t r a g e d y
les relations humaines me faisaient peur. je ne savais pas vraiment pourquoi.
ça, c'était ce que je préférais m'avouer. sauf que la réalité était toute autre.
je ne voyais plus les gens. pas dans un sens propre, je n'étais pas aveugle. mais je n'arrivais plus à leur donner une personnalité, un nom, un sentiment, ou un lien, auxquels je pouvais m'accrocher pour voir leur identité. pour m'y adapter. je les confondais tous, ces clones qui défilaient sous mes yeux sans que je ne les aperçoive réellement.
certains passaient entre les mailles du filet, mais ils se faisaient de plus en plus rares ; je les considérais, comme des êtres à part entière. ils représentaient un morceau de paix dans le chaos complet. un parapluie au milieu d'une tempête dévastatrice. des rires dans le drame. une fleur qui poussait dans un champ ruiné.
je les avais adorés. je les avais chéris. je les avais admirés.
puis, doucement, lentement, ils étaient partis. j'ouvrais les yeux pour les voir tomber un à un, comme les pions d'une partie d'échecs. après un dernier sourire, ils s'évaporaient en me laissant dans une double tourmente. celle que je combattais chaque jour un peu plus, et celle qu'ils avaient construite en me couvrant de leur présence.
ils me fuyaient, moi et le fardeau qui alourdissait chacune de mes avancées. ils avaient essayé, ils avaient lutté, sauf que je les ralentissais dans leur propre course. le poids était trop lourd, leur promesse d'être là s'effaçait tandis qu'ils évoluaient, loin de ma sphère de souffrance.
alors, j'avais fermé les yeux. et je ne les rouvrais plus. pour ne pas les voir, pour ne plus m'imposer l'énième déception du départ, de l'éloignement, de la lente séparation. par peur de devoir remettre le compteur à zéro.
j'avais peur des gens, peur qu'ils me touchent, et que je doive m'en remettre à leur affection.
parce que les gens étaient eux aussi une tragédie.
⟡
- irene, pourquoi tu ne me parles pas ?
ses doigts caressèrent mes lèvres, qui s'ouvrirent à son contact.
- parce que tu me fais peur.
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tragedy
Cerita Pendek❝𝐭𝐫𝐚𝐠𝐞́𝐝𝐢𝐞❞ tragédie. tragédie. tragédie. irene était une dramaturge, et sa vie, une tragédie. tragédie. tragédie. tragédie. les gens autour d'elle ne la résumait qu'à ça, sa tragédie. tragédie. tragédie. tragédie. ce mot avait remplacé les...