venait caresser mon esprit, pas celle qui n'y était pas invitée et qui le corrompait, mais une autre. plus douce, plus mielleuse. elle me promettait que si je n'irais pas bien, je pouvais aller mieux.

non.

c'était de la torture. une torture cruelle que le Ciel m'imposait parce que je m'apprêtais à Le trahir en commettant un péché qu'Il condamnait. je n'arrivais pas à faire le choix, à trancher.

le temps m'étiolait.

les relations humaines.

l'épée de damoclès que l'amour représentait.

les passions limitées.

les pensées intrusives.

la drogue et son addiction malsaine.

la fin prématurée de mon existence.

la dépression.

celle qui n'avait pas de saisons, pas de forme, pas de raisons. celle qui planait autour des esprits épuisés, qui les assommait du coup de grâce. celle qui détruisait les parcelles encore saines d'un corps entravé par le poison.

la dépression tuait petit à petit. les médicaments l'affermissaient, mais il n'y avait que nous qui pouvions la guérir. la soigner. et elle en laissait des traces indélébiles même si elle s'effaçait doucement.

imprévisible. rien ne présageait quand elle arrivait pour la première fois, et si la dernière était réellement la dernière fois.

au bout du tunnel, une minute vibrante.

au bout du tunnel, quelqu'un qui ne partirait pas.

au bout du tunnel, la preuve que je pouvais rêver aussi.

au bout du tunnel, une passion contrôlée.

au bout du tunnel, des pensées claires.

au bout du tunnel, une drogue saine.

au bout du tunnel, ma tragédie.

- irene, tu vas bien ?

il referma le carnet, la mine soucieuse.

- je vais mieux.

tragedy Où les histoires vivent. Découvrez maintenant